Thierry Philip à KGB – Spécial Municipales 2008

16 février, 2008 | INTEROGATOIRES KGB | 0 commentaires

thierry_philip

Vous avez aimé « la grande bouffe », vous allez adorer Thierry Philip. Le directeur du Centre anti-cancer Léon Bérard est un personnage truculent. Gourmand de la vie (à force de côtoyer la mort ?), ce mandarin ambitieux a pour objectif de ravir le 3ème à la Droite. Un challenge pas impossible s'il n'avait en face de lui Dominique Perben himself… Thierry Philip était accompagné pour cette interview par Arnaud Benhamou.

 

Pour démarrer, une petite bio express

Naissance : le 2 novembre 1949 à Boulogne sur Seine.

Parents : Père préfet de région et mère médecin.

Frères et sœurs : Oui, quatre. Christian l'aîné, Annick, directrice d'hôpital en retraite, Guy, journaliste et Martine, inspectrice de la jeunesse et des sports à Rennes.

Situation matrimoniale : marié, 4 enfants

Religion : Protestant pratiquant.

Carrière : Interne des hôpitaux de Lyon, Assistant au centre Léon Bérard, Chef de service à Lyon Bérard et Professeur de cancérologie, puis nommé le jour de ses 40 ans directeur de Lyon Bérard. Président de la Fédération Nationale des Centres de Lutte contre le Cancer

Politique : élu au Conseil régional en 2004

ISF : Oui

Franc-maçonnerie : Non

 

Cancérologue réputé, vous vous êtes lancé en politique lors des dernières élections régionales de 2004…

Le 21 avril 2002, j'ai mis 5 secondes à comprendre que j'allais voter Chirac et 15 secondes pour me dire qu'il fallait faire quelque chose. J'avais toujours dit que je ferais de la politique si le Front National devenait un danger, et donc j'ai téléphoné le lendemain matin à mon député, Jean-Jack Queyranne, que je connaissais un peu. Mon député parce que j'habite à Bron. Et Jean-Jack Queyranne m'a demandé d'être le président de son comité de soutien. Au début ce n'était pas annoncé pour être très rigolo mais quand c'est Millon qui est arrivé en face, c'est devenu franchement intéressant compte tenu des raisons qui m'avaient fait m'engager en politique. Jean-Jack a gagné, on est restés amis, on a fait du vélo ensemble. Et puis, il m'a demandé une première fois pour la Région, j'ai dit « non », il m'a demandé une deuxième fois et j'ai dit « oui ». Je suis rentré comme société civile et essentiellement par amitié pour lui.

 

Pourquoi à gauche ? Pour vous démarquer de votre frère Christian ?

Non, car j'ai été membre du PS en 1974 jusqu'à l'élection de Mitterrand en 1981. Ça a toujours été mes convictions politiques. J'ai toujours voté à gauche. Les quelques exceptions sont des scrutins locaux où j'ai voté pour mon frère.

 

…ou plus prosaïquement parce qu'il y avait plus d'opportunités de ce côté-là de l'échiquier politique ?

Que certains disent ! Mais je suis le petit-fils d'André Philip, j'ai beaucoup discuté avec lui, mes références sont globalement le christianisme social, et ça ne me serait pas venu à l'idée d'aller ailleurs.

 

Vous avez donc vraiment le sentiment de marcher sur les pas de votre grand-père ?

Oui, tout à fait. Beaucoup plus que de mon père. Ça saute une génération (rires).

 

Vous avez accueilli Ségolène Royal au Centre Léon Bérard. Vous avait-elle promis un portefeuille ministériel en cas de victoire ?

Non. J'étais très flatté que les gens pensent que j'allais être ministre, mais personne ne m'a jamais rien promis.

 

Vous en rêviez, avouez-le !

Je ne dis pas que j'en rêvais, mais je dis que je pensais être prêt pour cette fonction-là dans le domaine de la santé.

 

Un professionnel de la santé fait-il un bon ministre de la santé ?

