De Pierre Revoil et Antoine Berjon à la Modernité cézannienne

8 mars, 2011 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

de-revoil-et-berjon-.jpg Par Alain Vollerin

 

Il fallait une exposition pour dire un siècle d’histoire des arts plastiques à Lyon, depuis la réouverture de l’école des Beaux-Arts, le renouveau de l’école de fleurs, cette fois clairement tournée vers la Fabrique, jusqu’à l’irruption de la Modernité cézannienne incarnée par le groupe Ziniar où Georges Albert Tresch joua un rôle décisif.

 

Un peu moins de quinze ans après les massacres perpétrés à Lyon par Joseph Fouché, l’industrie lyonnaise redémarrait autour de son identité première, le tissage de la soie. Il fallait des professionnels, des maîtres du dessin. L’empereur Napoléon Ier confia à son oncle le cardinal Fesch, archevêque de Lyon et au peintre Pierre Revoil (qui avait salué son entrée triomphale dans la ville en 1802 par une toile qui plus tard sera détruite), le soin d’engager les meilleurs formateurs. On appela Alexis Grognard, Jacques Barraband, Jean-Michel Grobon, puis en 1810 Antoine Berjon, et François Lemot pour la sculpture, etc. Le second événement notable de cette première partie du XIXe fut l’éclosion du Style Troubadour dans l’atelier de Jacques-Louis David par l’action de ses élèves Pierre Revoil et Fleury Richard dont la composition " Valentine de Milan pleurant la mort de son époux " est considérée comme le premier tableau de l’école Troubadour. Il fut présenté à Paris au Salon de 1802, sous le Consulat et fut remarqué par Mme de Vandeul, fille du philosophe Denis Diderot, grand analyste du Salon. L’enseignement de l’école des Beaux-Arts de Lyon fut très rapidement agité par un débat fondamental. Fallait-il se satisfaire de la formation d’artisans, maîtres du dessin et de la peinture de fleurs destinés à la Fabrique ou bien devait-on préserver leur talent, et considérer leur vocation artistique ?

 

Cette question anima violemment les rapports entre Pierre Revoil et François Artaud. De 1862 à 1871, elle sera l’objet d’une polémique et de reproches adressés à Joseph Guichard par le directeur de l’école, Théodore Caruelle d’Aligny. Comment l’école des Beaux-Arts pouvait-elle échapper aux turbulences politiques en cette période qui vit naître et mourir le Premier Empire, puis advenir la Restauration et le règne de Louis XVIII soutenu par l’action providentielle du Duc de Richelieu, la prise de pouvoir de Charles X et de Louis-Philippe, la Révolution de Juillet et l’installation de la République, puis l’avènement de Napoléon III et du Second Empire, et enfin la constitution de la Troisième République. A chaque variation du pouvoir, la vie artistique lyonnaise fut bouleversée, ainsi Antoine Berjon qui soutint l’épopée napoléonienne des Cents Jours en fut à jamais frappé par l’opprobre de ses confrères royalistes ou même anciens conventionnels. Si nous assistons aujourd’hui aux bouleversements fondamentaux engendrés par la révolution Internet, et sans oublier les tailleurs d’histoire actifs à Lyon du XVIe au XVIIIe, le XIXe siècle à partir de 1833 (année de création de la classe de gravure à l’école des Beaux-Arts de Lyon par son directeur Jean-Claude Bonnefond) fut " le temps des graveurs " sous l’impulsion de Victor Vibert. Vint le temps des disciples d’Ingres, Hippolyte et Paul Flandrin, et de Michel Dumas tous élèves du montalbannais.

 

Leur imprégnation de la Cité sera remise en cause par Joseph Guichard qui, à Paris, avait quitté l’atelier d’Ingres transformé par son admiration pour le lyrisme d’Eugène Delacroix… La spiritualité dans l’art trouva à Lyon une renaissance idéale de son champ d’action avec ceux que René Jullian nommait les Préraphaélites lyonnais : Louis Janmot, Victor Orsel, Paul Borel, mais aussi avec Jean-Baptiste Frénet et Marcel Roux. L’école naturaliste de Camille Corot, si bien décrite par Tony Tollet trouva à Lyon, puis autour de Morestel, un territoire très favorable pour l’accomplissement de l’œuvre luministe d’Auguste Ravier, Louis Carrand, François Vernay très heureusement défendue par Henri Béraud. Il y avait beaucoup de place dans les interstices laissés libres par les maîtres de la lumière amateurs des paysages situés entre la plaine de l’Ain et la vallée formée de bois et d’étangs autour de Morestel. Tout cet univers de petits maîtres aux généreux élans, tout entier nourri de passion pour la matière et la couleur méritait d’être défendu et uni dans un véritable mouvement. Cela sera fait ici, rien n’eut été possible dans ce domaine sans l’engagement et la vigilance de Michel Bosse-Platière qui sut convaincre nos esprits trop sectaires, depuis convaincus par la lecture de la déclaration de Désiré Franc. Sans la haute qualité de l’école des Beaux-Arts de Lyon comme le phénix, renaissante de ses cendres à partir de 1807, point d’école de fleurs, point d’industrie, point de salons et surtout de Société Lyonnaise des Beaux-Arts. 1920 fut une date décisive pour l’irruption de la Modernité dans l’école de Lyon. On peut en voir ailleurs les origines, mais celles de Paul Cézanne et d’André Derain furent confortées à Lyon par le groupe Ziniar et l’influence de Georges Albert Tresch reconnue et célébrée par Marius Mermillon.

 

Cette exposition eut été impossible sans l’engagement de toute l’équipe de la Maison Ravier : Nathalie Lebrun, le docteur Bernard Deviller et son épouse, Monique Ruch et le soutien de l’adjointe à la culture Marie-Christine Bertrand et du maire de Morestel Christian Rival.

 

Maison Ravier – Morestel – du 13 mars au 29 mai 2011 Vernissage samedi 12 mars à 16h 30 Commissaire de l’exposition Alain Vollerin. www.maisonravier.com

 

 

 

 

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