Municipales 2014. Le mirage de l’Anneau des Sciences

28 mars, 2014 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

Photos © Fabrice Schiff/DR

Par Benjamin Solly

Projet d’infrastructure majeur du programme de Gérard Collomb, le bouclage du tronçon ouest du périphérique lyonnais n’interviendra vraisemblablement pas lors du prochain mandat. Explications.

Collomb l’assure. A l’occasion du débat organisé à Sc-Po, le sénateur-maire de Lyon a réaffirmé mercredi soir que le tronçon ouest du périphérique (TOP) se ferait. Ripoliné sous l’appellation pompeuse d’Anneau des Sciences, ce projet d’infrastructure se chiffre à près de 3 milliards d’euros. « Nous n’en avons pas les moyens », confiait Gilles Buna, l’adjoint sortant à l’urbanisme des deux mandats de l’édile lyonnais, à Lyon Capitale jeudi. Initialement porté par le Département et le Grand Lyon, l’ouvrage deviendrait un projet métropolitain exclusif, des études à la maitrise d’ouvrage en passant par le financement. Autant dire que pour son futur baptême du feu, la Métropole aurait à digérer un projet que les assemblées locales régurgitent depuis plus de 20 ans. Question de coût forcément, mais aussi d’expérience. Personne n’a oublié que le fossoyeur devant le tribunal administratif de TEO s’appelait Etienne Tête, rabiboché le temps d’une alliance municipale torve avec son meilleur ennemi Gérard Collomb, même si l’écologiste n’est pas fléché jusqu’à la Métropole qui fera autorité sur ce sujet.

A cette gourmandise budgétaire s’ajoute la pression des Verts. Les alliés retors de Gérard Collomb sont vent debout contre ce projet, dont ils auraient obtenu l’abandon lors des négociations d’entre-deux tours. « Anneau des Sciences ? Nous voterons contre », confirmait Emeline Baume, propulsée tête de liste PS/EELV sur le 1e arrondissement, à l’occasion d’une conférence de presse commune avec la rétrogradée Odile Belinga. « Moi, je ferai le périphérique ouest », s’engage de son côté Michel Havard. Le candidat UMP-UDI dénonce plus largement l’accord entre EELV et Collomb à Lyon, qui « empêchera le développement de projets structurants pour notre agglomération. » Et Havard de rappeler l’enjeu qui dépasse le simple contournement de Lyon : « il permettra de détourner une importante partie de la circulation du centre-ville, réduisant d’autant la pollution, il permettra également de déclasser plus rapidement l’autoroute qui aujourd’hui traverse Lyon pour la transformer en boulevard urbain. »

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Le mensonge par omission de Gérard Collomb ?

Sur ce sujet, Collomb a très habilement manœuvré, promettant monts et merveilles, en outrepassant un cahier des charges qu’il avait lui même fixé quelques années auparavant. On se souvient qu’en 2011, Michel Mercier sondait son Conseil général sur un projet de ruban autoroutier entre Villefranche et les Olmes, justifiant sa réalisation par la mutualisation de certains services hospitaliers entre Villefranche et Tarare. L’ouvrage, malicieusement présenté, n’était que le préalable impératif à l’Anneau des Sciences tel qu’envisagé par Collomb : la réalisation par l’Etat du contournement autoroutier de Lyon. En effet, Gérard Collomb a toujours tenu le bouclage du périphérique à la réalisation d’une infrastructure de transport contournant plus largement sa ville. Objectif : détourner au loin les flux nationaux et internationaux pour ne pas étrangler le futur périphérique. Baptisé COL (contournement ouest de Lyon), le projet avait provoqué un tollé à l’Hôtel du Département et suscité quelques frayeurs dans Beaujolais et l’ouest lyonnais.

Ce projet de contournement autoroutier de Lyon, condition sine qua non à la réalisation de l’Anneau des Sciences dans les projections passées de Gérard Collomb, n’est pas enterré pour autant. Classé en 2e priorité par le rapport Mobilité 21, il devrait voir le jour à l’horizon « 2030-2050 », précise la préfecture du Rhône. « Le préfet de région va engager des études en 2014 pour apprécier l’intérêt des différentes  options envisageables », précisent les services. A l’est ou à l’ouest de Lyon ? La question n’est pas encore tranchée. Reste que ces deux projets d’infrastructures de transports se coordonnent mal en termes de calendrier. Ce qui expliquerait l’ajournement vraisemblable de l’Anneau des Sciences. D’autant que Collomb, qui a mis la mire sur la Part-Dieu, devra ferrailler sec avec l’Etat (SVCF, RFF, Gares et Connexions) pour obtenir les financements nécessaires. Il faudra donc arbitrer entre les priorités, ce qui laisse planer cette sensation de rétropédalage sur le mirage de l’Anneau des Sciences.

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