Texte : Marc de Jouvencel – Faisant face à l’église de la Rédemption, la statue de sainte Jeanne d’Arc a été réalisée par le sculpteur Jean Chorel (1875-1946), formé l’école des Beaux-arts de Lyon, à sa grande époque.
La sainte, native de Domrémy, est représentée à cheval, bras levés et yeux au ciel. Installée sur la place Puvis de Chavannes dans le 6ème arrondissement, elle a été remise à la Ville de Lyon et inaugurée sous la présidence d’Edouard Herriot, le 18 novembre 1928*, alors que ce dernier n’était pas vraiment une grenouille de bénitier.
« Au début du XXe siècle, la France de la IIIe République est l’un des régimes les plus anticléricaux de l’histoire. Sa loi de séparation des Eglises et de l’Etat, en 1905, heurte profondément une partie du pays et c’est dans un souci réciproque de réconciliation que le Saint-Siège et les gouvernants français en viennent à accepter la béatification de Jeanne, en 1909 » souligne l’architecte historien Pierre Jourdan**.
Voilà pour le contexte. Cent ans plus tard, alors que la Ville de Lyon envisage de rénover le square, projet matérialisé par la pose d’un panneau informatif en date du 19/02/2025, curieusement rien ne concerne l’œuvre qui en est l’épicentre. Il est prévu de déposer la clôture d’enceinte, de créer des massifs d’arbustes et d’entamer « la réfection du stabilisé des allées ».
Un oubli politique ?
Face à ce programme bien incomplet, les habitants peuvent légitimement se poser la question. Et si l’on se réfère au positionnement idéologique et au dogmatisme des élus Verts, la réponse ne fait guère de doute. Personne n’a oublié la pitoyable comédie de (l’éphé)maire refusant de pénétrer dans la basilique de Fourvière pour commémorer le vœu des échevins.
Ce qu’ignore Grégory Doucet, c’est le lien affectif que habitants de Lyon 6 et les paroissiens de la Rédemption entretiennent avec elle, soit en mode culotte courte, soit en mode jeune parent ou encore grand-parent. Depuis un siècle, elle a veillé sur les milliers de bambins de bonne famille qui ont galopé entre ses jambes ou des ados ayant indument grimpé sur sa monture avant la pose des barrières.
La statue photographiée au début des années 80 quand elle était encore entretenue – Photo René Dejean (1926-1999) Archives Bibliothèque municipale de Lyon
Si son esthétisme n’était guère du goût des dames de la paroisse (notamment la comtesse Philippe Engelhard), elle ne manquait pas pour autant d’en saluer le symbole. Tout comme les vieux royalistes et autres camelots du roi qui, durant des dizaines d’années, sont venus en procession au mois de mai fleurir son socle à l’occasion de sa fête.
Mais depuis 2020, le révisionnisme historique doublé de wokisme est la règle chez les Verts qui envisagent de déboulonner la statue du Sergent Blandan et de débaptiser la rue du général Bugeaud, sous les applaudissements de leur électorat communautaire. Dans ce contexte de déconstruction mentale, comment la figure de Jeanne d’Arc pourrait-elle trouver grâce à leurs yeux ?
Son projet de restauration a donc été proposé par des Lyonnais
Notamment Mathieu qui l’a inscrit dans l’inventaire des projets patrimoniaux soumis au vote des Lyonnais dans le cadre du budget participatif doté d’un budget de 12 500 000 euros. Il ne reste que 6 jours pour aller voter (anonymement) sur la plateforme numérique créée à cet effet.
Dans deux ans et demi, on fêtera le centenaire de son installation, il est urgent d’engager des travaux (estimés à 90 000 euros). « Sa restauration incluant ses bas-reliefs et son piédestal, permettrait de lui redonner son lustre d’antan, en prévision du centenaire de son installation, et de rétablir la perspective sur la place depuis la rue du Docteur Mouisset et les quais du Rhône ».
Vous pouvez voter et faire voter pour ce projet en vous rendant à l’adresse suivante, avant le 15 juin 2025. Le lien est ici : https://oye.participer.lyon.fr/processes/bp2024/f/372/budgets/4/projects/354
* Source : Le Salut public, 19 novembre 1928
** Article paru dans Lyon People « Les secrets de Tassin », juin 2024
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