Texte : Jean-Pierre Raynaud. Depuis qu’ils organisent des rallyes pour les voitures classiques, « Fenouil » (surnom donné sur les barricades de mai 68 à cause de ses cheveux ébouriffés) et son épouse « Puce » avaient promis à leurs amis (et clients fidèles) de se pencher sur un itinéraire Lyon-Venise. Les équipages espéraient se détendre au volant de leur sportive en bonne compagnie sans se soucier de chercher un hôtel ou un restaurant. La promesse a été tenue.

Depuis la Tunisie en 2010, le couple le plus glamour dans le milieu des organisateurs de rallyes pour voitures classiques a emmené des participants autour du bassin méditerranéen (Catalogne, Andalousie, Maroc, Toscane, Sardaigne, Grèce, Sicile). Voici dix ans, l’édition 2012 partait même en Amérique du Sud (Chili-Argentine) et traversait la cordillère des Andes. Après deux ans sans manifestations en raison de l’épidémie, l’association Sables chauds enchaine 3 rallyes en 2 mois, le Lyon-Venise succédant au 2^e « Morocco revival », une épreuve de régularité pour les nostalgiques de rallyes d’anciennes au Maroc.

« Depuis 10 ans, une clientèle éprise de « sport, luxe, tourisme et volupté » nous suit, rassurée par une assistance de 2 mécaniciens expérimentés pour réparer ou trouver des solutions de dépannage. Je préfèrerais n’avoir que des anciennes (même si elles sont sources de pannes) mais certains habitués, collectionneurs, préfèrent utiliser leur GT modernes, plus confortables Après le 45^e Parallèle (de Villard de Lans au Pyla) en 2016, je n’avais plus organisé de rallye en France », indique le baroudeur dont la vie est riche de voyages et d’aventures depuis un tour de la Méditerranée à la fin des années soixante.

« La préparation du rallye s’est arrêtée après quelques reconnaissances lorsque l’épidémie a tout stoppé. Dés que le projet a été relancé, j’ai enregistré une quarantaine d’inscriptions et même du en refuser une dizaine ». A chaque nouveau rallye dans un pays différent, le couple cherche à surprendre ses convives. « Une fois qu’on a choisi les hôtels et les restaurants, on construit les étapes. Il fallait trouver des routes sympas dans des zones très urbanisées et touristiques de l’Italie du Nord. Même si c’est relax, les étapes journalières de 300 km sont sportives. Pour en profiter du maximum et se déplacer plus rapidement, on n’hésite pas à emprunter des tronçons autoroutiers ».

« Partir en amoureux à Venise, c’est le rêve ! »

Des amateurs rhônalpins de randonnées en voitures classiques sont inscrits et rejoignent le groupe à l’hôtel de Fourvière. C’est le cas du chirurgien plasticien Franck Trepsat (Lotus Elise) ou de Pierre-Yves Deschamps, radiologue à Caluire, qui a connu l’organisateur au rallye des Pyramides 2007 lorsqu’il courait à moto. « Je suis fier que Fourvière soit choisie pour le départ. De ma maison, je vois la basilique. C’est l’âme de Lyon et un joli symbole».

Jean-Michel Arlaud, qui a participé au Monte-Carlo historique 2022 avec Jean-Pierre Rivière (inscrit avec un cabriolet Bentley Continental) dans une Citroën DS, est engagé avec l’Aston Martin DB9 de son père servant uniquement pour les balades. Plusieurs Belges sont présents avec des modèles différents : Jaguar, Morgan, etc. Nicolas Slosse et Jacqueline Delpech sont à bord d’une Porsche 911S de 1972. « J’étais intéressé car je connais le couple d’organisateurs depuis longtemps. Le parcours était intéressant et il était possible de prolonger le séjour à Venise pour découvrir des monuments ou des expositions ». Après une étape au bord du lac Léman par les routes étroites et sinueuses du Bugey et une nuit à l’hôtel « Royal » d’Evian, le groupe rejoint Stresa aux îles Borromées.

Durant trois jours, ce sera la « dolce vita » le long du lac Majeur et à Bellagio sur le lac de Côme. La dernière étape laisse du temps aux participants pour s’arrêter dans des villes-musées (Bergame, Vérone et Padoue) avant l’arrivée à Venise où un diner costumé se déroule à l’hôtel Bauer. Après un rallye touristique en Grèce fin mai pour des concurrents suisses, « Sables chauds » organisera in octobre, le Mille et une nuits dans la péninsule ibérique.

1. Ancien pilote moto d’endurance, admirateur de Fenouil depuis la lecture d’« Une moto dans l’enfer jaune » (publié en feuilleton dans Moto journal), le lyonnais Pierre-Yves Deschamps, qui a connu l’organisateur au rallye des Pyramides 2007, était fier que Fourvière soit choisie pour le départ. « De ma maison à Caluire, je vois la basilique. C’est l’âme de Lyon et un joli symbole. » Le radiologue a participé à ce rallye avec une Porsche 911 3 litres SC Targa.

2. L’organisateur Fenouil devant sa Cadillac série 61 Le Mans

3. A l’hôtel de Fourvière, Jean-Marie (un bénévole chargé du transport des bagages) et son épouse Sophie annoncent la destination avec ce travestissement. Habitué du carnaval de Venise, le couple prépare ses costumes Renaissance.

