La tournée de Gégé en Asie. La nostalgie camarade

24 juillet, 2013 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

Photos © BS

De notre envoyé spécial Benjamin Solly

Après la rencontre avec le géant de l’économie sino-mondiale Huawei, la délégation emmenée par Gérard Collomb a été reçue par la municipalité de Canton pour fêter avec force cérémonial le 25e anniversaire du jumelage avec Lyon. Les deux facettes opposées d’une même médaille chinoise, entre économie débridée et politique à l’ancienne.

P1020441
La trajectoire de Lyon avec le Chine est décidément singulière. La capitale des Gaules entretient des relations historiques fortes avec l’Empire du Milieu, marquées en 1921 par l’ouverture de l’institut franco-chinois de Lyon. Nombre de futurs cadres du Parti sont ainsi passés sur les bords du Rhône, comme Chou En-Laï ou Deng Xiaoping. Notamment lors de la méconnue « Marche sur Lyon » (Li Da yundong) de 1921, lorsque les étudiants-ouvriers chinois, lâchés financièrement par le Parti dans leurs pérégrinations parisiennes, tentèrent d’y trouver refuge. La France œuvra ensuite au rapprochement diplomatique entre les deux pays, avec la reconnaissance par De Gaulle en 1964 de la République populaire de Chine. Quelques décennies plus tard, Francisque Collomb, alors maire de Lyon, ralliait Canton pour signer le jumelage avec la ville en 1988.

P1020462
Son homonyme Gérard, alors simple conseiller municipal, faisait partie de la délégation. « Je me souviens de mon arrivée à l’aéroport perdu au milieu des inscriptions en chinois, sans aucune indication pour me diriger. » Un affidé du Parti pour le guider dans ce voyage singulier, le sénateur-maire de Lyon garde encore des images parlantes de l’époque. « Les sorties d’usines surtout, où les ouvriers par milliers repartaient en vélos, on aurait dit une ruche. » La Chine s’est ouverte depuis à l’économie de marché, avec le zèle des convertis. Mais n’a pas changé ses vieilles habitudes politiques, mécanique quasi-instinctive inscrite dans le cerveau reptilien de ceux qui hier étaient les cadres du Kuomintang. « Cela me rappelle parfois l’Arménie soviétique », confesse Georges Képénékian. Une réminiscence quasi-épidermique pour l’adjoint à la culture.

P1020438

La cérémonie des festivités du 25e anniversaire du jumelage entre Lyon et Canton a obéi à un protocole minuté et très cadré, commencé par une conférence de presse entre les deux édiles. Dans ce cadre bétonné, les journalistes sont appelés par la traductrice locale « les amis de la presse. » Allez dire ça aux douaniers à l’heure de passer, pour les encartés de la délégation, la frontière continentale entre Hong-Kong et Shenzen. L’exercice a été d’une rare vacuité entre marques d’amitié et déclarations d’intentions. « Nous voulons renforcer notre collaboration sur la plan économique », explique Gérard Collomb. Son homologue Chen Jianhua, élu en 2001, opine du chef. Seule marque tangible des futurs échanges, Jean-Fraçois Zurawik, le directeur des évènements à la Ville de Lyon, se déplacera en novembre à Canton pour apporter son expertise dans l’organisation de la Fête des lumières cantonaise de 2014.

P1020455

La première étape franchie, la soirée a continué dans les salons du Hilton de Canton. Une scénographie au trébuchet. Dessinant un corridor, deux rangs se font face où s’installent les deux exécutifs municipaux. Au bout, les deux maires devisent poliment. L’échange continue. Il se fait plus doucereux. « Gérard Collomb est un père pour moi », flagorne Chen Jianhua. A moins qu’il ne soit réellement son fils caché. C’est Caroline qui va être contente ! Celui qui était en 1988, lors des babillages du jumelage, secrétaire personnel du secrétaire du Parti à Canton, sait manier la brosse à reluire. Pour Gérard Collomb, déjà autoproclamé « histoire du socialisme à Lyon », il devient une figure tutélaire de plus, en Chine cette fois-ci. Entre Saône et Rhône, on lui reproche parfois ses distances prises avec le socialisme pur jus. Certains opposants internes au maire de Lyon auraient grincé des dents à s’en faire sauter l’émail.

P1020604
Le grand cérémonial s’est terminé avec la signature d’un nouveau protocole entre le deux maire, mais également par un accord de coopération entre la Bibliothèque municipale de Lyon, représentée par son directeur Gilles Eboli, et celle de Canton. Le tout sur une grande estrade avec en arrière fond un énorme écran projetant un visuel des noces d’argent entre les deux communes. Restait encore à faire bonne figure pour le dîner placé, mélangeant les deux délégations lyonnaises et cantonaises. En Chine, le passage à table n’est pas vraiment inscrit dans la culture locale. Les agapes ont donc été expédiées en une heure de temps. Une chance.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Cliquez ici pour SIGNALER UN ABUS
Vous pouvez nous adresser un email afin de signaler un contenu. Merci de préciser l’adresse de la page dans votre email. Votre signalement sera pris en compte au plus tôt.

Aujourd’hui

dimanche 28 avril

Sainte Valérie


Recevez la newsletter

Restez informé en temps réel !

View More Results…