Ça dépend…. Je pense que la façon dont j'ai évolué peut être intéressante. J'ai soigné les malades toute ma vie, j'ai cru qu'il fallait se battre pour gagner 1% de survie dans tel ou tel truc. Plus je vieillis et plus je suis un adepte de la prévention, de la santé, plus je pense que la santé ce ne sont pas les soins, qu'il ne faut pas mélanger les deux… Je pense que j'ai une expérience de médecin et d'administratif… Même Jean-François Mattei n'a jamais dirigé une boîte de 1000 personnes, ni une fédération nationale…

 

Malheureusement pour vous, Ségo a pris une déculottée et vous devez repartir de zéro.

Quand on fait de la politique, il faut être prêt à perdre sinon il ne faut pas en faire.

 

D'où votre candidature à la mairie du 3ème, un tremplin en quelque sorte !

Oui, disons que c'est une opportunité. Moi j'ai 58 ans, vous savez, je ne vais pas commencer une carrière politique nationale maintenant donc je ne me fais pas des illusions démesurées.

 

Du moins, vous ne vous en faites plus ?

Je ne m'en fais plus. Du moment que la gauche n'a pas gagné, c'est clair ! (Rires)

 

Merci pour votre franchise !

Je ne m'en fais plus, donc à partir de là j'ai pas mal réfléchi, je suis donc vraiment tenté par un poste de maire d'arrondissement. Je suis donc candidat pour être maire du 3ème arrondissement. Il se trouve que tant qu'on n'a pas fait de la proximité, tant qu'on ne s'est pas coltiné les problèmes des gens de tous les jours, on n'a pas fait de politique vraiment.

 

On vous voit mal gérer des problèmes de stationnement ou de crottes de chiens…

Ça ne me fait absolument pas peur ! Vous savez, je suis pédiatre, alors les crottes, ça ne me fait vraiment pas peur ! (Rires) Je connais bien !

 

Je ne vous crois pas une seconde…

Et bien écoutez, je peux vous dire que c'est écrit, que c'est dit, et que je pense que dans le raisonnement que nous avons eu avec Gérard Collomb, Martine Roure, Jean-Michel Daclin, Nadjat,… l'une des discussions était de savoir qui de ces leaders voulait être maire du 3ème. Si la liste que je conduis pour Gérard Collomb est en tête dans la 3ème arrondissement, je serai maire de Lyon…

 

Lapsus révélateur ! (Rires)

Je serai maire du 3ème ! J'ai envie de faire de la proximité, ça me tente beaucoup plus qu'un poste d'adjoint à la mairie centrale.

 

Allez-vous faire appel à Ségolène Royal pour vous donner un coup de main ?

Ma réponse est non. Non, pour deux raisons… La première c'est qu'aujourd'hui en tant que membre du parti socialiste, je refuse de faire partie d'une écurie. J'en ai marre des écuries. Je veux travailler avec l'ensemble du parti socialiste. Je verrai ce qui se passera au congrès, je ferai comme tout le monde, je me déterminerai pour une motion, mais je pense que le parti socialiste est en train de mourir de ses histoires d'écuries. Moi je ne fais pas partie d'une écurie.

 

Pourtant vous faisiez partie de l'écurie royaliste… Vous avez tourné casaque ?

J'ai voté pour Ségolène Royal dans les élections du parti socialiste, je l'ai soutenue mais si DSK, pour qui je n'ai pas voté, avait été le candidat du PS je l'aurai soutenu avec la même énergie. J'ai fait 50 réunions dans la France entière sur la santé…

 

Pour rien ?

Non pas pour rien, pourquoi ? Ce n'est jamais pour rien.

 

Vous n'auriez pas préféré rester avec maman à la maison ?

Malheureusement maman n'est pas à la maison, j'ai une femme à la maison ! (Rires) Je veux donc être maire du 3ème, je m'engage par écrit devant les lecteurs du 3ème que je serai maire du 3ème si on gagne.

 

Vous menez campagne tambour battant, avec beaucoup de débauche, de poignées de mains, d'embrassades… Très bon sur la forme, mais peu de fond selon vos observateurs !

