Propos recueillis par Morgan Couturier et Marco Polisson – À la tête de la Mairie du 6ème arrondissement de Lyon depuis plus de 11 ans, Pascal Blache a décidé de se mettre en retrait de la scène politique. L’élégant édile se garde toutefois le droit de revenir. À son poste ou derrière Jean-Michel Aulas.
LP : Vous auriez récemment pris la décision de vous mettre en retrait de la vie politique. Nous confirmez-vous cette information ?
PB : Pendant trois mois, oui, je suis en retrait de la vie politique, mais je ne la clôture pas.
Qu’est-ce qui a motivé cette décision soudaine ?
Depuis pratiquement douze ans, j’ai siégé dans toutes les structures (Métropole de Lyon, Ville de Lyon et Mairie du 6ème arrondissement). Au début, on ne se rend pas bien compte combien c’est chronophage. Il y a une réunion à la mairie du 6ème arrondissement, avant d’aller à la mairie centrale puis de rallier la Métropole de Lyon. Ma femme m’a interpellé : ‘‘ça fait plus de 11 ans que tu fais les trois, tu ne vas pas passer ta vie à faire cela’’ ! J’ai besoin de faire un break.

Pascal Blache entouré des conseillers de Lyon 6 lors de ses vœux en 2023
À 60 ans, il ne vous reste qu’un an pour boucler votre mandat, est-ce trop compliqué d’aller au bout ?
Je suis grand-père deux fois, j’ai envie de profiter un peu de cela aussi. Puis je me suis rendu compte que j’étais fatigué. J’ai envie de souffler.
Etes-vous lassé par ce poste que vous occupez depuis 2014 ?
J’ai fait cela pendant des années. J’ai peut-être un peu trop cumulé. Tu ne te rends pas compte, tu as l’impression que tout va bien et un bon matin, tu te réveilles et tu te dis : « qu’est-ce que je fais là ? ». Tu es simplement fatigué !

Avec Gérard Collomb en 2014. Les rapports des deux hommes se sont réchauffés au fil de son premier mandat.
Les bagarres quotidiennes avec les écologistes vous ont-elles épuisé ?
C’est la politique, me direz-vous. Autant on pouvait discuter et avancer avec Gérard Collomb et Georges Kepenekian, mais avec les Verts, c’est impossible. C’est usant car ça dure depuis longtemps.
« Cette mise en retrait va me permettre de prendre trois mois de recul, de réflexion vis-à-vis de mon mandat »
Siéger dans l’opposition à la Métropole et à la Ville de Lyon depuis votre première élection en 2014, n’est-ce pas vivre au quotidien un sentiment d’impuissance ?
C’est une bonne question ! Tu parles avec des gens qui ne sont pas d’accord. Toi, tu as une idée assez claire de ce que tu veux faire, mais tu parles avec des gens, qui de toutes façons, ne vont pas en vouloir et qui ont le pouvoir pour la refuser. On fait des réunions, mais il n’y a rien qui se conclut. Parfois, je repartais et je me disais : que de temps perdu pour zéro résultat !
Vous laissez votre poste vacant. Pendant cette mise en retrait, comment s’organise la Mairie du 6ème ?
C’est simple, à partir du moment où le maire se met en retrait, c’est son premier adjoint qui le remplace. En l’occurrence, Christian Termoz-Mazan.

Lors de la cérémonie d’adieu aux armes du général Gilles Darricau, en juillet 2023, Pascal Blache pose avec son premier adjoint Christian Termoz. C’est lui qui assure l’intérim.
Dès lors, vous présenterez-vous à l’élection de 2026 ?
C’est une question compliquée à laquelle je n’ai pas envie de répondre ce soir parce que je n’ai pas tous les éléments. Aujourd’hui, repartir à la mairie du 6, après deux mandats, j’ai un peu passé l’âge. Ce qui est important pour moi, c’est de me dire que j’ai fait le boulot. Sur les trois collectivités et pendant près de 11 ans. Cela dit, pour l’instant, je ne lâche pas les gens.
« La Mairie du 6ème ? Il y a un paquet de candidats potentiels ! »
Si vous ne vous représentez pas en 2026, à qui songez-vous pour prendre la suite ?
Attendez, on a entendu une explosion (il rigole) ! Non, je ne songe à personne (rires) ! Le timing n’est pas bon, c’est encore trop chaud. À l’heure actuelle, il y a un paquet de candidats potentiels pour le 6ème ! Cette mise en retrait va me permettre de prendre trois mois de recul, de réflexion à ce sujet. Je pense que les gens peuvent le comprendre. Je ne mets pas le feu. Je dis aux élus de ma majorité : ‘‘Essayez de travailler ensemble’’.
Un rôle d’ambassadeur qui lui tient à cœur

