Texte : Morgan Couturier – Sujette à bien des crispations, l’entrée dans la Zone à Trafic Limité (ZTL) nécessite des autorisations parfois complexes à obtenir. Si les justificatifs à apporter peuvent parfois être intrusifs, ils seraient fatalement refusés pour certains professionnels.
L’inquiétude avait été évoquée, avant même que les bornes ne sortent de terre une à une. La Presqu’île risquait de devenir une Zone 51, où montrer patte blanche devenait indispensable pour pénétrer avec son véhicule. Mais depuis le 21 juin 2025, l’entrée en vigueur de la ZTL a manifestement confirmé ces craintes. Et fait naître bien des difficultés.
Installation de la borne de la rue Childebert
Pour les particuliers déjà, pour qui les justifications peuvent soulever quelques malaises, notamment pour expliquer la tenue d’un rendez-vous médical. « Je trouve que nos libertés sont bafouées. Un inconnu n’a pas besoin de savoir que l’on va chez le gynécologue », nous écrit une lectrice, échaudée par le procédé.
Cet « inconnu » n’est autre qu’un employé de Lyon Parc Auto, à qui a été confiée la mission de valider ou non, l’accès à la fameuse ZTL. Mais manifestement, ses salariés ont reçu quelques consignes. Et cela concerne surtout les professionnels.
« L’employé de LPA m’a dit : vous êtes sur une liste de métiers interdits»
En effet, si la ZTL imaginée par les écologistes et promue par Fabien Bagnon ouvre facilement l’accès aux services de secours, aux artisans, aux entreprises de nettoyage et autres services médicaux, la réalité est plus complexe pour quelques professionnels. Il existerait même une « liste noire », à en croire Catherine*.
En l’occurrence une vendeuse à domicile indépendante, à qui l’accès occasionnel a été refusé, en dépit d’une contraignante et énergivore demande formulée sur internet. « Je m’y étais pris un mois à l’avance. 10 jours plus tard, je reçois un refus sans justificatif. J’aime bien comprendre pourquoi quand on me dit non », explique la sexagénaire.
Alors après un échange de mails, la Lyonnaise obtient finalement une communication téléphonique. Et là surprise, la personne lui annonce clairement la raison de ce refus : « Vous faites partie d’une liste de professions qui n’ont pas le droit d’entrer. C’est comme ça ».
Catherine n’en revient pas : « On me dit oui mais vous pouvez prendre le métro ou le bus. J’ai 69 ans, je transporte jusqu’à 10 kilos de produits. Comment je prends le métro avec tout cela », explique-t-elle, alors que l’activité de VDI lui permet d’obtenir un complément de retraite.
« Je dois m’asseoir sur une démo qui m’aurait rapporté 1 000€ de chiffre d’affaires. C’est ridicule. On ne peut pas dire à des gens qu’ils ne peuvent pas travailler. Et pourtant, ils m’ont dit clairement que je faisais partie d’une liste des métiers interdits », s’insurge-t-elle.
« Si je vous laisse passer, je pourrais perdre mon job »
Mail à l’appui, Catherine en apporte la preuve. « Si vous êtes commerciale, sachez que la Métropole refuse l’accès en tant que professionnel permanent ou même occasionnel, à la zone à trafic limité pour cette activité. Vous avez la possibilité d’accéder à la zone, en voiture, uniquement le matin de 06h00 à 13h00 », lui écrit le service Relation Clients de LPA. « Mais moi, les réunions se font le soir ou le week-end », rétorque-t-elle.
Par téléphone, la justification est même plus poussée. Un jeune chargé de clientèle finit par lui dévoiler qu’une « dizaine de métiers sont sur une liste noire ». Surtout des métiers commerciaux ou de livreurs. « Il me dit : désolé, je ne peux pas valider votre dossier. Je pourrais perdre mon job si je vous laisse passer et que vous êtes contrôlée », confie la vendeuse.
Une menace pour l’emploi et un frein à l’activité, la ZTL n’a pas fini de faire causer.
*Le prénom a été modifié
Bah Catherine va découvrir qu’elle a des jambes et que des caddies existent. Olala elle va pas s’en remettre.