Qui sont ces observateurs ? Ça veut dire quoi de ne pas avoir de fond ?

 

Vous venez dans une réunion, mais vous restez 5 minutes, vous faites de présence, vous faites de l'effet. Vous en avez d'ailleurs la stature, la carrure mais y a-t-il du fond derrière tout ça, professeur ?

Je ne sais pas s'il y a du fond mais je sais déjà que ce que vous dites n'est pas vrai. Je ne reste jamais 5 minutes dans une réunion ! Je fais partie de ceux qui pensent que quand on prend le temps d'aller voir les gens, on passe le temps. Je pense que j'ai assez vu de gens qui ont échoué en politique pour avoir fait ça, pour ne pas faire pareil. Ce sont des observateurs mal intentionnés !

 

À qui pensez-vous par exemple ? A d'autres professeurs de médecine… (Rires)

Non, je ne citerai pas de nom, je ne balancerai pas ! Je pense à des gens qui signent leur parapheur pendant que vous venez les voir, qui ne répondent pas aux lettres que vous leur envoyez, et qui quand ils passent, eux passent 5 minutes… Je suis désolé, si vous prenez ce que j'ai fait aujourd'hui : j'ai passé 1h45 à déjeuner dans un foyer de personnes âgées, je suis passé à chaque table, j'ai pris mon temps, et je préfère faire ça que d'en faire 6 mais mal ! Vos observateurs ne sont pas les bons…

 

Comment se débrouille le jeune Benhamou avec les personnes âgées ?

Je ne sais, il n'était pas là aujourd'hui, mais il est très fort pour le porte-à-porte ! (Rires)

 

Il vendrait des frigos à des esquimaux !

Exactement ! Sérieusement, si on revient sur votre question du fond, je pense que ce sont des gens que le fond dérange… Premièrement, ça fait 18 ans que je dirige Léon Bérard, si je ne le dirigeais que sur la forme, à un moment que ça se saurait ! Moi j'ai pris ce machin à 40 millions d'euros de budget, aujourd'hui il y en a 100 ! Je l'ai pris avec 3000 malades par an et aujourd'hui il y en a 7000, etc… S'il n'y a pas de fond, les gens ne restent pas autour de vous.

 

Ça, que vous soyez très bon dans la « médecine business » personne ne le conteste !

Comment ça ?

 

Vous parlez chiffre, on a l'impression d'avoir un chef d'entreprise en face de nous…

Oui, je suis un chef d'entreprise, d'une entreprise de 1000 personnes avec 100 millions d'euros de budget. Heureusement que je suis un chef d'entreprise. Si Léon Bérard marche bien, c'est parce qu'il y a un chef d'entreprise.

 

Pourquoi n'êtes-vous pas passé chez Sarkozy ? C'est exactement les propos qu'il tient. Vous n'en êtes pas loin finalement… Pourquoi êtes-vous  chez Gégé et pas chez Perben ?

Chez Perben sûrement pas ! Il faut quand même un minimum de feeling. En fait, la différence justement avec Sarkozy, elle est sur le fond. Moi je ne crois pas aux contes de fées, il y a une réalité dans la vie et lui, il nous a présenté un conte de fée et on voit que les réalités nous rattrapent. Moi je vis dans les réalités depuis 18 ans… des réalités difficiles !

 

On sait que vous êtes amateur de jolies femmes, professeur… Carla n'est pas votre tasse de thé ?

Carla, elle est plutôt mignonne oui…

 

Dans votre lit, ça ferait l'affaire ?

Pourquoi pas… Mais pour l'instant elle n'y est pas ! (Rires) Et j'ai la même femme depuis 33 ans et je ne suis pas malheureux ! (Rires) Bon, si Sarkozy se résume à Carla c'est que ça va assez mal ! Moi je fais partie de ceux qui pensent et c'est là où je suis proche de Gérard Collomb, qui est un homme intéressant. Il a compris que pour distribuer des choses, de l'argent, il faut en avoir… donc pour qu'il y ait des emplois il faut d'abord créer de l'économie, pour être capable de partager, il faut qu'il y ait une économie qui soit viable.

