La tribune libre de Jean Étèvenaux, historien – Plus qu’anxieux de ce qui adviendra de lui si Jean-Michel Aulas l’écarte dans cinq mois de la mairie, le petit Grégory accélère pour laisser sa marque dans le paysage lyonnais.
Avec son compère Bruno Bernard il n’arrête pas de quadriller la ville pour qu’on ne puisse plus ni y circuler, ni y travailler, ni y faire ses courses, ni y profiter d’un bon repas. Il a même trouvé un autre moyen de changer la physionomie de l’ancienne capitale « des gueules », comme disait Paul Bocuse. Il médite d’en extraire ceux dont le souvenir ne lui convient pas en faisant disparaître leurs noms des plaques de rues.
Le « comité Théodule » de l’(éphé)maire
Lyon People avait déjà alerté sur ses projets à la fin de l’année dernière dans un article publié le 12 décembre intitulé « La statue du sergent Blandan déboulonnée et la rue Bugeaud débaptisée ? » Aujourd’hui, c’est la grosse artillerie qui s’apprête à fondre sur les Lyonnais, un peu comme l’armée de la Convention en 1793.
À cette fin, il a annoncé, lors du conseil municipal du 25 septembre, la création d’un de ces « machins » que le général de Gaulle appelait en 1963 des « comités Théodule » pour se moquer de ces organismes ne servant qu’à satisfaire les égos de quelques personnes. L’opération court depuis plusieurs mois, puisqu’il y a déjà eu des réunions les 10 juin, 8 juillet et 17 septembre.

Le paradis révisionniste des khmers verts est, bien entendu, pavé de bonnes intentions
Elle veut s’appuyer justement sur un organisme pas très bien identifié, mais qui présente l’avantage de noyer la question à traiter sous une ribambelle d’institutions et de personnes consultées dont le nombre doit impressionner. Très désireux de ne pas apparaître comme des petits comploteurs agissant dans leur coin, les écolos lyonnais dressent en quelque sorte une barrière institutionnelle qu’ils pensent inattaquable.

On refait l’histoire dans les grands salons de l’Hôtel de Ville de Lyon
Le Comité Histoire et Mémoire dans la Ville, puisque tel est son nom, comprend en théorie 48 membres se répartissant en 4 groupes : 12 institutions publiques, 6 communautés universitaires, 12 organisations qualifiées et 18 personnalités qualifiées. Les noms et qualités de chacun ont été, dans un premier temps, cachés au public, la Mairie ne répondant pas aux questions à ce sujet. Le travail doit également rester discret ; on sait pourtant qu’il y aura encore plusieurs sessions.
PC et CGT
À la tête du Comité, l’écologiste Sylvie Tomic, âgée de 48 ans et 19ème adjointe en charge des domaines suivants : accueil et hospitalité, droits et égalités, mémoire, cultes et spiritualités et, enfin, dénomination des voies publiques ; elle est donc tout à fait apte à scruter le passé et à veiller aux noms des rues.

Par ailleurs diplômée de l’Institut d’études politiques de Lyon et titulaire d’une maîtrise de sociologie de Lyon II, elle a ajouté diverses expériences, aussi bien à l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques de Villeurbanne qu’à l’Université du vin de Suze-la-Rousse ou à l’Institut national du travail de Marcy-l’Étoile.
Sans doute pour ouvrir large le parapluie, la Mairie entend réunir le plus possible de voix autorisées de l’agglomération, mais au risque de donner l’impression d’un entre-soi d’où sont exclus les simples citoyens. Ce côté élitiste surprend chez des partisans affirmés de « la démocratie participative », mais permet de contrôler l’expression.
De toute façon, il ne s’agit que d’une commission consultative
Ce qui n’est pas sans évoquer une des grandes manœuvres d’Emmanuel Macron tombée dans l’oubli après un début de mise en pratique lors du Grand Débat national qui, en 2019, suivit la crise des Gilets jaunes. À côté des établissements d’enseignement supérieur, y compris Normale Sup et la Catho, on y trouve bibliothèques, musées et archives ainsi que la Direction régionale des affaires culturelles, l’Office national des anciens combattants et le rectorat d’académie.
C’est dans les établissements et personnes qualifiés, représentant près des deux tiers de l’ensemble, qu’on découvre, à côté de participations tout à fait légitimes comme la Renaissance du Vieux Lyon et la Société d’histoire de Lyon, d’autres qui peuvent interroger.
Relevons les réseaux « Les Temps qui courent », préoccupé des liens entre la déportation des Juifs et la guerre d’Algérie, « Traces », valorisant la mémoire de l’immigration, « Memorha », concentré sur la mémoire régionale de la Seconde Guerre mondiale, et L’Épicerie séquentielle, regroupant des auteurs de BD autour du mensuel « Les Rues de Lyon » et du magazine « Rue des Gones ».

Est également représenté le master Matilda de Lyon II, spécialisé dans « la lutte contre les inégalités de genre » et très soucieux de « déconstruire […] la bi-partition entre femmes et hommes ». Mais pas de descendants des Français d’Algérie ou de chercheurs sereins sur la période…
La rue Bugeaud en première ligne
On éprouve donc la sensation d’une sorte de gloubi-boulga destiné à donner une apparence sérieuse à une démarche qui n’est qu’idéologique et destinée à satisfaire ceux qui veulent noyer sous les injures ce qui reste de la colonisation française. Sylvie Tomic ne cache pas que la première mesure à prendre concernera la rue Bugeaud.

Les visages du lobby algérien qui a mis Grégory Doucet dans sa poche
Car il lui faut satisfaire les collectifs des Algériens de France, du Moudaf — le Mouvement dynamique de la communauté algérienne établie en France, très lié à Alger —, de Devoirs de mémoire et de l’Union française des binationaux et de la diaspora algérienne, cette dernière ayant même annoncé qu’elle porterait plainte contre la Ville en cas de non-exécution ; Sylvie Tomic, l’adjointe de l’(éphé)maire de Lyon les avait d’ailleurs toutes reçues en novembre et décembre 2024.
Mais on se doute bien que, outre le sergent Blandan coupable d’être mort pendant la conquête de l’Algérie, la municipalité espère aussi envoyer dans le cimetière de l’oubli tous ceux qui ne lui plaisent pas.
Et les Lyonnais, dans tout ça ? Le petit Grégory a toujours eu une approche particulière des priorités. Les électeurs de mars 2026 ne manqueront pas de lui rappeler que leur ville ne se gouverne pas plus avec des déboulonnements de plaques qu’avec des quartiers devenus inaccessibles.
- Pour signer la pétition contre la débaptisation de la rue Bugeaud, cliquez ici : https://www.onparticipe.fr/p/TsK2vMqu
 


 
	


















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