Texte : Morgan Couturier – Conclusion unilatérale de l’expérimentation débutée en octobre 2024, l’avenue Rockefeller demeurera à sens unique, a annoncé la Métropole de Lyon. Une décision « brutale et idéologique » pour le maire de Bron, Jérémie Bréaud, lequel condamne une absence de dialogue. Et de fortes répercussions sur sa commune.

C’était déjà un sujet de crispations, illustrées autant dans les concerts des klaxons que dans les querelles verbales, entre partisans et opposants. Mais depuis ce vendredi 27 juin 2025, la tension est montée d’un cran, alors que les écologistes ont entériné le passage définitif de l’avenue Rockefeller en sens unique, au bénéfice de l’installation de sa Voie Lyonnaise numéro 12.

Parmi les conséquences de cette fermeture, les embouteillages générant des difficultés d’accès aux grands hôpitaux de l’Est lyonnais

Depuis le 21 octobre dernier, les écologistes avaient en effet entrepris une expérimentation, censée permettre de juger les avantages et les inconvénients d’une mise à sens unique de ladite artère dans le sens Lyon-Bron, entre la rue Viala/ boulevard Ambroise Paré et le boulevard Pinel.

 Une mesure critiquée par beaucoup, y compris quelques restaurateurs écolos, qui n’était pas sans conséquence sur la commune de Bron. Huit mois plus tard, les élus de la municipalité voisine ne décolèrent pas. Pire, ils regrettent que leurs voix n’aient pas été entendues, la Métropole de Lyon n’ayant même pas pris le soin de l’avertir de sa décision.

 « Une méthode irrespectueuse envers les habitants directement concernés »

 « Cette méthode est non seulement méprisante à l’égard des élus locaux, mais surtout irrespectueuse envers les habitants directement concernés », condamne Jérémie Bréaud, l’édile s’étant pourtant évertué à proposer un « itinéraire plus équilibré, qui concilie les usages des cyclistes, des automobilistes, des piétons et des services de secours ».

« Je dénonce — à nouveau — une méthode brutale et idéologique, où le dogme prévaut sur le dialogue et la réalité du quotidien », poursuit l’élu LR, dans un communiqué en date du 27 juin.

Mais alors que les automobilistes comme les soignants et les patients devront s’adapter de force à ce « petit détour », comme l’eut décrit Benjamin Badouard, coprésident du groupe Les Ecologistes à la Métropole de Lyon, la décision n’a pas tardé à susciter des réactions. Sur le réseau social Facebook, elle a même fait l’objet d’une vive passe d’armes entre l’élu brondillant et Fabien Bagnon.

Fabien Bagnon promet aux Brondillants de venir s’expliquer

Ainsi, si le vice-président de la Métropole de Lyon, délégué à la voirie, s’est satisfait de répondre aux exigences de son électorat et aux récentes revendications de ses amis de l’association La Ville à Vélo, l’élu métropolitain n’a guère apprécié les critiques de son adversaire, lequel lui reproche l’absence de courage de la Métropole de Lyon, censée venir « valider cette décision en réunion publique ».

Réponse de Fabien Bagnon : « Mais à quel titre le souhait du Maire de Bron prévaudrait sur celui du Maire de Lyon pour un aménagement situé à Lyon ? C’est de ne pas respecter le choix des élus d’arrondissement et du Maire de Lyon qui eut posé un problème ». Ne pas écouter les riverains et le personnel soignant ne pose, en revanche, aucun cas de conscience à l’ayatollah du vélo.

Début 2023, les cadres hospitaliers des HCL dénoncent dans un courrier le projet écologiste qui impose un détour aux transports urgents. Opposés au sens unique, ils ont été tout simplement méprisés…

Dans ses récentes réunions publiques, Grégory Doucet avait pourtant promis que « tous les avis devraient être entendus ». Pas ceux des Brondillants visiblement. « Ne vous énervez pas ! Votre réponse témoigne d’une vraie fébrilité. Êtes-vous enfin prêt à tenir votre promesse et à venir à Bron vous expliquer ? », le confronte Jérémie Breaud, dans un message rappelant au grand amateur de vélo, qu’il n’est pas un « élu de la Ville de Lyon ».

« Pas d’énervement, ni fébrilité. Je suis prêt à venir représenter nos propositions d’aménagements aux habitants des Essarts », riposte en conséquence Fabien Bagnon. Et ce, avant de recevoir une nouvelle attaque de son opposant : « En espérant que ce ne soit pas un mensonge supplémentaire ».

En attendant cette visite promise, ce dernier n’a pas l’intention pas baisser les bras. Dans son communiqué, Jérémie Bréaud appelle même à « faire marche arrière ou, à défaut, de prolonger l’expérimentation jusqu’en mars 2026 pour permettre un vrai débat démocratique ».

Une date qui n’est autre que le passage aux urnes pour les élections municipales et métropolitaines. Avec à la clé, une véritable représentation des attentes des électeurs.