 

Votre convivialité fait merveille, mais ne pèse pas lourd face au professionnalisme de Dominique Perben…

Écoutez, on verra. Moi je suis absolument clair dans ma tête sur deux choses. La première c'est que ce n'est pas la campagne Philip contre Perben dans le 3ème arrondissement, c'est la campagne Collomb contre Perben. Donc nous faisons la campagne de Collomb avec le bilan de Collomb et le projet de Collomb. Mais quand je rencontre les gens, ils me disent en général que je ne ressemble pas tout à fait à un homme politique, peut-être qu'ils ont dans l'idée que je ne ressemble pas à Perben.

 

Ou peut-être pas à Collomb ?

Je ne sais pas. J'ai quand même l'impression qu'ils pensent plus à Perben. En tous cas, ce qui est sûr c'est que je souhaite rester authentique, et que si je dois perdre, je préfère perdre tel que je suis plutôt que de me teindre les cheveux ou de paraître ce que je ne suis pas. (Rires)

 

Vous n'avez pas le même coiffeur avec Dominique ?

Je suis comme je suis ! Je suis un peu gras mais je suis comme je suis !

 

Votre côté obscur est moins connu. Il s'agit de votre comportement ostentatoire de « mandarin » ou de « chef de service » qui passe mal avec vos subordonnés…

 

Pas du tout ! Les gens qui sont avec moi restent en général longtemps alors c'est bizarre pour des gens qui ne partent pas… Ou alors il y a des masos et il y en a beaucoup autour de moi… parce que quand ils sont là ils ne bougent pas.  

 

Je ne vous apprends rien en vous disant que vous êtes peu apprécié par le personnel de la Région Rhône-Alpes dont vous êtes vice-président…

Je ne taperai pas sur mes petits camarades mais mon petit doigt me dit que lorsqu'on cite les gens qui ont des difficultés avec les services, en général on ne me cite pas… Par contre, quand je suis arrivé à la Région, sortant d'une boîte privée, où si je veux embaucher une secrétaire elle est là 48h après, si je veux faire telle ou telle action, elle se fera dans la semaine,… et là on passe dans le public avec toute la lourdeur du public. Donc, est-ce qu'au début j'ai eu un petit peu de mal à me mettre dans tout ça ? Franchement, je n'ai pas l'impression aujourd'hui d'avoir de grosses difficultés. Je pense avoir compris que dans la politique, on ne peut pas faire tout ce dont on a envie. Je pense qu'on ne peut pas faire à la même vitesse que dans le privé et je pense même avoir compris que, dans la politique, il faut se fixer 5 ou 6 objectifs, être impitoyable là-dessus et puis accepter que le reste se fasse à la vitesse qui n'est pas toujours celle de Thierry Philip effectivement… Mais si c'est une question de vitesse, je pense avoir fait beaucoup de progrès, je suis devenu un peu patient !

 

Vous êtes à nouveau plus rond dans votre expression !

Ce qui me semble assez caractéristique des Philip, aussi bien Olivier, Christian et Thierry, c'est que nous avons en commun le fait d'être relativement sérieux. Quand on bosse, on bosse !

 

Vous n'étiez pas habitué au dilettantisme de la Région ?

Je ne suis pas habitué au fait que l'on puisse mettre 6 mois à faire un truc que l'on peut faire en 24h ! Finalement, j'espère ne jamais m'y habituer.

 

Pour résumé, vous êtes un mandarin…

Puisque vous le dites !

 

… et vous avez mauvais caractère…

Ça ce n'est pas faux !

 

…et vous êtes un soutien inconditionnel aux Verts de Saint-Étienne, ça n'arrange pas vos affaires non plus !

Nul n'est parfait !

 

Vous êtes pourtant de Lyon, que s'est-il s'est passé ?

