Denis Broliquier et Pierre-Laurent Gallo. Secrets de vacances à KGB

23 août, 2013 | LES GENS | 0 commentaires

Photos © Fabienne Dumas

Propos recueillis par Thierry Lahon (médianet) & Benjamin Solly (Lyon People)

Comme le soleil brille sur Lyon, nous déménageons notre table à l’ombre des acacias de la terrasse de l’à KGB. Pour le reste, nous allons associer deux personnalités très différentes, l’un est connu l’autre moins, l’un à le verbe haut l’autre est discret, mais tous les deux sont deux hommes de passion, et c’est ce mélange des genres qui devrait être fort agréable.

Denis Broliquier est bien sûr l’emblématique maire du 2ème arrondissement de Lyon, mais aussi un très efficace responsable pédagogique à l’IDRAC, la plus lyonnaise des écoles de commerce qui soit. Certains le disent bourgeois et conservateur, alors que d’autres nous le décrivent comme un vrai globe-trotter… Notre mission du jour consistera donc à démêler le vrai du faux et peut-être vous révéler une personnalité inattendue…

Pierre-Laurent Gallo est un homme passionné. Il sait tout de l’automobile et peut vous la raconter pendant des heures. Collectionneur, il s’apprête à ouvrir un garage qui aura tout d’un palace… Véritable boîte à jouets pour propriétaires férus de belles carrosseries, son projet est unique et il a passé son été à le peaufiner, pour ouvrir les portes de ce bel antre secret début septembre. D’ici là, nous allons essayer d’en savoir plus sur ses vacances…

Lorsqu’on vous dit vacances qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?

PLG : « La nationale 7 » car l’autoroute n’existait pas !

DB : « Sac à dos » !  Je n’imagine pas des vacances à ne rien faire, juste à bronzer sur la plage… Et si je vous dis sac à dos, c’est que je ne prends jamais de valise !

Pouvez-vous nous décrire votre univers familial ?

PLG : Je suis né dans le 3ème arrondissement, mes parents sont italiens, ils sont arrivés en France dans les années 60 et j’ai un petit frère et une petite sœur.

DB : Je suis né dans le 6ème, j’habitais la presqu’ile, mon père était joaillier-orfèvre rue de la République comme mon grand-père et mon arrière-grand-père. Nous sommes une famille très lyonnaise, disons catho et bourgeoise. J’ai 3 sœurs.

Vos vacances d’enfances ?

PLG : Toujours en famille. Pour les départs en vacance, je revois mon père préparer la carte, choisir les points d’arrêts. Nous chargions la voiture la vieille, on vérifiait les niveaux, et c’était toujours un départ aux aurores. Toute une expédition ! Nous partions souvent à la mer, au Grau du Roi. Plus tard, nous sommes aussi partis en colonie de vacances.

DB : Chez moi, le mois de juillet se passait à saint Didier au Mont d’Or. A cette époque, c’était encore la campagne, on y faisait du vélo, on y retrouvait les cousins, et on mangeait les cerises du voisin… En août, nous allions au chalet de famille, au bord du lac d’Annecy, à Talloire. Comme mon père était passionné d’Italie, tous les ans, nous y passions une semaine. On visitait les musées et il nous faisait souvent passer des heures devant une toile. Ce n’était  pas ce qu’il y avait de plus drôle, mais aujourd’hui je ne regrette pas cet éveil à la culture. A partir de 8 ans, j’ai été scout, c’était la grande aventure, il y avait des jeux de nuits, des raids, des installations de camps, du sport, etc…

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Vous souvenez-vous du lieu vous avez appris à nager ?

DB : Au lac d’Annecy, avec Monsieur Chebel, c’était un énorme bonhomme, qui était professeur de natation pour les bourgeois parisiens, et l’été, il venait au lac d’Annecy. Ses cours étaient de véritables shows, c’est à dire, qu’il jetait  dans le lac les gamins qui ne savaient pas nager. Avec une longue perche, il leur apprenait alors à nager. Je me souviens que nous étions terrorisés, mais aujourd’hui on sait nager !

PLG : Moi, c’est à la piscine de Charbonnières. Ce devait être la méthode de l’époque car pour moi c’était un peu le même principe. Il fallait aussi attraper la perche (rires).

Vous souvenez-vous de quelques bêtises ?

