Par Marc Aiglefin

Définitivement discrédité, moqué de sa population et empêtré dans des couacs à répétition, le maire de Lyon a présenté sa démission au préfet du Rhône. Le dernier épisode de la série beauf #Lyon écolo ?

Les images de centaines de jeunes faisant la fête sauvage mardi soir sur le quai Saint Antoine ont fait le tour de France des chaînes d’info continue. Elles font suite à celles du maire de Lyon manifestant dimanche au milieu d’écologistes non masqués et ne respectant pas les gestes barrières. Un défaut d’exemplarité qui a suscité un tollé général.

Le mauvais exemple donné par le maire de Lyon alors que la pandémie fait rage lui aura été fatal. Car après les élus de l’opposition et les réseaux sociaux, lundi matin, ce sont les représentants des organisations socio-professionnelles et des associations de commerçants qui sont rentrés dans la danse. Et les premiers à réagir sont bien entendu les restaurateurs et les chefs cuisiniers qui, avec les patrons de boites de nuit, paient le plus lourd tribut à la crise sanitaire.

Alors que leurs cafés et restaurants sont fermés depuis 5 mois, ils ne pouvaient rester sans réaction à la présence, au milieu des manifestants du …. Grégory (Doucet) et de ses adjoints verts. Pour Christophe Marguin, patron des cuisiniers lyonnais, « c’est la preuve qu’il ne soutient pas les petits commerçants et qu’il n’est pas à sa place ». « Normalement, il devrait être à nos côtés plutôt que participer à des manifestations quelles qu’elles soient ! » déplore le président des Toques Blanches Lyonnaises.

« Il faut de la cohérence ! »

Même son de cloche pour le Mouvement Carré Nord Presqu’île. « Il est vrai qu’il est paradoxal d’accepter la fermeture des commerces tout en s’autorisant à participer à des grosses manifs comme celles-ci dont on peut considérer qu’elles font circuler le virus. Cela est contestable sur le principe car incohérent : On interdit aux gens de se réunir à plus de 6 à l’extérieur, on ferme les commerces mais on permet les manifs qui créent des rassemblements massifs » souligne Fanny Haemmerlin, co-présidente du MCNP et par ailleurs patronne de la boutique Au Bonhomme de bois.

« Le maire manifeste, les jeunes font la fête, ils ont perdu la tête… » ont commenté les Lyonnais sur les réseaux sociaux. Le défaut d’exemplarité du maire de Lyon a été jugé incompatible avec sa fonction par le Préfet. Au sommet de l’État, comme dans les autres institutions politiques et économiques régionales, tout le monde est à bout. Même le Premier Ministre Jean Castex était venu lui demander de se calmer le 16 janvier dernier. Mais rien n’y a fait !

Au rythme d’une bévue par jour, on se doutait qu’il n’irait pas au bout de son mandat. Mais la sanction populaire est tombée plus vite que prévu.

Et contrairement aux idées reçues, le premier à se réjouir de ce départ précipité n’est pas Gérard Collomb – « je suis triste pour ma ville mais pas surpris » – nous a déclaré officiellement l’ancien professeur de lettres reconverti en précepteur pour ses filles. Avant de pouffer de rire dès que nous avons eu le dos tourné, dans une attitude fort peu fraternelle…

Non, le plus heureux n’est autre que… Bruno Bernard. En apprenant la nouvelle, l’austère président écologiste de la Métropole a sablé une bouteille de mousseux bio et partagé avec son cabinet un sachet de raisins secs et deux paquets de cacahouètes grillées – sans sel ajouté – issues du commerce équitable. La fête a duré jusqu’au bout de l’après-midi !

Ce n’était plus un secret pour personne dans le microcosme lyonnais : entre le président de la Métropole et le maire de Lyon, la guerre froide a rapidement succédé aux effusions de la victoire.

Issu d’une famille de la petite bourgeoisie oullinoise et fils d’un apparatchik du parti socialiste intime de François Mitterrand, le président millionnaire de la Métropole n’a jamais supporté le côté cheap de son allié gauchiste débarqué de la banlieue parisienne il y a 10 ans. Bruno Bernard bénéficie d’une expérience d’élu local et n’est pas un novice en politique : il avance sournoisement ses pions et ne goûte guère aux polémiques à répétition que collectionne son ex-ami gaffeur.

Chaque nouvelle affaire Grégory a été vécue dans la douleur, rue du Lac. De la patrouille de France au vœu des échevins, en passant par le Tour de France et les photos de ses élus en sandalettes le jour de leur investiture… le ridicule a fini par l’emporter sur le dogmatisme pratiqué en sourdine à la Métropole. « Ses couacs à répétition mettent à mal la stratégie de dédiabolisation de l’exécutif vert » commente le politologue de France 3 Daniel Navré, dont on a toujours l’impression qu’il vient de perdre père et mère.

Et l’écolo bashing généralisé qui en a résulté a passablement énervé Bruno Bernard. La tension entre les deux hommes a atteint son paroxysme quand le …. Grégory a dégainé son menu sans viande à la cantine, une info révélée par Lyon People. Elle n’est jamais redescendue depuis. Sa participation à la marche pour le climat, dimanche dernier, alors que les rassemblements de plus de 6 personnes sont interdits a été la goutte qui a fait déborder la vase verte.

A l’issue de la manifestation à laquelle il n’a pas participé, Bruno Bernard a montré les crocs… et convoqué son allié sur le pré de Champvert. Le duel a été saignant. « Une boucherie ! » ont raconté les témoins de cette scène de série B enregistrée sous le numéro L214.

Isolé dans son propre camp et lâché par son allié, le maire de Lyon a préféré jeter l’éponge (végétale, bien sûr). « Il ne se sentait pas capable non plus d’affronter le 3ème confinement décrété par Emmanuel Macron » assure un membre de son cabinet, déplorant en off son inaction depuis le début de la crise sanitaire. « C’est surréaliste de constater que les principales actions de solidarité envers les seniors et les étudiants ont été organisées par les deux mairies d’arrondissement conservées par la droite, Pierre Oliver dans le 2ème et Pascal Blache dans le 6ème ».

Débutée en juillet dernier suite à un hold-up électoral, l’affaire Grégory n’aura pas passé l’hiver. Il a présenté mardi soir sa démission au préfet du Rhône qui en a pris acte, secrètement soulagé. C’est la première adjointe Audrey Henocque (ci-dessus sur le plateau de France 3 avec le journaliste atterré Paul Satis) très proche de son « Greg », qui assurera l’intérim jusqu’à la convocation d’un conseil municipal extraordinaire. Elle a l’avantage de présenter un visage avenant de l’écologie, mais derrière son sourire enjôleur et sa blondeur platinium, se cachent un dogmatisme intégral et une volonté d’acier… qui lui valent le surnom de « Dame de fer » à l’hôtel de ville.

Une détermination qui, si elle s’accompagne d’un talent de persuasion auprès des élus verts et d’extrême gauche au conseil municipal (Nathalie Perrin-Gibert est en embuscade), devrait lui permettre de devenir la première femme maire de Lyon. Quant à Grégory Doucet, il a été aperçu hier soir avec son sac à dos à un comptoir de maraude de l’Armée du Salut dégustant une soupe de poisson… d’avril, bien sûr !