Lyon. Pourquoi la mairie écologiste laisse-t-elle les tags défigurer le paysage urbain ?

11 avril, 2023 | POLITIQUE | 7 commentaires

Édouard Hoffmann, citoyen engagé pour son quartier, a lancé le 12 février une pétition pour dénoncer les nombreux tags présents sur les bâtiments publics et privés, particulièrement dans le 1er arrondissement lyonnais. Un épisode de vandalisme de la série #Lyon écolo.

74% des habitants de la Presqu’île et de la Croix-Rousse pensent que la qualité de vie se détériore à Lyon, selon plusieurs sondages oubliés depuis le début de l’année. Si l’augmentation des embouteillages et les entraves délibérées à la circulation en sont les principaux facteurs, nul ne peut ignorer la détérioration du paysage urbain, du fait de la multiplication des marquages au sol, des potelets en plastique… et des tags.

102, Montée de la Grande Côte

Omniprésents sur les portes et les vitrines, les tags se répandent dans l’agglomération depuis trois ans de façon incontrôlable. Edouard Hoffmann, 45 ans, souhaite y mettre un terme. Depuis deux ans et demi, ce dernier s’est installé dans le 1er arrondissement. « Je m’investis beaucoup dans les conseils de quartier », indique-t-il. Sa démarche est parallèle au mouvement informel initié par l’hashtag #saccageLyon.

Vandalisme systémique

Montée du Perron

A travers sa pétition, Édouard Hoffmann demande l’enlèvement systématique et rapide dans le secteur UNESCO de tous les tags, la création d’une brigade de proximité efficace pour assurer la sécurité du centre de Lyon et la mise en place de campagnes publicitaires sur le civisme. « Ce qui m’intéresse, c’est de proposer des solutions pour améliorer le cadre de vie », explique-t-il.

> Lire aussi : Pour les habitants des quais de Saône, le pire est à venir

Sa pétition est cosignée par l’association « La Vitrine des Pentes », réunissant 140 commerçants des pentes de la Croix-Rousse mais aussi par plusieurs conseils de quartiers : Lyon 5 (Quartier des Anciens), Lyon 1 (Ouest des Pentes et Bas des Pentes), Lyon 2 (Bellecour-Cordeliers). « J’attends encore Bellecour-Carnot et je suis en pour-parler avec Confluence-Perrache », ajoute Edouard Hoffmann.

20, rue Neyret

Depuis plus de deux ans, cet historien de l’art se bat pour demander une action de la part de la mairie du 1er arrondissement et de la métropole de Lyon à travers différents courriers. « Les tags dans la rue deviennent de plus en plus nombreux, les dégradations se sont amplifiées », s’indigne-t-il.

Son combat contre les tags injurieux et publicitaires

A plusieurs reprises, Édouard Hoffmann a écrit à la mairie du 1er arrondissement pour dénoncer les tags injurieux qui ne cessent de fleurir sur les murs de son quartier : l’abréviation « ACAB » (« All Corps are Bastards » = « tous les flics sont des salauds ») et le cryptogramme « 1312 » possédant la même signification, le « A » de Anarchie, le sablier, symbole du mouvement de désobéissance civile Extinction Rébellion.

Église Saint-Pierre-des-Terreaux de Lyon, rue Paul-Chenavard. Le « A » de Anarchie encore bien visible sur la porte.

Ces tags – dont les auteurs ignorent la notion de patrimoine – apparaissent sur des bâtiments privés comme publics, notamment sur la place des Terreaux, sur le musée des Beaux-Arts, sur le palais Saint-Pierre classé Monument historique, sur le bâtiment art déco de la salle Rameau. « C’est de pire en pire », explique l’habitant du 1er arrondissement.

Tag de Osh, rue des Tables-Claudiennes.

L’an dernier, ce dernier s’était déjà révolté contre le street-artist Osh qui avait multiplié les « traces marketing » sur les murs du 1er arrondissement. « Tous les tags convergés vers son exposition dans un bar de la Croix-Rousse qui a eu lieu le 10 juin 2022. Je l’ai signalé à la ville mais les élus n’ont pas porté plainte. C’est un tag marketing, pour faire sa propre promotion, pourquoi doit-on supporter cela ? ».

De nombreux mails restés sans réponses

Édouard Hoffmann a écrit de nombreux courriers et plusieurs lettres ouvertes aux élus, en vain. « Ce ne sont que de fausses réponses, il n’y a rien qui se passe, ils n’ont aucune volonté pour améliorer le cadre de vie des habitants ». En mai et juin 2022, le citoyen engagé pour son quartier avait contacté à trois reprises Yasmine Bouagga, maire du 1er arrondissement, pour l’inviter à porter plainte contre Osh (ci-contre). Ses mails sont restés sans réponses.