DB : Une fois, oui,  vers 6 ans. J’ai enlevé le frein à main de la voiture paternelle. Celle-ci s’est emballée tout droit direction le lac, elle n’a dû son salut qu’à un arbre fruitier qui l’à empêché de finir dans l’eau. J’ai illico reçu une claque, une fessée et une privation de repas… C’est, je crois, la plus grosse bêtise que j’ai faite.

PLG : Moi, j’ai fait mieux, j’ai mis du sable et de l’eau dans le radiateur et le réservoir  de la 203 de mon oncle… Moi aussi la punition a fait très mal !

Quelques saveurs d’enfance ?

PLG : Mes parents avaient décidé de faire des spaghettis à la tomate sur la plage avec un réchaud, imaginez le spectacle, entre le vent, le réchaud et le regard amusé des vacanciers, un véritable souvenir, et pour des Italiens, une belle émotion.

DB : Ce qui m’a marqué, c’est que ma mère ne faisait jamais dans la demi-mesure… En été, elle rapportait des cagettes entières de cerises, de melons, d’abricots ou de tomates. C’était le symbole de l’été, et cela se transformait souvent en confitures, c’était très sympa.

Vos jeux d’enfant ?

DB : Sans hésiter le vélo. Alors que nous n’avions que 7 ans, nous allions assez loin dans les Monts d’Or, et cela sans que nos parents s’inquiètent. C’était l’aventure, un immense sentiment de liberté. Une autre époque. Et puis, bien sûr, il y avait aussi la construction des cabanes, mais chacun la sienne, c’était sans doute, déjà, mon côté de droite… (Rires)

PLG : Moi aussi le vélo sans oublier le ballon. Je me souviens même qu’une fois, avec un copain, nous sommes allés du 3eme arrondissement jusqu’au parc de la Tête d’or. Ça paraissait être le bout du monde, nous étions très fiers de notre périple. Et comme le dit Denis, à l’époque, nos parents ne s’inquiétaient pas.

Passons à l’adolescence !

PLG : Pour moi, je situe cela entre 14 ans à 18 ans. Au début, nous partions seuls, en colonie de vacances, nous allions au château de Gruyère, en Suisse. On se baladait, on pique-niquait en montagne, on campait dans la forêt, on faisait beaucoup de randonnées. Comme j’ai un côté italien, on commençait à draguer, mais c’était très mignon. Je me souviens, par exemple, d’une boum où une fille m’avait embrassée. Elle m’avait mis la langue dans la bouche… C’était la première fois, j’étais à la fois choqué et étonné (rires). Je me souviens qu’elle était ravissante mais hélas pas de son petit nom…

DB : Moi, c’est disons vers 14 ans. En 1976, en tant que scout, je pars un mois en Tunisie. Nous prenons le bateau, nous rencontrons des scouts tunisiens. Ce n’était pas un séjour de fêtes, mais plutôt une véritable aventure de découvertes. Nous dormions par terre, nous campions, et  je me souviens même avoir retrouvé un scorpion dans mon duvet… Tout ça sans les parents. Ca a été un tournant, je pense, le vrai début de l’adolescence.

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Des jobs d’été?

DB : Je faisais les vendanges, ça a été mon premier travail d’été. C’était dur, mais ça responsabilise. En vélo, je faisais le trajet de Lyon jusque dans le Beaujolais. Ça a été aussi le temps des premières cuites au rouge, en fin de journée.

PLG : Un été, j’ai travaillé à la Ciapem, du travail à la chaîne… Du coup j’ai compris que c’était tout ce que je ne voulais pas faire dans ma vie et dans le même temps j’ai, depuis, beaucoup de respect pour ceux qui font ça toute leur vie. C’est très dur.

Est-ce qu’il y a eu des mobylettes, des motos, des scooters ?

PLG : Non, chez moi, c’était interdit. Ma mère était très mère poule… Pour autant, des qu’elle avait le dos tourné, nous montions sur les motos des potes.

DB : Idem chez moi. J’en ai demandé une, mais on me l’a refusée. Du coup, j’ai travaillé place Bellecour, dans un kiosque de fleurs. Je rentrais et sortais les plantes, et je gagnais 10 francs par soir. Avec ces économies,  je me suis acheté une mobylette qui était bleue. Je l’ai repeinte en vert, et un jour, je l’ai montrée à mes parents, avec le certificat d’assurance que j’avais même souscrit. Mis devant le fait accompli, ils n’ont rien pu dire, se contentant de nouvelles recommandations de prudence. Ma mère m’a même refait la selle, elle était de velours rouge, car je n’avais pas les moyens de m’en acheter une neuve. Et au bout du compte, j’ai toujours été prudent.

