Texte : Morgan Couturier – Privé de 300 000€ de subventions en deux ans par la Ville de Lyon, l’association LOU Rugby peine à comprendre le tacle de Grégory Doucet et ses équipes. Si aucun motif ne lui a été avancé, l’association doit tenter de survivre avec un budget restreint. Ou par une augmentation des cotisations…

Il n’est que très rarement titulaire, dans les tribunes du stade de Gerland. Pour autant, depuis son bureau, Grégory Doucet, comme ses adjoints, semble maîtriser à la perfection l’art du plaquage. Quitte à faire tomber les colosses du LOU Rugby. De l’association LOU Rugby en l’occurrence, alors que celle-ci se voit pénalisée depuis deux ans, par celui qui occupe également le rôle d’arbitre des finances de la ville.

Car si le monde de l’Ovalie impose à ses sujets et au plaqueur de lâcher le plaqué, l’édile de Lyon n’est manifestement pas de cet avis, en témoigne la baisse régulière des subventions accordées à l’association. Un soutien financier réduit de 300 000€ depuis 2 ans (de 570 000€ à 270 000€ cette année, ndlr), et l’arrivée de la majorité écologiste à la tête de l’exécutif. Depuis leur prise de pouvoir, celle-ci n’a jamais caché sa volonté de fermer les vannes à destination du club lyonnais, reprochant à celui-ci d’avoir trop souvent bénéficié de passe-droits de la part de la part de Gérard Collomb.

« Le LOU bénéficiait d’un ratio de subvention par adhérent totalement disproportionné », avait affirmé, l’adjoint au maire, Laurent Bosetti. Un an plus tard, jour pour jour, Julie Nublat en rajoutait une couche. « La subvention versée à l’association LOU Rugby, adossée à un club professionnel, était la plus élevée. On a voulu opérer à un rééquilibrage, qui profite au sport amateur ; à d’autres associations et à d’autres associations qui font le dynamisme de la ville », s’est défendue l’adjointe aux Sports.

« L’impression d’être des mauvais élèves »

Et si l’an passé, l’association assurait ne pas avoir eu d’explication à cette décision « brutale », l’élue écologiste avoir reçu « le club pour rééquilibrer les subventions. On a échangé pas plus tard que la semaine dernière », a-t-elle soutenu ce jeudi 19 janvier 2023, à l’occasion du conseil municipal. « Il n’y a pas d’argumentation. À la rigueur, ça aurait pu se travailler sur le long terme. Mais là, on subit, on est dans l’incompréhension. On n’avait pas l’impression d’être des mauvais élèves. Mais il faut dissocier les pros de l’association. Par ces décisions, on va être obligé de rogner de partout », glissait-on pourtant du côté de l’institution rugbystique.

De quoi inciter l’opposition, via Pierre Oliver, à questionner la majorité sur « l’impact sur le prix des licences », d’une telle coupe budgétaire, d’autant l’association s’est déjà résolue à augmenter leur prix de 15% pour l’école de rugby, de 20% pour le baby rugby et de 37% pour le rugby loisir, selon les chiffres publiés par le Progrès. Une hausse difficile à assumer par certains parents, déjà confrontés à la problématique des prostituées stationnées derrière les terrains d’entrainement, mais aussi pour le club, victime comme beaucoup, de la hausse des coûts de l’énergie.

Qu’à cela ne tienne, l’exécutif écologiste se veut intraitable. Pire, l’explication formulée par Julie Nublat fut difficile à comprendre. « Si c’est un problème de licence, notre subvention on l’accorde directement sur les licences. Je préfère que l’on me donne le prix de ces licences, comme ça on sait très bien combien elles coûtent et on subventionne ces licences via le club », s’exprima-t-elle, dans des propos incohérents avec cette nouvelle coupe budgétaire.

Tant pis si cette dernière utilisa une subtile référence à Tim Burton pour expliquer que « Laurent (Wauquiez) aux mains d’argent » en faisait de même de son côté, les conséquences ne sont aussi fantastiques que le scénario du réalisateur américain. « On ne peut pas faire différemment. On ne peut pas être en déficit », explique-t-on en interne du côté du LOU. Quid des actions citoyennes engagées par le club ? Au fil de sa stratégie LOU Attitude, l’association et ses 1100 adhérents sont en effet, engagés dans divers combats sur des terrains multiples et variés. À commencer par… l’écologie et le mouvement LOU Green, basé sur une démarche éco-responsable.

Gérer avec moins de budget, l’engouement post-mondial 2023

Surtout, l’association s’attache à valoriser tous les clubs de la région et à les accompagner dans leur développement, à réathlétiser via ses structures, tous les enfants malades du centre Léon Bérard ou encore à pousser ses jeunes à mener au moins une action citoyenne. « Forcément, ça nous fait mal d’être traités comme ça », conclut-on au sein de l’association. Laquelle va devoir se relever de cette défaite pour rebondir. Avec la perspective du Mondial 2023 organisé en France, ce pourrait être une ribambelle de jeunes louveteaux qui pourraient s’engager au sein du club lyonnais. Des futurs champions à façonner… avec un budget très serré !

Comble de l’ironie, ce délestage intervient alors que la Métropole de Lyon a décidé de décréter 2023 année du rugby à Lyon, avec en point d’orgue ce mardi 14 mars, l’inauguration du tramway spécial Coupe du Monde de Rugby (pas très original puisque Montpellier l’a déjà fait avant nous) et la présentation des animations sur le territoire. Encore un fâcheux télescopage !