Texte : Morgan Couturier – Depuis le 1er septembre 2025, la Ville de Lyon a retiré toute possibilité de commenter ses publications sur les réseaux sociaux. Pour se justifier, la municipalité évoque une application du code électoral. La réalité se veut plus nuancée.

En rang et en silence ! Si la rentrée a fortement agité les réseaux sociaux, en raison de commentaires le plus souvent très critiques sous la publication de Grégory Doucet, ce dernier a décidé de jouer à l’enseignant très strict. Voire plus, alors que Lyon a statué en faveur de la suspension de tout commentaire sur ses réseaux sociaux. Sur Facebook notamment, les post laissent ainsi apparaître la mention « La Ville de Lyon a limité qui peut commenter cette publication ».

Une manœuvre justifiée selon elle, par l’application de l’article L.52-1 du code électoral, lequel interdit toute « campagne de promotion publicitaire des réalisations ou de la gestion d’une collectivité », à compter du premier jour du sixième mois précédant les élections. Pour autant, ledit article ne fait nullement mention d’une obligation de bloquer les commentaires. D’autant que les publications elles, se poursuivent.

Chaque jour, un déluge de commentaires négatifs. Du jamais vu avant 2020…

Cette décision est d’autant plus surprenante qu’aucune autre grande ville française n’a recours à une telle pratique. Si bien que du côté de l’opposition, l’initiative est surtout perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. « La majorité municipale a fait le choix politique de fermer le débat plutôt que de garantir sa régulation », commente en conséquence, le parti Renaissance.

Il faut dire que depuis les premiers jours du mandat, les publications de la Ville de Lyon et de son maire font systématiquement l’objet de commentaires majoritairement défavorables à la politique de Grégory Doucet, de nombreux internautes manifestant leur ras-le-bol vis-à-vis des manœuvres de l’édile écologiste et du saccage de la ville. La détestation des Verts a atteint des sommets.

« Plutôt que d’assumer la critique, la Ville a choisi de la faire taire », déplore le groupe piloté par l’ancien député Thomas Rudigoz (photo ci-contre). Cela rappelle la manœuvre identique de l’adjoint à la mobilité, Valentin Lungenstrass, ce dernier fermant les commentaires sur ses publications Twitter. Quant à Fabien Bagnon, il bloque les opposants à sa cyclopathie.

La Métropole de Lyon opte pour une modération hypocrite

« Cette décision traduit le malaise d’une majorité écologiste incapable d’assumer la critique de ses politiques. Plutôt que de faire taire les habitants, la municipalité devrait les écouter », désapprouve encore l’ancien député et conseiller métropolitain. Avant de poursuivre : « cette décision, inédite à Lyon, envoie un signal inquiétant sur la volonté de la municipalité d’écouter les habitants et de favoriser le débat démocratique ».

Celle-ci fait également écho aux nombreuses critiques formulées à l’encontre de l’absence de véritables concertations ou encore d’un profond manque d’écoute, pointé notamment du doigt par le collectif des Défenseurs de Lyon.

À titre de comparaison, la Métropole de Lyon, elle aussi concernée par les élections de mars prochain, a décidé de maintenir la possibilité de s’exprimer sur ses réseaux sociaux. Bruno Bernard lui, a opté pour une politique de modération, visant à supprimer « sans préavis, les commentaires à caractère politique ou électoraliste ». Depuis, les… réactions vont bon train pour jouer avec les limites de ces critères. Mais au moins, la parole a le mérite d’être donnée.