Pascal Blache et ses supporters réunis au Splendid en 2021 par Olivier Bouzard, Samuel Soulier et Damien Gouy-Perret
En avril dernier, vous annonciez soutenir la candidature de Jean-Michel Aulas. Ferez-vous tout de même campagne à ses côtés ?
Je réitère mon soutien à Jean-Michel Aulas. Nous nous sommes retrouvés autour d’un café au Rive Gauche. Nous avons échangé sur les chances de sa candidature. Il est revenu une deuxième fois en regardant comment organiser les choses. C’est là que je peux lui être utile. Grace à mon carnet d’adresses, je souhaite m’impliquer en tant qu’« ambassadeur » pour rassembler les bonnes volontés de la vie politique et de la société civile autour de sa personne.
Trouverez-vous la force de le soutenir ?
Oui, car l’enjeu est de taille. Si on gagne ces élections, on aura la chance de faire repartir la ville du bon pied. Qui peut le faire à la place de Jean-Michel Aulas ? Personne !
Quid de Pierre Oliver et Georges Képénékian ?
Georges, c’est un affectif. Alors il est affecté par le fait qu’on ne lui laisse pas la première place, mais il doit être lucide face au danger que représente un second mandat écologiste. La ville ne s’en relèverait pas. Je l’encourage, tout comme Pierre Oliver – qui a toute la vie devant lui – à constituer dès à présent un ticket gagnant avec JMA.

Au pupitre pour son discours célébrant le 80eme anniversaire de la Libération de Lyon – Photo Karine Bourgain Lyon People
Vous avez pour habitude de dire que vous ne retenez du passé que le positif. Alors en s’avançant un peu, quels souvenirs garderez-vous de votre mandat de maire du 6ème arrondissement ?
Les très bons souvenirs, ce sont les grands événements. Quand on célèbre la Libération de Lyon, avec une vraie cérémonie et un défilé de véhicules militaires, c’est un événement marquant pour les Lyonnais qui veulent continuer à entretenir cette mémoire. Avec Hervé Brun, on a également sauvé Pierre Orsi. On s’est battu pour lui (et le rachat par le groupe Épicure) ! Et je me suis toujours battu pour conserver la qualité de vie de l’arrondissement. Malgré notre manque de moyens, ce fut toujours ma priorité !
Quel bilan dressez-vous de vos 11 années à la mairie du 6eme ?
Je suis ravi d’avoir conservé une mairie de proximité avec les habitants, dans la lignée de mes prédécesseurs. C’est dans ma nature d’être près des gens. On fait tous les événements marquants du calendrier, on organise des conférences et des réunions thématiques. On reçoit personnellement des personnes en difficultés ou en projets. Et si on fait le calcul du nombre de personnes que l’on a accueillies à la Mairie du 6ème, c’est un truc de fou ! On ne peut même pas imaginer ! C’est une fierté de me dire, on a fait tout cela pour les habitants du 6.

Sa fille Manon est très impliquée dans son entreprise Valcena
Pour l’heure, vous êtes libéré de vos obligations. À 60 ans, à quoi va ressembler le futur de Pascal Blache ?
La pêche (rires) ! Non, l’avenir tout de suite, c’est mon activité professionnelle que je vais reprendre un peu en main avec ma fille Manon. Elle est très opérationnelle. J’ai réadapté mon entreprise* avec elle et mon associé. On est 3, ça tourne très bien comme cela.
C’est le moment également de s’occuper de votre famille ?
Ma femme, Cristel, a toujours été solide. On est marié depuis 35 ans, ce n’est pas rien. Elle s’est toujours occupée de nos enfants, de nos petits-enfants. Elle ne lâche jamais rien, à partir du moment où c’est dans la sphère familiale et des amis. Je la remercie de sa présence et de son soutien constant durant toutes ces années de vie publique.

Au côté de son épouse Christel Mérieux, lors du diner de gala de boxe du JALB au Pasino
* Valcena, spécialisée dans les produits de beauté pour les hôtels
il ne veut pas subir ‘e camoifletf.ette battu pas monsieur foucet