Cette année, Édouard Hoffmann a relancé la mairie du 1er arrondissement pour lui demander de porter plainte contre les nombreux tags injurieux présents sur plusieurs bâtiments historiques du quartier. C’est Nicolas Barnier, directeur de cabinet, qui lui a répondu : « La Mairie du 1er arrondissement porte systématique plainte lorsque cela est possible. La Ville de Lyon consacre plusieurs millions d’euros chaque année pour faire nettoyer les tags ».

sa pétition est affichée sur la vitrine de la brocante Espace 20e, rue Sergent Blandan

Depuis, ce féru d’histoire de l’art tente de connaitre le coût exact du nettoyage des tags à la charge de la ville. Selon lui, cet argent devrait être investi dans la création d’une brigade de proximité. « Cela permettrait d’engager 30 personnes payées convenablement qui tourneraient en permanence en Presqu’île pour faire de la prévention et de la sécurisation. C’est quand même plus intelligent que de payer deux millions d’euros de « détaguage », mal fait en plus ».

Tag « on décapite » place Meissonier

Récemment, Denis Gaydier, professeur d’arts plastiques lyonnais, a également adressé un courrier à plusieurs élus de la mairie du 1er arrondissement pour dénoncer « un fléau pour notre patrimoine » et regrette qu’aucune mesure n’ait été prise « pour endiguer le phénomène ».

En décembre, Edouard Hoffmann avait déjà envoyé une lettre à la mairie de Lyon et aux élus pour protéger les arbres quais de Saône qui se faisaient dévorer par les castors et avait obtenu gain de cause.

Aujourd’hui, sa pétition « Propreté et sécurité pour Lyon, un cadre de vie digne et apaisé », adressée à Grégory Doucet, a déjà rassemblé plus de 1000 signatures. Pour Edouard Hoffmann, « l’idée, c’est de fédérer tout le monde ». Il espère bien faire entendre sa voix pour mettre fin à cette pollution visuelle grandissante.

> Lien pétition : https://chng.it/HN8rMtGKXZ

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

7 Commentaires

  1. Pol

    Vous avez des metros de retard à Lyon People .On ne dit plus Tag mais Street art encouragés par Jacques Lang quand il était ministre de la culture .
    C’est de l’art comme l’est le mur des Lyonnais.
    Certaines œuvres d’artistes connus augmentent considerablelent la valeur de l’immeuble.

    Réponse
    • ttat

      Banski c’est du street art et cela n’envahit pas toutes les rues. les grafitis usuels ne sont pas de l’art c’est de la délinquance et de la pollution, en aucune facon cela n’augmente la valeur d’un immeuble, c’est tout le contraire.
      toutes ces signatures dites « Tags » sont autant de marques de passage dans un langage que seuls les intéressés comprennent, c’est de la vandalisation et du marquage de territoire. en fait, un nivellement par le bas, car celui qui fait des tags n’est autre qu’un délinquant et qui plus est un lâche.

      Réponse
  2. Zygomar

    l’attitude de la mairie s’apparente à de la complicité….

    Réponse
  3. Pol

    Qu’Édouard se rassure le ridicule ne tue plus .
    Qu’il sorte de temps et temps de son quartier et il verra que le street art est partout.
    Moi je souhaite que l’on recouvre le mur des lyonnais qui amène à Lyon dès milliers de touristes qui polluent plus la ville que les œuvres de ce nouvel art .
    A une autre époque Édouard aurait fait une pétition contre Picasso !
    Enfin il doit être content il a sa photo dans la bible des peuples de Lyon !!

    Réponse
  4. Vv

    Pourquoi la Mairie ne fait-elle rien ? La réponse est très simple, il suffit d’aller voir la stratégie qui a été engagé à Grenoble et qui est exactement celle qui sera appliquée à Lyon. Laisser le cadre de vie se dégrader au maximum, afin que les gens qui ne supportent plus la vision d’une ville dégradée, s’en aille et soit ainsi remplacée par une population électoralisée et adepte des pratiques de la secte écologique.
    Le processus est lancé et les conséquences seront à terme catastrophiques pour Lyon.

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  5. Pedro

    Erreur, la mairie fait quelque chose… mais uniquement pour la mairie ! Ainsi à la Croix-Rousse lorsque vous appelez les services pour nettoyer les tags des manifestations, ils vous répondent qu’ils viennent avec des délais de 2 à 5 jours. La mairie du 4ème a été repeinte dans la journée même où les tags sont apparus… Le célèbre maire du 4ème, M Zinck, adepte des tags, ne l’est visiblement pas pour ses propres murs.

    Réponse
  6. ttat

    Banski c’est du street art et cela n’envahit pas toutes les rues. les grafitis usuels ne sont pas de l’art c’est de la délinquance et de la pollution, en aucune facon cela n’augmente la valeur d’un immeuble, c’est tout le contraire.
    toutes ces signatures dites « Tags » sont autant de marques de passage dans un langage que seuls les intéressés comprennent, c’est de la vandalisation et du marquage de territoire. en fait, un nivellement par le bas, car celui qui fait des tags n’est autre qu’un délinquant et qui plus est un lâche.

    Réponse

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