Texte : Morgan Couturier – L’attrayante mélodie de la retraite sifflant doucement aux oreilles de Vito et Nicolo Morreale, la fille du second a décidé de reprendre l’établissement du premier.
Accompagnée de son mari, Pierre-Antoine Petit, c’est donc à la petite dernière, Tiziana, que revient le plaisir d’exploiter le fraîchement renommé Piccolo Morreale di Nicolo. Que les Italiens nous pardonnent ce péché, semblable à ces personnes osant couper les spaghettis : le 6ème arrondissement s’apprête à remixer cette sacro-sainte dolce vita glissée à toutes les sauces après une dévorante dégustation de pâtes carbonara ou de Margherita.
La raison tient en effet, dans la décision du pizzaiolo Vito Morreale de se retirer progressivement du quartier des Brotteaux, huit ans après avoir l’avoir investi. L’Italien a beau tenter de ne pas trop succomber aux joies d’une retraite bien méritée en maintenant quelques passages par les cuisines du Dolce by Sicilians, ce dernier se laisse porter « poco a poco » vers la sortie.
Vers une Dolce… Vito en quelque sorte, dans laquelle sa nièce, Tiziana a choisi de s’immiscer, en reprenant à son compte le très côté établissement de la rue Bugeaud, Casa Vito. Prego !
La fille cadette de Nicolo Morreale reprend ainsi le flambeau, après avoir longuement poli son art aux côtés de sa mère Corinne, dans l’antre de ses frères, Fabio et Anto, la Scala Siciliana. « Le potentiel est énorme », l’opportunité trop belle et le clin d’œil magnifique. Maman depuis peu, la jeune femme tient là, son premier bébé.
Un projet de vie, associé à son mari, Pierre-Antoine Petit, dont le patronyme se devine, sans trop de cours d’italien, sur le fronton du restaurant : Piccolo Morreale. « Quand on a fait le test du nom, on s’est dit que cela collait bien », en rigolent les deux trentenaires, ces derniers ayant néanmoins choisi d’y ajouter une référence au saint père : « di Nicolo » !
À 65 ans, le paternel n’a guère envie de raccrocher les crampons. Alors avec discrétion, le sexagénaire s’est joint à l’aventure. Il prend même encore un malin plaisir à dépoussiérer ses grolles, pour enfiévrer de temps à autre le service de sa gouaille inégalable. Après tout, c’est cela l’Italie ! Et c’est pour cela qu’on l’aime, en français dans le texte.
Uber, ce nouveau compagnon de route
Que l’on se rassure, Ricchi e Poveri n’en tiendront pas rigueur. Les Brotteaux n’ont pas fini de chanter leur amour pour la Botte, sa cuisine et ses traditions. « On a gardé l’esprit familial », présente d’ailleurs Pierre-Antoine Petit, propulsé aux manettes de cette authentique trattoria, dans laquelle la carte conserve les recettes familiales de son prédécesseur. Avec en supplément toutefois, l’ajout de quelques pizzas et de suggestions du jour, imaginées en cuisine par Tiziana, avant d’être servies avec dévouement par sa moitié.
« C’est important d’être présents et que les clients puissent nous identifier », soulignent les « amanti », tout juste rentrés d’un éreintant périple dans leur Sicile originelle, là même où les objets de décoration s’achètent aussi facilement qu’une « gelato ». « Le voyage retour, ce fut du sport ! C’était un vrai Tetris », s’en amuse Tiziana Morreale, la palme de l’originalité revenant toutefois à son conjoint, auteur d’amusants lustres en chapeaux melon.
« On veut quelque chose de classe, mais régressif en même temps. Ici, tu viens manger comme chez ta grand-mère », décrit le nouveau gérant, bien au fait de cette autre tradition voulant que l’on se désaltère autour d’un Spritz. L’intéressé en a d’ailleurs dessiné neuf, aux nuances et parfums différents. Un tableau poétisé par l’ajout de nouvelles références de vin. Rosso, bianco ou rosato, Piccolo Morreale di Nicolo en veut de toutes les couleurs.
Et ce, du lundi au dimanche, les nouveaux propriétaires œuvrant pour ouvrir sept jours sur sept à compter du mois prochain. En attendant, l’établissement a déjà donné raison à son compatriote Federico Fellini, « la vie est une combinaison de pâtes et de magie ». Son premier tour… de force : ouvrir à la plateforme Uber Eats, la livraison de ses pizzas et de ses plats maison. Là où il y a du plaisir, il n’y a pas de perte.
Piccolo Morreale by Nicolo
139, rue Bugeaud – Lyon Brotteaux
Ouvert du lundi au samedi
Tél. 04 72 75 05 75
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