4. Le collectionneur belge Nicolas Slosse a choisi sa Porsche 911 S Daytona green.

5.« J’ai connu Fenouil au rallye de Tunisie en 2013. Tout est parfaitement organisé au niveau du tracé et de l’hôtellerie », confie le Lyonnais Jean-Michel Arlaud engagé avec l’Aston Martin DB9 achetée par son père.

6. Premier rallye pour Philippe Fouchet, ancien voyageur en 4×4 (Paris-Pékin, Bombay-Bangkok, islande, Afrique, etc.) qui vient d’acheter un cabriolet Porsche 356.

7. Habitué du Tour Auto, Philippe Patenotte a participé au Dakar Classic dans un buggy Cottel. « Je connais Fenouil depuis le Dakar et le rallye des Pharaons. C’est une balade où tout est bien organisé », indique le conducteur de la Rolls Royce Corniche. J’aime bien les Anglaises. J’ai acquis cette Rolls (avec encore son Radiocom 2000) lors d’une vente aux enchères. »

8. Ancien concessionnaire Renault à Senlis, Jean Delacharlery (qui a construit une monoplace GRAC à l’âge de 18 ans avant de passer aux buggys et à l’autocross) a dû se rabattre sur une Jaguar MK2 3,8 S. Sa Bristol n’était pas prête et le moteur de sa Triumph TR6 a cassé.

10. Franck Boedt roule en Jaguar XK 120 avec une sangle sur le capot comme la version compétition. Pour sa sécurité, ce grand rouleur a monté deux disques à la place des tambours avant, un volant plus petit (pour laisser plus de place aux jambes), des sièges baquets pour remplacer la banquette et une direction électrique.

11. Les Lillois Philippe et Catherine Deneve découvrent les rallyes organisés par « Sables chauds » à bord d’une Jaguar XK 150.

12. Inscrit le premier, Yann Milliez a droit au numéro 1 plaqué sur le coupé Alfa Roméo Bertone qu’il vient de restaurer. « Ce coupé 2000 allie le grand tourisme et la sportivité. C’est plus confortable qu’une Berlinette. »

13. Manuel Milliez a inscrit son Alpine A 610 (880 exemplaires) avec un V6 turbo de 3 litres. « C’est la plus aboutie. Le moteur est préparé et développe 300 cv. La principale difficulté est de trouver des pièces de carrosserie. »

14. Une Mercedes 300 SLS précède une Ferrari California au Pas de Morgins, un col à 1 369 m situé à la frontière franco-suisse, entre le département de la Haute-Savoie et le canton du Valais.

15. Avec sa bande de copains. Jérôme Anastasio est un habitué au volant de sa Porsche (171 exemplaires construits). « Le speedster, c’est l’essence même de la voiture de sport. »

16. Francis Vandermiege et son fils sont venus de Belgique en Jaguar type E et Morgan. « Le trajet pour rejoindre Lyon a déjà duré 3 jours. On repartira de Venise par le Tyrol et l’Allemagne soit environ 3 500 km. »

17. Engagé avec sa bande écumant les rallyes, Jean-Pierre Clouzeau conduit une Porsche 911 Carrera 2,7 l avec un moteur préparé développant 240 cv.

18. Dans le Haut-Bugey, Franck Trepsat (Lotus Elise) est suivi par Jean-Pierre Rivière (Bentley GTC).

19. Bruno Pitel possède une Lancia Delta Integrale évolution 2. « C’est la série « Dealer edition » fabriquée pour les revendeurs. Celle-ci était destinée à la concession monégasque. Les 4 roues motrices offrent une adhérence incroyable. »

20. Président du circuit (indépendant) de Prenois qui fête ses 50 ans et recevra les F1 historiques durant le GP de l’Age d’Or début juin, Yannick Morizot a rejoint Venise en Mercedes 500 SL (moteur 8 cylindres et suspension hydropneumatique). « De 2016 à 2020, nous avons rénové les installations pour attirer la clientèle étrangère et développer l’évènementiel. L’investissement est important pour conserver le grade 2. ».

21. Jean-Pierre Rivière a exploité le potentiel de sa Bentley Continental, une GT aux performances époustouflantes (V12 développant 630 cv avec 4 roues motrices). Durant un rallye des « 1000 et une nuits » en Amérique du Sud, iI avait traversé la cordillère des Andes en Jaguar MK2.

22. Charles Prévost, l’un des plus gros transporteurs d’Ile de France, spécialisé dans l’acheminement des voitures des constructeurs, arrive à l’hôtel « Royal » d’Evian en Porsche 993 turbo. Amateur de belles GT depuis 40 ans, il s’occupe de déplacer des modèles exceptionnels dans les salons (Retromobile, etc.) et pour les ventes aux enchères.

23. A la frontière franco-suisse, un chevreuil surprend un concurrent.

24. Durant deux jours, les participants ont longé les plus beaux lacs d’Italie du Nord en s’arrêtant dans les palaces : Grand hôtel des îles Borromées à Stresa et Villa Serbelloni de Bellagio. © J.M.V

25. La route des lacs, comme autour du lac de Côme vers Tremezzo, était dégagée.

26. A Morcote, un des plus jolis villages suisses, avant Lugano.

27. L’étape au Grand Hôtel Serbelloni à Bellagio a été très appréciée.

29. Le voyage s’est terminé par un diner masqué sur le grand Canal.

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