En 1974, un mardi soir, j'étais encore supporter de l'OL, un des rares à l'époque ! Je suis allé voir jouer Lyon dans un bar, ça devait être l'équivalent de la coupe de l'UEFA. Je crois que l'OL a perdu 5-1 ! Le lendemain on se lève à 7h, on a bossé jusqu'à 18h, on s'est demandé ce qu'on pouvait faire le soir : on a regardé les cinémas, il n'y avait rien, et mon copain me dit : « y'a bien un match à Saint Etienne mais c'est sans intérêt ». Finalement, nous avons décidé d'y aller et Saint-Étienne a gagné 5 à 1 ! Depuis ce jour-là je supporte Saint-Étienne. J'étais dans les tribunes de Geoffroy Guichard quand il y avait 1000 spectateurs par -15°c contre Gueugnon en 2ème division. Donc par rapport aux supporters de l'OL, je supporte l'OL par tous les matchs sauf dans le Derby ! (Rires)

 

Vous n'avez qu'une femme mais deux équipes de cœur !

Tous les supporters de foot ont plusieurs équipes de cœur, ils ont la première et la deuxième. Pour moi, l'OL est la deuxième, mais je ne suis pas anti OL, je ne fais pas partie des cons qui sifflent quand Grégory Coupet vient à Saint-Étienne, je fais partie de ceux qui l'applaudissent. Je souhaite d'ailleurs que Saint-Étienne gagne le derby ! Mais franchement je n'ai pas beaucoup d'espérance…

 

Vous emmenez des gamins voir des matchs, c'est votre dada ?

C'est vrai ! C'est mon dada, j'adore le foot, je pense que c'est une belle école de la vie, les enfants qui ont un cancer ont souvent besoin de penser à autre chose… J'en ai emmené beaucoup. J'ai aussi mes enfants que j'emmène au foot. Vu que j'ai une vie assez chargée, c'est souvent dans la voiture que l'on parle, il faut un peu de temps pour aller à Saint-Étienne ! On est allé en Italie et aux Etats-Unis pour la coupe du Monde, en Allemagne, à Rotterdam pour la coupe d'Europe,… Je suis un vrai fan de foot et je suis un vrai fan de la formation au foot.

 

Ça me conduit à une réflexion sur la dichotomie qu'on ressent chez vous… C'est-à-dire très dur avec votre personnel… et agneau avec les enfants !

(Il s'énerve) Mais interrogez des gens qui bossent avec moi avant de dire des conneries !

Vous avez le droit de dire ce que vous voulez, mais moi je ne suis absolument pas d'accord avec vous car je constate que j'ai la même secrétaire depuis 25 ans, j'ai des gens qui travaillent avec moi qui sont d'une fidélité absolue, qui m'ont suivi donc je refuse totalement ce que vous dites. Deuxièmement, si je suis pédiatre c'est que j'aime les enfants, j'aime faire rêver les gens qui sont dans une période difficile. Je pense que le foot est quelque chose qui fait rêver, je n'ai aucun état d'âme à emmener un gamin qui adore l'OL voir Grégory Coupet, il faut dire que je suis un ancien gardien de but ! Ce que vous ne savez pas, je vais vous raconter une histoire vraie qui date d'il y a moins de 3 mois… Pendant la blessure de Grégory Coupet, il y avait une dame âgée au centre Léon Bérard, traitée, qui était en train de mourir… et dont l'idole absolue était Grégory Coupet. J'ai donc appelé Faccioli, et je lui ai dit qu'il fallait absolument me trouver Grégory… Il est venu, il est resté 1 heure et demie, pas de photographes, pas d'articles de presse, pas de journalistes,… Voilà, chapeau !

 

On va revenir sur le 3ème , l'un des arrondissements clé de l'élection…

C'est avant tout un arrondissement clé pour le Grand Lyon, je ne pense pas que ce soit un arrondissement clé pour les municipales, on peut parfaitement gagner sans le 3ème. Par contre, le 3ème peut donner le Grand Lyon à Gérard Collomb.

