Texte : Jocelyne Vidal – « Rendez-nous notre avenue et la vie à nos commerces », « Non à l’Impasse des Frères Lumière », « Pas de commerces, pas d’avenue » …
Les affiches et banderoles largement déployées jeudi par une bonne centaine de manifestants à deux pas du festival Lumière, attisent un vent de colère. Une colère assez glaciale pour inciter quatre agents de police municipale à se réfugier derrière une baraque de chantier.
« Tout le monde souffre, étouffe »
Rejoints par Christophe Cédat, propriétaire du Café 203 et membre très actif du Collectif des Défenseurs de Lyon, de nombreux adhérents d’associations – notamment J’aime Monplaisir et le collectif Sisley, Guilloud-Sans Souci-, ont investi l’avenue des Frères Lumière pour clamer haut et fort la colère des habitants et commerçants.
« Tout le monde souffre, étouffe, rouvrez l’avenue, enlevez le béton, libérez le quartier », martèlent les manifestants, aux côtés d’Evelyne Haguenauer, ancienne adjointe de Gérard Collomb et de l’ancien député Emmanuel Hamelin, inspecteur général des affaires culturelles au Ministère de la Culture.
Des embardées de camions sur les trottoirs
Des passants excédés par « un plan de circulation incohérent » se greffent au cortège où l’on croise Karine Pertus, gérante du concept store Grain de Sable et Christiane Guret, contrainte par les travaux, à mettre la clé sous la porte de la librairie Mise en Page. Les raisons de leur courroux, la rupture de continuité de l’avenue des Frères Lumière décrétée par les écologistes.
La colère est à son comble pour Noëlle Bolland, habitante de la rue Guilloud où sont déviés voitures et camions depuis la coupure en deux de l’avenue des Frères Lumière, au niveau de la rue Saint-Maurice. Résultat ? « Des bouchons et des concerts de klaxons du matin au soir entre deux embardées de camions sur les trottoirs. »
« Les dindons de la farce »
« Du passage de 760 véhicules par jour, nous sommes passés à 2 365 et la circulation des camions s’est multipliée par quatre, de 10 à 40 par jour », confirment Pierre Bouisset et Frédéric Sauvageon, après un comptage minutieux. En parallèle, la chute de fréquentation des commerces est confirmée par Karine Pertus (photo ci-dessous).
« En termes de qualité de vie, nous avons tout perdu, nous sommes les dindons de la farce du nouveau plan de circulation de Monplaisir », s’indignent les membres du Collectif Sisley-Guilloud – Sans Souci qui ne représente pas moins de 430 lots ou appartements répartis en quinze résidences plongées « en plein capharnaüm ».
« On augmente la pollution au lieu de la réduire »
« Les détours infligés aux automobilistes comme aux ambulanciers et aux pompiers nous mettent en danger », déplore à son tour une habitante du quartier depuis 50 ans : « Il est normal que l’aménagement urbain évolue avec le temps, mais là on régresse. »
« On augmente la pollution au lieu de la réduire », renchérissent Josette Castex et Moussadeck Boulegroun. Tous deux amoureux de leur ville, l’octogénaire et le trentenaire fustigent en chœur « le caractère dogmatique d’aménagements imposés et ressentis comme un manque de respect envers les Lyonnais. »
La possibilité d’une alternance vue par Georges Képénékian
Des propos auxquels font écho ceux de Georges Képénékian, venu soutenir les personnes présentes et « les autres » ! « Imposer une vision verticale génère le mécontentement, tout n’est pas à démolir dans un plan de circulation qu’il faudra cependant remanier pour le fluidifier sans donner le sentiment que l’on veut supprimer la voiture, ne représente-elle pas 30% des trajets urbains à Copenhague, la ville du vélo ? »
Candidat en solo aux Municipales de 2026, l’ancien maire de Lyon se dit « frappé par la possibilité d’une alternance » révélée par le sondage de Mag2Lyon, qui donne largement vainqueur Jean-Michel Aulas. « Il va falloir entrer dans le concret de la gestion d’une ville, se battre pour une position centrale, pas un duel mais un vrai débat d’idées politiques. »
10M€ pour une requalification « démesurée » selon Franck Lévy
Conseiller d’opposition du 8ème arrondissement, Franck Lévy tacle une requalification de l’avenue des Frères Lumière « démesurée » par son coût global -10M€- et par son inadéquation aux besoins de l’arrondissement. « La coupure de l’avenue des Frères Lumière nous est tombée dessus, sans répondre à la moindre demande d’habitants ou de commerçants, c’est un non-sens ».
D’où l’urgence de renouer le dialogue avec tous, pour celui qui a apporté son soutien au candidat du mouvement Cœur Lyonnais.
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