Quelles étaient vos premières fêtes ou soirées ?

DB : En seconde, quand je suis arrivé en école mixte. J’ai été invité à pas mal de rallyes où j’ai même croisé une certaine Frigide Barjot…

PLG : Les fêtes et les boum chez les copains, mais je n’en ai pas de grands souvenirs.

Et les cigarettes ?

PLG : Une fois en pension, on s’était amusé à fumer du rotin, pas terrible (rires). Sinon c’était bien plus tard.

DB : J’ai essayé de fumer des « lianes » à 8 ans et des « gauloises » à 9 ans… mais jamais de drogue ! Par contre arrivé au lycée, je me suis mis à fumer et cela jusqu’à mes 42 ans.

Parlons de vos vacances d’adultes.

PLG : Mes vacances d’adulte, c’est le jour où j’ai passé mon permis de conduire, c’était la vraie liberté. J’étais parti avec 2 copines, et la voiture de la mère de l’une d’entres elles, une Ford fiesta rouge. Un super souvenir…

DB : Moi, c’est vers mes 19 ans, je suis parti en Inde, dans des régions très reculées, un superbe souvenir, une vraie découverte.

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Qui finançait vos vacances ?

PLG : Les jobs d’été, comme je vous l’ai raconté, mon père m’avait fait rentrer dans une usine.

DB : Mes parents ne m’ont jamais payé les vacances. Je les finançais avec les vendanges, le ramassage des fleurs dans les kiosques. J’ai même travaillé au marché gare et comme déménageur, enfin, plein de trucs comme ça.

Premier voyage en avion ?

DB : A 16 ans, la Grande Bretagne, pour apprendre l’anglais. La seule chose dont je me souviens, c’est qu’on m’avait dit que les hôtesses de l’air étaient très belles… Hélas, suis tombé sur un vol ou la plus jeune devait avoir plus de 50 ans, et si mes souvenirs sont bons, même un peu de barbe… Déception !

PLG : Moi c’était avec un ami qui avait acheté un hôtel en Thaïlande. J’avais à peine 18 ans. J’ai été malade comme une bête, et j’ai mis des années avant d’y retourner.

Premières vacances familiales ?

DB : Pour nos premières vacances à 4, nous avons pris la voiture pour prendre un bateau et aller au Maroc. Cela s’était fait contre l’avis des parents et beaux-parents car nous partions avec nos premiers enfants, tous petits à l’époque. A l’arrivée, tout s’est bien passé, et ce fut même des semaines de vacance géniales. L’an dernier, nous avons fait un truc extraordinaire, nous sommes partis d’Autriche en vélo, nous sommes descendus le long du Danube, nous avons fait 500 kms en 10 jours. Ce périple nous a menés de Vienne à Bratislava en passant par Budapest, et tout cela en vélo. L’année d’avant, nous sommes allés en Thaïlande, nous avons fait de la pirogue, dormi chez l’habitant et crapahuté dans les campagnes. En 2011, ce fut la Turquie, en stop. Finalement, je me rends compte que mes enfants sont comme moi, aventuriers, on adore ce style de vacances.

Parfois, quand je suis dans des situations extrêmes, je me dis, j’espère qu’il n’y a personne du 2ème dans le coin… Par exemple, l’an dernier, nous rentrions de voyage, nous étions à l’aéroport de Genève, et nous devions rejoindre Talloire. Comme je n’avais pas envie de déranger mes sœurs, mes enfants m’ont proposé de faire du stop… Nous nous sommes séparés en deux groupes. Nous avons tenté notre chance en bord de route, et très vite, une Jaguar toute neuve, intérieur cuir, s’est arrêtée. Je n’étais jamais monté dans une telle voiture. Finalement, le mek, très sympa, nous a déposés juste devant le chalet, mes enfants en reparlent encore. Un souvenir génial.

En fait, pendant les vacances, nous recherchons toujours des choses particulières et fun. Pendant l’année, ma vie est réglée de demi-heure en demi-heure, de 7h30 le matin à 22h30 le soir. Donc, pendant cette trêve estivale, j’ai besoin que tout soit autrement, j’aime sortir du cadre, d’autant plus que je n’ai pas beaucoup de temps pour mes enfants pendant le reste de l’année. Les vacances c’est pour ma femme et mes enfants.