 

Si vous l'emportez, Gégé est quasiment sûr de conserver la ville…

Il faut inverser le truc ! Si Gégé gagne la ville, je peux remporter le 3ème ! (Rires)

 

Comment vivez-vous cette pression ?

Extrêmement bien ! D'abord parce que c'est intéressant. Ensuite parce que moi je ne cherche pas à être sûr de gagner, je cherche à être sûr que si on perd, je n'aurais rien à me reprocher. Je fais de la politique donc je suis prêt à perdre sinon il faut faire un autre métier. J'ai une équipe exemplaire…

 

Najat Belkacem, Arnaud Benhamou… Votre liste fait la part belle à la jeunesse. Ça ne vous met pas un coup de vieux ?

Non, à Léon Bérard je sais que je suis de passage et donc je prépare la suite. Ici, ça m'intéresserait de préparer la suite. Je pense que je suis quelqu'un qui est capable de penser qu'il n'est pas éternel et de se dire que le plus intéressant est de gagner le 3ème  car nous ne l'avons jamais gagné ! Mais une fois que nous l'aurons gagné, le plus intéressant sera de le regagner ! Car la deuxième fois voudra dire que nous avons vraiment fait du bon boulot !

 

Vous habitez Bron, quelle est votre légitimité pour représenter les habitants du 3ème ?

Arnaud B : Marco, tu es un enculé ! (Brouhaha général)

Je vais répondre si l'on me laisse parler ! Cette question est beaucoup plus facile pour moi que pour Monsieur Huguet qui habite le 7ème ou Mr Perben qui habite je ne sais pas où mais certainement pas dans le 3ème ! (Rires). J'habite à 500 mètres du 3ème arrondissement, je suis paroissien à Montchat depuis 25 ans, j'ai des tas d'histoires avec le grand temple, des heureuses comme le mariage de ma fille et des moins heureuses,… Mes enfants sont nés à l'hôpital Edouard Herriot, il y a une rue André Philip, il y a le mur avec mon grand-père Pierre Wertheimer…. Ça vous suffit ou vous en voulez encore ? (Applaudissements) Celle-la je lavais préparée ! (Rires)

 

Quel bilan tirez-vous du mandat de Patrick Huguet, maire UMP sortant ?

Je crois, à titre personnel, que c'est un type sympathique. J'ai de l'estime pour lui en tant qu'individu. En tant que politique, il s'est positionné en disant : « ça ne sert à rien d'être maire d'arrondissement, de toute façon tout se décide à la mairie centrale. »

 

Vous êtes prêt à être un maire d'opposition à Dominique Perben ?

Tout à fait ! Mon modèle c'est Gérard Collomb avec Raymond Barre. Ils n'étaient pas du même camp.

 

Vous auriez donc pu très bien travailler avec Perben ?

Sûrement pas ! Avec Barre, sûrement ! Supposons que je gagne le 3ème et que Perben gagne Lyon, ce qui me paraît improbable. Je reviens donc à ce que je connais ! Ça fait 18 ans que je gère Léon Bérard. La personne qui fait que Léon Bérard marche ou ne marche pas c'est l'Agence régionale d'hospitalisation. Et moi je dis à mes collaborateurs que c'est une faute professionnelle d'être mal avec l'agence. Ça m'est arrivé 2 ans sur 18. Si Perben était maire de Lyon et moi maire du 3ème, je considérerais que c'est une faute professionnelle d'être mal avec le maire central. J'irais le voir et je lui dirais que je veux faire fonctionner le 3ème arrondissement, comment on fait pour travailler ensemble une fois que les élections seront finies ?

Donc, le bilan de Patrick Huguet, c'est le ministère de la parole. Son seul objectif c'est de voir ce qui ne marche pas et de le mettre dans le journal le lendemain. Il est d'ailleurs bien aidé de ce point de vue là par la journaliste du Progrès. La charmante Sophie ! (Rires)

 

Vous êtes injuste ! S'il y a un journal qui roule pour Collomb, c'est bien le Progrès !

