Charles Millon, fantôme mélancolique

6 mars, 2008 | LES GENS | 0 commentaires

millon1 Charles Millon, lors de son exil romain en 2006

 

 

Par Bertrand de Saint Vincent

 

C'est l'homme invisible. Son fantôme court le long des berges de la Saône, du Rhône. On ouvre une porte et il surgit, molosse épuisé. Le mois dernier, il a fait une brève apparition à la mairie pour son ultime conseil municipal. L'ombre de lui-même. Il est resté silencieux. Le soir, il dinait avec ses principaux lieutenants.

 

Charles Millon est en exil. Ses fidèles figurent en bonne place sur les listes de Perben. Leur présence fait encore frémir. Les braises ne sont pas éteintes.

Millon, diable sans ressort. Fusillé il y a dix ans pour haute trahison : avoir accepté, aux élections régionales, les voix du Front National. Des images, d'une violence inouïe, lui reviennent. Son nom maudit, sa famille menacée : ses enfants, sa femme, l'universitaire Catherine Delsol ; jusqu'à son frère, médecin.

Le 8 mai 1998, des militants haineux l'empêchent de déposer une gerbe dans la ville dont il est le maire, Belley.

Hystérie collective, lynchage moral. Comment en est-il arrivé là, lui le catholique social, promoteur, en son temps, du projet à la mémoire des enfants d'Izieu ? Les questions passent en boucle.

Dans son élan, il fonde « la Droite », estampillée par la suite « libérale chrétienne ». Effervescence. En trois mois, 60.000 adhérents. En 2001, aux municipales, à Lyon, les premiers sondages lui donnent 3%; il dépassera 23%! Irrésistible élan. Mais son camp se déchire, Collomb l'emporte. Seule erreur avouée: ne pas avoir annoncé, au soir du premier tour, qu'il maintenait toutes ses listes, sauf si l'UMP acceptait la fusion.

Passion de la politique ? Intacte. Remords ? Inexistants. Regrets ? Quelques-uns. Nostalgie ? Evidente. Espoir ? Revenir en politique, sur son territoire, dans l'Ain. Presque une certitude.

Millon garde l'œil ouvert. Il suit le spectacle, en solitaire. Il peut dire à l'unité près combien de personnes ont assisté aux vœux de Dominique Perben. Persuadé de compter encore, il songe avec mélancolie que ses troupes manquent d'un chef. Et qu'il aurait pu être celui-ci, si…

 

Retrouvez tous les matins dans Le Figaro le bloc-notes lyonnais de Bertrand de Saint Vincent

 

 

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