Lyon. Guille douce, la Guillotière de mon enfance

24 novembre, 2021 | JUSTIN CALIXTE | 8 commentaires

La tribune libre de Justin Calixte. En paraphrasant Enrico Macias, je pourrais chanter : « Ah ! Qu’elle était jolie la Guille quand j’étais p’tit »… La Guille ! C’est ainsi que l’on appelait la Guillotière, quartier éminemment populaire qui pratiquait la mixité sans le savoir. « Français de souche », italiens, espagnols et arabes vivaient plutôt harmonieusement.

Si la bourgeoisie était installée principalement à proximité du quai Claude Bernard ou dans les beaux immeubles de l’avenue Jean-Jaurès, il était courant qu’elle cohabite avec le reste de la population. Dans les années 50/60, on trouvait dans le même immeuble des familles de commerçants, de fonctionnaires, d’ouvriers, de cadres moyens, d’artisans et même de chefs d’entreprise…

Les riverains de la place du Pond subissent chaque jour ce sordide spectacle – Photo La Guillotière en colère

Les enfants jouaient ensemble sur les paliers de la montée d’escalier et se retrouvaient chez l’un ou chez l’autre pour faire leurs devoirs. On allait voir la télé chez le voisin qui en possédait déjà une. Les familles monoparentales n’existaient pratiquement pas. Les seules étaient la conséquence des décès de la guerre. Le divorce était plus que rare. Les riches n’étaient pas très riches et les pauvres tellement nombreux que l’on n’en avait pas conscience.

Les commerces de proximité abondaient. À titre d’exemple, la petite place Jules Guesde regroupait une pharmacie, une boulangerie-pâtisserie, un photographe, une quincaillerie, un fleuriste, un poissonnier, un tripier, un boucher, un charcutier, deux épiciers. Excusez du peu. Il n’y avait qu’un seul petit café.

Depuis les années 2000, le quartier c’est boboïsé, le commerce de proximité a été remplacé par des bistrots ou restos branchouilles. Aujourd’hui, on peut dire : « Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es », À l’époque, ce n’était pas le cas.

Aujourd’hui, la Guillotière s’est non seulement boboïsée mais aussi ghettoïsée et certains coins n’ont plus rien à envier aux quartiers dits sensibles de la périphérie lyonnaise.

Abandonné par la mairie écologiste, le quartier est devenu une zone de non droit. Les riverains et commerçants déplorent l’absence en continu des policiers municipaux et nationaux – Photo Préfecture du Rhône

La place du Pont, mais pas que, étant le plus abominable exemple. Cette place du Pont, devenue place Gabriel Péri, cette place où trônait le Prisunic et où une flopée de camelots persuasifs me fascinaient, je l’ai bien connue puisque j’ai habité ce quartier de 1950 à 1966.

J’ai traversé ce lieu des milliers de fois pour me rendre à l’annexe Saxe du lycée Ampère ou chez les louveteaux de la paroisse Saint Louis ou encore en fréquentant les cinémas comme le Cinémonde ou le Gloria quand je délaissais l’impressionnante salle du Comoedia.

De 1969 à 1973, mes bureaux étant situés rue Auguste Lacroix derrière l’ex-Eldorado, je me garais rue Paul Bert tous les jours. Je n’ai jamais éprouvé la moindre peur, excepté peut-être au début des années 60 quand les luttes de pouvoir entre le FLN et le MNA engendraient des fusillades qui obligeaient les commissariats à se protéger derrière des sacs de sable.

Le quartier et son marché clandestin sont devenus une déchetterie à ciel ouvert – Photo Fred Poirieux

Aujourd’hui, j’hésite à deux fois avant d’emprunter le cours de la Liberté ou la rue de Marseille et je ne me risquerais plus rue Moncey ou rue Paul Bert. Pour tout dire, mon ex-quartier m’est devenu étranger. Étranger ! C’est le mot.

Et je crains que les calamiteuses élections municipales de 2020 où les abstentionnistes irresponsables ont propulsé à la tête de la métropole et de la ville une cohorte d’idéologues mal élus (l’ultra gauche verte fait comme si elle n’était pas ultra minoritaire à Lyon) ne permettent avant longtemps de retrouver ma Guille d’antan.

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

8 Commentaires

  1. Saroli

    A Justin Calixte nous avons vécu les mêmes émotions à la guille! j’étais le petit fils du photographe au 97 grande rue de la guillotière à côté de la marchande de boissons et je m’amusais avec l’escalator du prisunic de la place du pont ; les livraisons se faisaient encore en voiture à cheval et l’on récupérait le crottin pour fortifier les géraniums.
    Cordialement

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  2. FROUSSEAU

    La guetthoisation et la deliquescence ne sont les résultats que du trop long REGNE de Gérard COLLOMB l’ami de Lyon People !!!
    Et évidemment l’arrivée des Verts à la Mairie, autre grande réussite de votre GEGE, ne va pas arranger la situation…..

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  3. Bl

    Ah oui.. la place jules Guesde … Et la quincaillerie de mon grand père…
    Merci de vous en être rappelé dans votre liste des petits commerces…

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    • Anonyme

      La famille Danjou que j ai bien connue…c est super de redonner vie à tous nos souvenirs d enfance J ai adoré ma place !…

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  4. NP

    Cela fait bien longtemps que ce quartier se dégrade. Dans les années 90 il n’avait déjà pas bonne réputation, même si, à l’aulne de la situation actuelle, on le trouverait aujourd’hui paradisiaque et bien sage.
    La situation s’est effectivement dramatiquement dégradée, et se dégrade encore plus de jour en jour.

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    • Anonyme

      Moi j’ai bien connu le quartier je vais traîner au prisunic étant habitant des États-Unis (8eme) avec les potes en 103 Peugeot on venait souvent c’était pour nous une aventure……un vrai voyage
      Et je ne me suis jamais rien fait voler
      Maintenant je passe en tramway et la vue du spectacle me fait pleurer

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  5. Escoffier

    Merci pour ces souvenirs qui sont également les miens, ceux de la place St Louis, de l’église autour de laquelle se deployaient de nombreux commerces, cafés et le marché qui résiste. Les cinémas c.’étaient l’ Eldorado, le Comédia, le Cinémonde (là où se trouve le Casino qui doit fermer à 17 heures) et le petit Élysée avec ses westerns. Prisunuc le grand magasin de la Place Dupont et ses vendeuses vedettes, la friterie Marti et finalement un quartier très cosmopolite où il faisait bon vivre, les souhaits des habitants en matière de logement et de loisirs, par exemple, étaient très modestes et où une soirée d’été avec les chaises descendues devant les allées pour tailler une bavette entre voisins suffisaient pour être heureux.

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  6. Dino

    J’habites a Lyon depuis une dizaine d’années et honnêtement je ne vois aucune différence entre la place Gabriel Péri sous Colomb et aujourd’hui sous les écolos … Suis-je le seul ?
    L’article laisse entendre que c’est le bordel depuis les écolos… Soit la personne ayant écrit l’article ne passe que depuis quelques temps dans ce quartier. Soit son article manque cruellement d’objectivité. Peut ton parler réellement d’informations ici ?? Il est bizarre ce journal

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