Franchement, on ne s'en était pas aperçu ! Leur rédac chef est encarté à l'UMP ! Donc pour en revenir à Patrick Huguet, il pense que c'est inutile d'être maire d'arrondissement.  Moi je veux proposer aux électeurs du 3ème deux choses : un maire utile, et peut-être une autre dimension de la mairie d'arrondissement. Quand on téléphone à la mairie du 3ème, pour rentrer à la Maison de retraite à Montchat, on s'entend répondre : « Adressez-vous à la mairie centrale ». Moi, je répondrai : « Donnez-moi le dossier, je m'en occupe ». Voilà la différence, moi, mon seul objectif est que ça marche.

 

Ce n'est pas parce que Huguet est urgentiste qu'il faut tirer sur l'ambulance !

Non, pas du tout. A titre personnel, c'est quelqu'un que j'estime. En tant que politique je pense qu'il s'est mal positionné, il aurait dû faire beaucoup mieux. Je suis allé à l'école Louise voir qu'il y avait un certain nombre de problèmes avec les toilettes,… Il n'a même pas demandé un rendez-vous avec Mr Fournel qui s'en occupe pour essayer d'améliorer les choses. Alors, c'est bien de dire que la mairie centrale ne fait rien, mais encore faut-il essayer de faire avancer les dossiers avant de se contenter de gueuler.

 

Quel accueil recevez-vous des habitants ? Est-ce qu'ils vous identifient ?

Pas tous, il faut être honnête. Il y a une petite proportion de gens plutôt âgés, que je rencontre sur le marché et qui me disent : « Ah ! Monsieur Philip, finalement vous vous présentez contre Perben », et là je leur dis : « Mais oui, je vous l'avais toujours promis ». Il y a donc une petite confusion… Ensuite, je suis étonné du nombre de gens que je rencontre, ça me fait plaisir… qui ont beaucoup d'estime pour Christian Philip, j'en rencontre tous les jours ! Chez ces gens, il y a souvent une certaine forme de colère envers Dominique Perben. C'est vrai que mon nom pourrait leur permettre de se défouler !

 

Ça ressemble fort à un vœu pieu ! (Rires)

Tous les jours, on en rencontre. Venez vérifier quand vous voulez ! Je pense que Mr Perben risque d'être surpris par leur nombre. Dans la vie, les sales coup, ça se paye.

 

On peut mettre ça sur le compte de la divine providence ?

Disons que Mr Collomb n'a pas peut-être pas choisi de me mettre dans le 3ème arrondissement purement par hasard ! (Rires) La providence s'appelle Collomb !

 

Quelles promesses faites-vous aux habitants du 3ème ?

Collomb leur présente une vision, si je suis avec lui c'est pour ça et globalement Collomb c'est l'urbain. Notre boulot à nous, c'est l'humain. Donc on va leur parler de crèches et de garde d'enfants, on va leur parler d'école, de sport, de l'adolescence, d'emplois, de personnes âgées… Première promesse, c'est de garder moi-même la délégation pour la sécurité, je considère que la sécurité est la première des libertés, ce n'est pas du tout un truc de droite. Je considère qu'un maire d'arrondissement doit assurer la sécurité de ses concitoyens.

 

Vous pensez que c'est mal fait dans le 3ème aujourd'hui ? Que Bernard Rey n'est pas à la hauteur ?

Je pense que dans le 3ème, une fois de plus, l'objectif c'est de démontrer que la mairie centrale ne fait pas fonctionner les choses correctement. J'aurai donc l'objectif de démontrer que ça peut marcher.

 

Pourtant, s'il y en a un qui s'implique dans sa délégation c'est bien lui…

Il y en a d'autres. Je ne dis pas que c'est mal fait, je dis qu'il y a moyen de faire mieux. C'est tellement important, que je dirai aux habitants du 3ème que l'adjoint à la sécurité sera le maire du 3ème arrondissement. Ensuite, compte tenu de mes compétences, je m'engagerai sur le domaine de la santé, je pense qu'il y a beaucoup à faire. Il y a quantité de choses bien dans le 3ème, qui sont verticales mais il n'y a pas d'horizontal. Il n'y a pas de mise en réseau.

