Texte : Morgan Couturier – À l’occasion du conseil métropolitain organisé ce lundi 15 décembre, Véronique Sarselli et Jean-Michel Aulas ont demandé à ce que lumière soit faite sur le budget de la Métropole de Lyon. Dépenses qui explosent, recettes imprévisibles, le duo du mouvement Grand Cœur Lyonnais remet en cause un « certain nombre d’éléments » qui ne leur paraissent pas « sincères ».
C’était « un moment important », à aborder à la seconde près. À quelques heures de la présentation du dernier budget métropolitain dévoilé par Bruno Bernard et sa majorité écolo-LFI, Jean-Michel Aulas et Véronique Sarselli ont jugé bon de dégainer de bonne heure. À « huit heures passées de quelques secondes », le duo a dressé les contours de son plan de bataille : faire contrôler la fiabilité des chiffres avancés par les écologistes, pour qui le bilan économique et social est assurément positif.
« On ne le fait pas par polémique, ce ne sont pas nos habitudes, mais parce qu’un certain nombre d’éléments ne nous paraissent pas sincères, avec une vision pluriannuelle qui n’existe pas et sans information sérieuse sur les dépenses futures », a ainsi révélé Jean-Michel Aulas. Avant de poursuivre : « Le bilan mérite d’être regardé. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé ce contrôle préalable à toute démarche politique qui suivra ».
Charge à la Préfète d’approuver ou non leur demande
Il faut dire que le duo s’appuie sur quelques faits et gestes allant dans le sens d’une mauvaise gestion des finances de la Métropole de Lyon, sous le regard approbateur des 4 familles politiques réunies à la Métropole au sein de la coalition « Grand Cœur Lyonnais ».La maire de Sainte-Foy-lès-Lyon l’assure, depuis cinq ans, le budget de la Métropole de Lyon « s’est fragilisé au fil du temps ». « La Métropole dépense plus et elle a moins de marge de manœuvre », a-t-elle soutenu, pointant au passage des recettes basées sur une hausse des impôts et une hypothétique augmentation des droits de mutation (un impôt perçu lors de la vente d’un bien immobilier, ndlr).
« L’équilibre de leur budget est basé sur des recettes imprévisibles. Le problème de ce mandat, c’est son manque de pilotage, les dépenses de fonctionnement augmentent sans plan pluriannuel. Vous devez inscrire des recettes certaines dans un budget public », a également signifié la candidate à la présidence de la Métropole de Lyon. Pour corroborer ses dires, Véronique Sarselli s’est appuyée sur l’effondrement de l’épargne brute de la Métropole de Lyon, passée de 547 millions d’euros en 2019 à 230 millions d’euros en 2025, malgré un budget revu à la hausse, à hauteur de 4 milliards d’euros.
« Ils nous font croire que la situation est au beau fixe »
« Nous demandons que madame la Préfète soit vigilante, qu’elle entende notre problématique de sincérité budgétaire et nous lui demandons aussi d’être vigilante à l’absence totale d’éléments crédibles », ont revendiqué les deux figures du mouvement Cœur Lyonnais. « Une Métropole dans cette situation, c’est une Métropole qui subit. Lorsque l’épargne s’effondre, c’est l’emprunt qui devient la variable d’ajustement », a pointé Véronique Sarselli quand son partenaire politique Jean-Michel Aulas a fustigé une instrumentalisation des chiffres. En particulier ceux liés à la création d’emplois, que l’écologiste Bruno Bernard souhaiterait s’attribuer.
« Selon les chiffres d’OnlyLyon, il s’agit d’emplois d’entreprise. Cela fait référence à des évolutions structurelles indépendantes des choix politiques récents. Il y a aussi une part importante des emplois créés qui relève d’une croissance mécanique du marché et du fait qu’il y a plus d’actifs, plus de diplômés et plus d’entreprises dans la métropole. Jamais ces chiffres ne sont rapportés au taux d’emploi, à la qualité des postes ou au nombre de demandeurs d’emploi », a également accusé Jean-Michel Aulas, en bon chef d’entreprise.
Car pour le candidat à la mairie de Lyon, « la situation est dramatique » : le taux de chômage est reparti à la hausse et la défaillance des entreprises est en augmentation de 25% sur la seule année 2025. « Cela traduit une économie fragile », a-t-il pointé. Pire, pour l’ancien président de l’OL, même les aménagements de la majorité verte n’ont eu aucune vertu, « l’action positive sur l’écologie » de ces derniers étant finalement minimes.
Le tout, réalisé sans étude d’impact et sans l’approbation de la population.
Pour preuve, le projet de réaménagement de la Rive Droite, que Bruno Bernard redéploie ces derniers jours et qui va entrainer la suppression de 4 voies automobiles sur 6. Et ce, alors que l’accès à la Presqu’île est déjà interdit. « Ce projet mérite une étude approfondie. La voiture ne va pas disparaître d’un coup de baguette magique. Il faut s’intéresser au report modal », a pointé Véronique Sarselli.
Au crépuscule du mandat écologiste, Grand Cœur Lyonnais a donc fait le pari de « plus de transparence et d’un retour à la réalité des chiffres ». Et ce, sans trop évoquer de grands projets structurants. « Il y aura une présentation concrète en temps voulu », a assuré Jean-Michel Aulas. Cela devrait arriver courant janvier. Mais pour proposer un programme complet, Cœur Lyonnais souhaite connaître la réalité des comptes. Pour (ré)agir, le duo lyonnais devra s’adapter aux dépenses de ces prédécesseurs.



















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