Wendie Renard, capitaine de l’OL Lyonnes : « Donner l’exemple à la nouvelle génération »

27 décembre, 2025 | Actualités Sportives | 0 commentaires

Chaque mois, Alexandra Carraz-Ceselli, fondatrice de L’Équipe des Lyonnes – un réseau de plus de 3 500 membres qui œuvre à faire émerger les voix féminines dans le débat public – met en lumière une personnalité inspirante dans son podcast « Le Café des Lyonnes ».

Ce mois-ci, on retrouve notre capitaine emblématique de l’OL Lyonnes, figure mondiale du football féminin, Wendie Renard, qui incarne depuis plus de quinze ans la force, la persévérance et l’élégance du sport au féminin. Multi-championne de France et de la Ligue des Champions, elle s’impose comme l’une des joueuses les plus titrées de l’histoire du football.

À l’heure où elle s’apprête à rejoindre le Mur des Lyonnais célèbres, cette athlète d’exception, dont l’équipe porte désormais fièrement le nom OL Lyonnes – un clin d’œil direct à l’engagement de L’Équipe des Lyonnes – revient sur son parcours, son rôle de capitaine et le message qu’elle souhaite transmettre aux jeunes générations : croire en soi, oser et ne jamais renoncer.

ACC : Pensez-vous être une femme engagée ?
WR : Oui, je suis une femme engagée dans ma profession mais aussi dans ma vie de tous les jours. Nous avons toutes des valeurs et des causes qui nous tiennent à cœur. Pour moi, c’est la santé des enfants et le sport. Le football féminin a énormément progressé, mais il reste encore du chemin à faire : il y a cinquante ans, les femmes n’avaient même pas le droit de jouer ! Aujourd’hui, il faut continuer à montrer l’exemple et inspirer la nouvelle génération à travers nos performances.

De votre point de vue, que manque-t-il encore aux femmes pour réussir dans le football ?
Sincèrement, nous avons tout : du talent, de la détermination, des structures solides. Ce qui fait la différence, c’est la victoire. Quand on gagne, on est respecté. Les titres donnent des arguments pour obtenir davantage de moyens et faire avancer les choses. Ce qu’il nous manque encore, surtout sur le plan international, c’est un grand titre avec l’équipe de France. Et puis, il faut que les femmes prennent leurs responsabilités, sans peur du jugement. Souvent, nous nous posons mille questions avant d’accepter un poste, là où les hommes foncent. La clé, c’est la confiance.

Petite, vous rêviez déjà d’être footballeuse ?
Oui ! C’était le foot ou rien… enfin, peut-être hôtesse de l’air (sourire). J’ai pris ma première licence à sept ans. En Martinique, le sport fait partie de la vie : mes tantes jouaient, mes oncles étaient champions de handball. Après l’école, je jouais toujours avec les garçons. J’avais déjà l’esprit de compétition : je détestais perdre ! Le foot s’est imposé comme une évidence. J’ai toujours eu cette passion, comme si elle était en moi depuis le début.

Racontez-nous votre parcours.
Petite, je regardais un match de l’équipe de France féminine et j’ai dit à ma mère : « Un jour, tu me verras porter ce maillot. » Elle a souri, mais moi j’y croyais. J’ai joué avec les garçons, ce qui m’a forgée : il fallait s’imposer. En Martinique, un conseiller technique s’est battu pour que je sois la première fille à intégrer un pôle de formation masculin. Il m’a ensuite trouvé un essai à Lyon : tout a changé. Sept entraînements par semaine, l’internat, la rigueur, le froid, mais c’était exactement ce que je voulais. J’ai compris que c’était ma chance et que je ne pouvais pas la laisser passer.

Les petites phrases du type “le foot, ce n’est pas pour les filles” ne vous ont jamais découragée ?
Jamais ! Au contraire, elles me motivaient. J’avais envie de prouver qu’ils avaient tort. Ces remarques, je les transformais en énergie. Je me disais : « Tu vas voir, je vais te faire fermer la bouche. » Souvent, je répondais : « Et si demain ta fille te dit qu’elle veut jouer au foot, que lui diras-tu ? » Pour moi, ce genre de discours appartient au passé. Il faut avancer.

« La confiance en soi, c’est la clé »

Comment gérez-vous l’exposition médiatique et les critiques ?
Les réseaux peuvent être violents. Le club accompagne les jeunes joueuses, car ce n’est pas anodin. Il faut garder le recul nécessaire. Un jour, on te dit : « Tu es la meilleure » ; le lendemain : « Tu ne sers à rien. » Il ne faut pas confondre les réseaux et la vraie vie. Ce qui compte, c’est le terrain. Je plaide aussi pour plus de transparence : les comptes devraient être identifiés, pour que chacun assume ses propos.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes filles ?
J’encourage à y aller, sincèrement et surtout à avoir confiance en soi. Le chemin est semé d’embûches ce n’est pas facile et ce n’est pas tous les jours rose, mais ça vaut le coup parce qu’on apprend beaucoup sur soi, individuellement. On apprend aussi beaucoup des autres, on s’inspire des autres et on se retrouve entourée de joueuses qui ont envie de faire la même chose que vous : être compétitrices, gagner des titres. C’est challengeant tous les jours. Aujourd’hui, mon message pour les jeunes filles qui ont envie de faire n’importe quel métier, c’est : « allez-y ! » La confiance en soi, c’est la clé : si vous n’y croyez pas, personne ne le fera à votre place. Le sport apprend la rigueur, le dépassement, le travail collectif. Et au bout, il y a toujours la fierté de se dire : « Je l’ai fait. »

Quel a été le plus grand défi de votre carrière ?
Le mental. Quand on joue dans un club qui gagne tout, la pression est constante : chaque saison, on attend de vous que vous fassiez aussi bien, voire mieux. Il faut rester concentrée, performante, leader. C’est exigeant, mais c’est aussi ce qui m’a construite.

Si vous aviez une baguette magique… ?
Je donnerais aux femmes la confiance qu’elles méritent. Je leur donnerais des clés pour pouvoir, quand elles prennent un poste, que ce soit dans le foot ou dans n’importe quel domaine, se sentir en sécurité. Qu’elles se sentent légitimes, qu’elles cessent de douter de leurs compétences. La réussite, c’est d’abord un état d’esprit : il faut croire en soi, oser prendre sa place et la tenir. Trop souvent, les femmes se posent des questions qui n’ont pas lieu d’être. Il faut comprendre que nous sommes compétentes, que nous avons des valeurs et que notre parole compte. Parfois, pour devenir numéro un, il faut simplement avoir confiance en soi, se prendre en main et aller chercher la place que nous méritons et pour laquelle nous avons travaillé.

 > Retrouvez l’entretien intégral en vidéo sur la chaîne YouTube de l’Equipe des Lyonnes

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