 

Pourquoi le maire actuel de Lyon ne l'a-t-il pas fait ?

Il l'a fait dans de nombreux arrondissements ! Mais vous voulez faire quoi dans le 3ème si le maire d'arrondissement ne veut pas ?

 

Vous êtes too much ! On sait bien que c'est la mairie centrale qui décide de tout !

Mais pas du tout ! Ce n'est pas Collomb qui doit réunir autour d'une table les médecins généralistes du 3ème, les infirmières, les directeurs de maisons de retraite… Collomb a une vision macro de la ville, il ne fait pas de l'humain, c'est le rôle du maire de l'arrondissement. Moi je crois qu'on peut faire beaucoup mieux au niveau de la mairie d'arrondissement. Les gens veulent des pistes cyclables, on a promis d'en faire 4 km/an dans le 3ème. Quand je vois Monsieur Fournel pour des questions d'école, il me dit : « Je n'ai jamais vu Huguet ! ». Quand j'essaye de voir quelqu'un pour essayer de comprendre, de voir comment on peut faire dans les associations, ils me disent : « Monsieur Huguet, on ne veut plus le voir ! ».

 

Sur votre blog, vous évoquez souvent les promesses que vous vous faites en matière de régime.

Vous n'avez pas vu que j'avais maigri ? (Rires)

 

Promesses que vous ne tenez jamais. Alors que valent les promesses que vous venez de nous faire ?

Quand j'ai décidé d'arrêter de fumer, il y a 22 ans, j'ai arrêté. Quand je ne faisais pas de politique, je faisais 4000 kilomètres de vélo par an et j'avais un poids meilleur qu'aujourd'hui. Quand je serai maire d'arrondissement, je ferai travailler mes adjoints, et moi j'irai faire du vélo ! (Rires)

 

Quelles sont vos tables préférées dans le 3ème ?

Beaucoup ! Celle que je préfère c'est celle qui est en face de la mairie… Comment il s'appelle ? (Silence) C'est un restaurant qui a un extraordinaire Condrieu qui s'appelle… (trou noir) … l'Alexandrin !

 

C'est poussif !

En deuxième, c'est le Jardin des Saveurs à Montchat. Il vient de changer de nom !

 

Et votre 3ème table ?

Qu'est -ce qu'il y a d'autre dans le 3ème ?

 

Ce n'est pas gagné votre affaire ! Pour un gourmet, vous me décevez !

Je confesse qu'en vérité, les restaurants que je préfère ne sont pas dans le 3ème ! Moi, je dis aux restaurateurs du 3ème qu'ils n'ont qu'à m'inviter ! Mon restaurant préféré à Lyon il est dans le 2ème milloniste et il s'appelle chez Thomas, mais ceux qui apprécient chez Thomas peuvent aussi voter pour mon amie Nadine Gelas ! (Rires) Contrairement à ce que vous pensez, je ne passe pas ma vie à penser bouffe !

 

Vous devriez être tous les jours au restaurant dans votre arrondissement ! Si j'étais votre directeur de campagne, je vous mettrais un carton rouge !

D'accord, carton rouge ! Nous sommes candidats dans Lyon, alors nous mangeons dans Lyon ! (Il interpelle Arnaud Benahmou) Comment il s'appelle le resto où l'on était l'autre jour ?

 

Arnaud B : Heu !!!

 

Vous ne connaissez même pas les restos de votre arrondissement ! Carton rouge pour tous les deux…

Il y a un excellent restaurant au rez-de-chaussée de la tour du Crédit Lyonnais, où il y a un buffet de salade et de dessert absolument extraordinaire ! Attendez ! Vous me gavez de vin et je dois essayer de faire marcher mon cerveau ! (Rires) Ensuite, vous avez un autre restaurant qui est très bon dans le 3ème, c'est le restaurant japonais du quai Augagneur (silence) le Mendo ! Et personne ne m'a soufflé !

 

 

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