Texte : Morgan Couturier – Menacés de disparition à cause d’une piste cyclable, les boulangers de Maison Panéo sont désormais ciblés par les trolls écologistes qui ont sorti l’artillerie lourde pour les décrédibiliser.
Depuis trois ans, ils vivent avec le couperet BHNS au-dessus de leur fournil. Notre article consacré à cette persécution quotidienne a réuni plus de 60 000 lecteurs qui, dans leur grande majorité, ont compris la détresse de ces artisans dont l’outil de travail est menacé. Mais pas seulement. Tous les médias lyonnais ont suivi. Derrière leurs écrans, les écolos ont compris le danger et décidé de contre-attaquer.
Épaulés par un vidéaste parisien, les trolls pro-vélo accusent les boulangers de constructions illégales. S’ils avouent une non-conformité, les artisans se disent floués et réfutent l’idée d’agissements malhonnêtes. Ces derniers accusent la Métropole de Lyon et le Sytral de manipuler cette fausse information pour retourner l’opinion publique.
Une extension illégale ? Les propriétaires assurent le contraire
Les boulangers ont décidé de faire preuve de transparence et avouent une erreur. Ou plutôt une non-conformité. « On a déposé un permis de construire pour l’extension. Notre erreur, c’est que l’on aurait dû avoir l’accord de la copropriété en parallèle. C’est notre talon d’Achille et ils se sont servis de cela », poursuivent les Brondillants.
Une étourderie qu’ils imputent à leur inexpérience au moment de l’achat. Et à un manque de communication. « On a acheté aux enchères sur internet. C’était fastidieux et un monde que l’on ne connaissait pas. On était des débutants. Jusqu’alors on avait toujours été locataire. La grosse erreur que l’on a faite, c’est qu’on n’a pas pris notre propre notaire. Celui du vendeur ne nous a pas expliqué que le parking était en jouissance exclusive ».
« Pour nous, on était propriétaire de tout. On n’a jamais payé de charges de copropriété. Il n’y avait aucun signe qui montrait que l’on était en copropriété. On n’avait même pas le même numéro. Nous sommes au 276 alors que la copropriété est au 272. Nous n’avons su qu’en 2023 que nous faisions partie de cette copropriété alors que l’on est installé depuis 2015. À aucun moment nous avions envie de se fâcher avec elle », assure Abdelkader Harbaoui.

La copropriété du 272 route de Genas. Au premier plan, le local qui fait débat
Mais qu’à cela ne tienne, contrairement à ce qu’ont pu écrire certains de nos confrères, la Maison Panéo estime que les relations sont restées cordiales. Sur 50 copropriétaires, deux seulement posent problème à leurs yeux. Un écologiste averti et un salarié de la mairie de Villeurbanne (écolo-socialiste), délégué aux espaces verts. Hasard !
« Il nous a aidés à mettre la clôture. Il avait son café gratuit. On lui a offert et amené des plats lorsqu’il était en arrêt. On ne comprend pas », regrettent les artisans, au sujet de ce revirement soudain. Surtout, ces derniers sont catégoriques : les copropriétaires étaient au courant de cette non-conformité depuis 2022. La médiatisation soudaine du conflit avec la Métropole de Lyon et le Sytral semble donc avoir délié quelques langues.
Avec l’aval des copropriétaires, la Mairie de Bron pourrait régulariser la situation
Pourtant, la situation pourrait vite évoluer. Si lors de la prochaine assemblée générale, prévue en mars prochain ou lors d’une assemblée extraordinaire, la Maison Panéo obtient l’aval de la majorité des copropriétaires, le dossier figurerait rapidement sur le bureau de la mairie de Bron, prête à légaliser ces constructions.

Le maire de Bron Jérémie Breaud et Véronique Sarselli sont venus soutenir le boulanger
« On donne énormément à notre entreprise. On travaille sept jours sur sept. Ça passe par du sacrifice, mais c’est du temps en moins que nous avons pour nous consacrer à la défense de notre boulangerie. En face, ils savent que l’on a la tête ailleurs et que c’est un monde étranger pour nous », ponctuent les deux frères.
En effet, même une régularisation ne pourrait pas empêcher les écologistes d’avancer dans leur entreprise de destruction. Le chèque à verser serait certainement plus conséquent. Au point de dissuader les Verts ? Rien n’est certain. Entre-temps, la Maison Panéo a le mérite de récupérer son honneur. Et de mettre fin aux fausses accusations.
Les boulangers n’ont pas l’intention de se laisser rouler dans la farine
Route de Genas, l’ambiance n’est pas à la fête, en dépit d’une fréquentation toujours importante. « Entre 500 et 600 clients par jour en moyenne », lâche d’ailleurs l’un des propriétaires, Abdelkader Harbaoui, tiraillé entre l’exaspération et l’envie de se défendre. Jusqu’au bout. « On ne préfère pas penser au pire », avoue-t-il, alors que la juge des expropriations (ci-dessous) doit rendre son verdict le 15 décembre prochain.
90% de leurs clients viennent en voiture. Pour l’heure, malgré un chiffre d’affaires de près d’1,2 million d’euros, la Métropole de Lyon ne leur propose que 60 000€ (desquels elle déduit les frais d’étude, ndlr). Un montant dérisoire, que les écologistes estiment équivalent au coût engendré par la démolition de 40% de la boulangerie.
Une enveloppe ridicule pour les frères Harbaoui, bien déterminés à rester sur place, en dépit de quelques recherches parallèles. « On a visité des locaux. Mais on n’a pas trouvé mieux. Ou alors à des prix exorbitants », explique Abdelkader Harbaoui. Avant de poursuivre : « Ils ne prennent pas en compte le licenciement des salariés et les pertes d’exploitation ».
« Le bus actuel, tu le vois passer, il n’est jamais rempli »
« La route de Genas est une artère principale qu’ils veulent transformer en voie communale. À 50 mètres, il y a des rues où ça ne circule jamais et où ça ne poserait pas de problème de mettre la piste cyclable », glisse-t-il encore, ce dernier assurant que le bus actuel, le C25, n’est jamais plein.
Il faut dire qu’avec sa proximité avec le périphérique, la route de Genas est surtout très appréciée des automobilistes. À commencer par les Brondillants et Villeurbannais, qui ont trouvé là, une véritable oasis. « Avant nous, c’était un lieu de squats. On était attendu. Quand on s’est installé en 2025, on nous a dit merci pour le quartier. Les papis et les mamies étaient tout contents », révèlent les artisans.



















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