PLG : Très jeune, j’ai décidé d’investir dans une maison en Provence, au pied du Mont Ventoux. J’en ai fait ma maison de famille. On y a organisé les vacances avec les copains et la famille. Ce que j’aime, là bas, c’est les vacances simples et conviviales. On passe des soirées à refaire le monde, et cela fait des années que ça dure. Je ne m’en lasse pas. Sinon, quand on veut un peu de changement, ma femme organise des voyages, souvent en France et en chambre d’hôtes. L’hiver, on aime aussi se réserver un voyage à l’étranger, avec les enfants. Par exemple, l’hiver prochain, nous avons prévu de partir à San Francisco, en décembre. Mais cet été c’est la France et ma Provence.

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Grasses matinées ou pas du tout ?

PLG : Lever à 7h30, pour le petit-déjeuner, c’est quand même la moindre des choses lorsqu’on a des invités…

DB : Je me lève très tôt le reste de l’année, et entre 8 et 9h du matin pendant les vacances.

Rapportez-vous des souvenirs?

PLG : De chaque plage visitée dans le monde, je ramène toujours du sable pour mon père. Mais, mis à part les photos, je ne ramène jamais rien pour moi.

DB : Oui, les photos bien sûr, j’adore ça. Quand j’étais plus jeune, je ramenais des babioles locales, et quand je me suis rendu compte qu’elles terminaient dans le placard j’ai arrêté. Depuis, j’ai décidé de ne ramener qu’un bel objet par voyage. J’ai ainsi une salle à manger qui est afro-européene, un salon qui est plutôt franco-chinois, une entrée d’inspiration malaisienne et une chambre aux accents thaïlandais… Tous ces souvenirs font aujourd’hui partie de moi. Ceci dit, malgré tous mes voyages, j’adore toujours revenir à Lyon !

Gardez-vous vos portables ?

DB : Mon portable n’est jamais coupé. Comme je suis en fonction, j’estime que c’est ma responsabilité, et je dis cela, dans l’éventualité où il se passerait quelque chose de grave dans mon arrondissement. A ce moment là, je serais prêt à rentrer en urgence.

PLG : Il y a quelques temps, je l’avais constamment sur moi, mais aujourd’hui, je le garde sans chercher le contact à tout prix… Ce qui m’importe c’est de garder le contact avec ma famille.

Qu’aimez-vous faire pendant vos vacances ?

PLG : Etre avec ma famille et mes amis, c’est la seule chose qui compte.

DB : Moi aussi, je passe tellement peu de temps avec ma femme et mes enfants, qu’on part vraiment pour être ensemble et seulement ensemble. On se dépayse, et on cherche la découverte du monde et des cultures, l’enrichissement de ce que les autres peuvent nous apporter !

Avez-vous un pire souvenir de vacances ?

DB : Rien de grave, juste 15 jours en Bretagne, avec ma femme qui n’aime que le soleil, et ce fut 15 jours sans le soleil, il pleuvait sans cesse, on était en pull pour le 15 août… Donc vraiment rien de terrible (rires).

PLG : Moi non plus, rien de catastrophique. Je me rappelle juste être parti à deux couples pour une virée en voiture à travers l’Italie. Très vite, nous nous sommes rendu compte que nous n’avions pas du tout la même vision des vacances… Nous avons du aller jusqu’en Sicile et sans cesse composer… On était vraiment très heureux de rentrer !

Puisque pas de catastrophe, quel est votre plus beau souvenir ?

PLG : Toutes les vacances, mises à part celles que je viens de vous raconter. Chaque vacance a eu son moment d’émerveillement ou de quiétude, toutes ont été différentes mais agréables.

DB : Le Tibet et la Birmanie, il y a une authenticité que je n’ai retrouvée nulle part ailleurs.

Quel pays aimeriez-vous visiter ou revisiter ?

PLG : Finalement, je repartirais bien en Thaïlande. L’hiver dernier, mon épouse m’a convaincu d’y retourner et je crois que je suis retombé amoureux de ce beau pays.

DB : J’ai dû visiter quelques 100 pays, mais comme il y en à environ 192, disons qu’il me reste encore 92 destinations de vacances… (rires)

Maintenant, que vous vous êtes découvert, côté vacances, ou vous inviteriez-vous mutuellement?

DB : J’inviterais Pierre en Italie, pour un beau week-end, ou alors une semaine en Chine.

PLG : Dans ma maison en Provence, pour boire l’apéro, ou sinon, moi aussi en Italie !

 

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