Manifestation des indépendants à Lyon. 3ème vague de colère, place Bellecour

17 novembre, 2020 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

Par Marco Polisson

Plus de 2000 commerçants, restaurateurs, patrons de salles de sport, de clubs et indépendants ont crié leur colère, de la place Bellecour jusqu’à la Préfecture du Rhône. Objectif : la réouverture des commerces « non essentiels ».

Le mouvement de protestation initié il y a trois semaines prend de l’ampleur et se structure autour d’Anne Delaigle, Carole Chateau et Jean-Sébastien Vieilleux (Fédération Nationale de l’Habillement), épaulés à l’organisation par Elie Cunat et Alexandre Jeannerod (Euro Sono). La CPME de François Turcas et l’UPSE ont rejoint les institutions déjà présentes sur le second acte (Toques Blanches Lyonnaises, UMIH, Mode Habillement Rhône-Alpes). Alain Audouard, président de la Chambre de Métiers était également présent.

Seul absent de marque, le MEDEF Lyon Rhône. Laurent Fiard s’en explique sur notre antenne.

Derrière un immense SOS cousu sur un immense linceul blanc par les couturières de Ralph Crolla (Jumfil), la créatrice Anne Delaigle a pris la parole pour rappeler les principales revendications des commerçants « non essentiels » à savoir le droit au chômage partiel pour les indépendants, le paiement des loyers des commerces fermés, et la prise en charge des pertes d’exploitation par les assureurs. Avec pour objectif premier : la réouverture de tous les commerces au plus tard le 27 novembre.

« Nous atteignons le point de rupture à titre personnel et pour nos entreprises. Nous nous sentons délaissés et trahis ! » Anne Delaigle

Dans la foule qui a pris le chemin de la préfecture, des personnalités du commerce local et des indépendants aux profils très divers, mais totalement impactés par les mesures de fermeture et de confinement. Ainsi, on pouvait croiser au coude à coude le fabricant de sirops et liqueurs pour CHR Joël Chalvet (Eyguebelle), le chroniqueur Laurent Argelier, privé d’interviews sans filtre, et Alexander Knoll, dont les 60 agents de sécurité habituellement affectés au gardiennage des boites de nuit sont au chômage partiel depuis mars.

Non loin de lui, Virginie Decia-Mathiolon, dont l’entreprise évènementielle Prisme International est quasi à l’arrêt depuis 8 mois. Tout comme Bertrand Dalle, le patron des clubs Barrio et du Voyou (Brotteaux) qui a intégralement consommé ses deux PGE : « J’ai 46 ans et je me retrouve comme à 25 ans : il va falloir tout redémarrer de zéro ! » La situation étant totalement figée, les patrons de discothèque n’ont aucune perspective à court et moyen terme (lire à ce sujet l’interview de Thierry Fontaine). Au mieux, ils imaginent remettre le son l’été prochain. « Pas avant septembre ! » pronostique Alexandrer, dépité.

Au menu des conversations, une question angoissante et lancinante : comment tenir sans revenus encore plusieurs mois ?

Et ce ne sont pas les rumeurs qui passent en boucle sur les chaines d’info qui vont rassurer Didier Dantzikian (Red Dog Café) et les chefs TBL Frédéric Berthod (33 Cité) et Laurent Bouvier (La Caborne) : la perspective der devoir attendre fin janvier, voire février pour la réouverture des bars et des restaurants est totalement démoralisante et anxiogène. « Vous comptez les morts du covid19, vous pourrez y rajouter les suicides qui vont frapper notre profession » a tonné au micro Laurent Duc, président de l’UMIH69. Le non-remboursement des PGE est désormais dans toutes les têtes.

Arrivés sur le quai Augagneur, les manifestants n’ont pu accéder aux grilles de la préfecture entourée par un cordon de CRS… Une mesure vexatoire bien inutile au vu du profil des manifestants. Il est également triste de constater qu’aucun entretien avec les représentants de l’interprofession ne figurait ce lundi après-midi à l’agenda du préfet Pascal Mailhos. Pour que les apparences restent sauves, une délégation a néanmoins été reçue par le sous-préfet Clément Vives. Promesse a été faite que leurs revendications seraient transmises à Paris…

Pour le prochain acte, il faut poursuivre la montée en puissance afin de fédérer encore plus de Lyonnais. Les organisateurs réfléchissent à affréter un camion sono qui serait placé au milieu du cortège avec DJ Buddha et Philippe Jacquet aux platines. L’objectif est de faire du bruit tout au long du parcours afin de faire sortir les Lyonnais à leurs fenêtres et d’associer ainsi le grand public au mouvement de protestation… Seul incident à déplorer, le « viol » du Père Noël sur son cercueil….

Le film de la manifestation est à retrouver sur notre page Facebook.

Lyon, lundi 16 novembre 2020

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/morgan" target="_self">Morgan Couturier</a>

Morgan Couturier

Le journaliste de Lyon People, c’est bien lui ! En quête de scoops, toute info est la bienvenue !

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