Interview de Claire Pouzin, maire de Francheville : « Faire vivre la démocratie en vous engageant »

20 mai, 2025 | Actualités People Lyonnais | 0 commentaires

Chaque mois, Alexandra Carraz-Ceselli, fondatrice de L’Équipe des Lyonnes, un réseau de 3300 membres qui encourage les femmes à prendre leur place dans le débat public, nous propose de découvrir une lyonnaise au parcours exceptionnel, au cours du podcast « Le Café des Lyonnes ».

Ce mois-ci, rencontre avec la nouvelle maire de Francheville, une femme au parcours aussi atypique qu’inspirant. Maman de quatre enfants, ancienne manager de tournée puis peintre en bâtiment, Claire Pouzin s’est imposée en politique avec naturel et détermination. En quelques années, elle est passée d’adjointe à maire, portée par une volonté de servir sa commune et d’agir concrètement pour ses habitants.

Son engagement, ancré dans la vie réelle, s’exprime aussi bien dans sa gestion municipale que dans son quotidien de femme et de mère. Elle incarne une vision pragmatique de la politique, fondée sur l’écoute, le collectif et la bienveillance. Une femme libre et audacieuse, à découvrir.

 L’INTERVIEW

ACC : Pensez-vous être une femme engagée ?
CP : Je me suis engagée en politique, lors du début du mandat de 2020. J’avais envie de m’ancrer dans ma ville, d’être au service des habitants. Je suis passée d’adjointe à maire en cinq ans, et j’ai vraiment aimé la richesse de cet engagement au service des autres. Pour autant, mon premier engagement restera ma famille. Je suis engagée depuis vingt ans avec mon mari, et cela aussi représente un engagement essentiel pour moi. Nous nous sommes engagés à vingt ans, nous étions très jeunes, et nous ne savions pas ce que la vie nous réservait. Nous avons construit notre petite vie tous les deux, puis maintenant tous les six, avec nos quatre enfants. Mes journées sont donc bien rythmées entre mère de mes enfants et maire de Francheville.

Est-il compliqué pour une femme de s’imposer dans la vie publique ?
Ce qui effraie les femmes, en réalité, c’est l’ampleur de l’engagement et le temps que cela représente. Je peux comprendre que cela fasse peur aux femmes, car cet engagement empiète beaucoup sur la vie privée et familiale. Les événements d’une ville ont lieu, les ¾ du temps en dehors des heures de travail, le soir ou le week-end. Cela demande une véritable organisation, une gymnastique familiale et personnelle pour tout concilier.

Les femmes sont-elles suffisamment présentes en politique aujourd’hui en France ?
L’obligation de parité fait qu’il y a des femmes qui s’engagent, mais effectivement, quand nous regardons au niveau national, il y a seulement environ 20% de femmes « maires ». L’élection franchevilloise a été particulière, en ce sens qu’il y avait quatre listes en concurrence pour cette élection anticipée, dont trois étaient menées par des femmes et une par un homme. Je pense que c’est rare. Je ne sais pas pourquoi les femmes n’osent pas prendre le lead d’une liste municipale, mais je pense que c’est une question de temps, de peur, et c’est un milieu qui reste assez masculin.

Quand vous étiez petite fille, que rêviez-vous de faire plus grande ?
Petite, j’avais plusieurs rêves : être sage-femme, ouvrir une boîte de nuit, ou devenir hôtesse de l’air pour voyager. J’ai commencé des études d’assistante sociale, mais je les ai interrompues en devenant maman, et la reprise a été compliquée. Ensuite, j’ai tenté des études d’anglais, mais après la naissance de ma deuxième, j’ai arrêté, réalisant que je n’avais pas envie d’enseigner. J’ai alors choisi un BTS de conseillère en économie sociale et familiale, et là j’attendais ma troisième mais je me suis vite rendu compte que je courais après un diplôme sans savoir où j’allais. J’ai fait le deuil du diplôme et accepté que ma vie professionnelle soit différente et non linéaire.

J’ai travaillé plus de 10 ans avec mon mari musicien, en tant que manager de tournée, organisant une quarantaine de concerts par an. Puis, j’ai voulu travailler de mes mains et suis devenue peintre en bâtiment, un métier très masculin. Un patron bienveillant m’a formée, et j’ai pu m’impliquer dans ce milieu. En parallèle, je suis devenue élue à Francheville en 2020 et j’ai repris une petite partie d’événementiel. Ainsi, mes journées sont bien remplies entre la peinture, la mairie et ce travail complémentaire.

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui nous lisent, et qui, bien qu’ayant envie de s’engager, hésitent à franchir le pas d’une mairie ?
D’avoir confiance en elles et de croire en elles. Je pense que si elles ont envie de s’intéresser à la vie publique, qu’elles viennent nous voir. Je serais vraiment heureuse de les rencontrer. Dans cette campagne, il y a parfois des personnes qui sont venues me voir en me disant qu’elles s’étaient engagées avec un autre candidat. Et je leur disais avec beaucoup de joie : « Je trouve cela super que vous vous engagiez, quelles que soient vos idées politiques, quel que soit votre parti. Bravo et merci de faire vivre la démocratie en vous engageant, parce que ce sont des personnes comme vous qui permettent à la démocratie de vivre ». Donc, je dirais aux femmes : n’ayez pas peur, ayez confiance en vous.

Si vous aviez une baguette magique, quelle mesure prendriez-vous pour que les femmes soient plus présentes et plus visibles dans le débat public ?
Je vais repartir de mon histoire puisque j’ai été maman jeune. J’ai toujours aimé apprendre, même encore aujourd’hui, mais quand on est parent jeune, on rencontre parfois des difficultés de garde pour nos enfants et des difficultés pour aller en cours. J’aimerais que l’on trouve quelque chose à faire pour ces jeunes mamans. La moyenne d’âge du premier enfant chez les femmes augmente de plus en plus, mais peut-être faut-il redonner envie aux femmes d’être mamans plus jeunes, et de pouvoir concilier davantage la vie professionnelle et la vie personnelle.

La question de la petite enfance est très présente et on parle beaucoup du service public de la petite enfance, mais je trouve que c’est encore trop éloigné des femmes. J’aurais aimé que l’on trouve un moyen de garde facilement. J’aurais aussi aimé avoir des cours du soir, que ce soit la formation qui s’adapte à nous, plutôt que nous, en permanence, à des modes de formation extrêmement figés. Donc, j’essayerais de mettre en place une mesure qui permettrait aux jeunes femmes, aux jeunes mamans, de continuer leurs études, sans que cela soit un frein. Et d’ailleurs, ce ne serait pas seulement pour les jeunes mamans, mais pour toutes les femmes en général, car on travaille bien l’esprit tranquille quand on sait que nos enfants sont bien.

> Lien vers la vidéo : https://youtu.be/YIrDJgZmWjI

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