Texte : Morgan Couturier – Ancienne élève de l’Institut Paul Bocuse, Justine Ravetti brille derrière les cuisines de la Dame de Pic Dubaï, au cœur de l’immeuble The Link. Personnalité attachante, portée par la créativité, la jeune cuisinière est devenue le parfait relais de l’iconique Anne-Sophie Pic. Dans un décor rêvé et ultra-moderne de 45 couverts, elle officie avec son compagnon et pâtissier, Maxime Toreau, passé lui aussi par les bancs d’Écully.
Perchée haut dans le ciel, sur ce rooftop la rapprochant un peu plus près des étoiles qu’elle souhaite conquérir, Justine Ravetti n’a pas eu besoin de cette mise en scène pour prendre son envol. Elle l’eut bien fait au sens propre, il y a un an, lorsque l’ouverture de la Dame de Pic de Dubaï lui offrit un billet aller sans retour, direction l’émirat.
Toujours est-il qu’après avoir peaufiné son art auprès de sa mentor, Anne-Sophie Pic, c’est bien elle, l’ancienne pensionnaire de l’Institut Paul Bocuse, que le public vient admirer aujourd’hui, au premier rang d’une cuisine ouverte. Un spectacle culinaire où son visage appliqué laisse transparaître une concentration de tous les instants. La cuisine doit être créative. À son image. Et à celle de la ville.
Oubliée ainsi sa légère « appréhension de Dubaï, comme beaucoup de Français », la jeune femme a trouvé son bonheur, « un beau projet » et une vie « simple, dans un pays où tout est possible, à l’opposé de ce qu’elle pensait ». « Je suis encore jeune, alors autant tenter l’expérience », rajoute celle qui débarqua en décembre 2023 dans le costume de sous-chef. Une tunique blanche devenue rapidement trop petite. Alors, depuis le 15 février 2025, son accent chantant brille en première ligne, la charmante cuisinière ayant été promue au rang de chef de cuisine.
Une délicieuse récompense pour cette passionnée de cuisine, nantie d’un appétit grandissant, que même l’étoile Michelin brillant déjà au-dessus de son établissement ne parvient à contenter. « Ici, on s’investit comme si c’était le nôtre », avoue-t-elle, le regard fixé vers de nouvelles conquêtes, un an à peine après l’ouverture du restaurant. Une prouesse pour ce petit bout de femme, originaire de Compiègne, que Lyon et Écully sont venues polir. Et conforter dans l’art de la cuisine.
« J’avais un très mauvais niveau à l’école. Je n’avais clairement pas le niveau pour aller dans un bac général, alors j’ai décidé d’intégrer un lycée hôtelier, et là, ce fut une révolution. J’aimais beaucoup la partie pratique. Pour une fois, j’avais plus ou moins des facilités pour quelque chose. J’ai même fini major de promo. C’est alors que j’ai rejoint l’Institut Paul Bocuse, en 2014. C’est la première fois que je me retrouvais seule dans une autre ville. J’ai beaucoup aimé Lyon », témoigne-t-elle.
« On veut faire en sorte que le restaurant soit connu à Dubaï »
Dans les couloirs du château de la famille Cottin, naît alors une idée bien précise de sa carrière. Celle d’un profil prêt à délaisser les brasseries au bénéfice d’un certain art de la cuisine « où l’on sublime le produit ». L’idée plaît. La benjamine de sa promotion également. Car si son joli minois fait succomber Maxime Toreau (ci-dessous), compagnon et partenaire de toutes ses aventures, ses aptitudes ont surtout su séduire les grands du métier : Éric Pras à la Maison Lameloise, Dimitri Droisneau à la Villa Madie et maintenant Anne-Sophie Pic, au sein du restaurant triplement étoilé de la Valentinoise. D’abord en stage, puis comme sous-chef junior à l’issue d’une parenthèse personnelle de trois ans et demi à la barre de sa « brasserie plus plus » : la Table du 7, à Cassis.
« J’ai eu envie de retravailler dans des restaurants gastronomiques. Et j’aime beaucoup la cuisine de la chef Anne-Sophie Pic », affirme-t-elle. La réciproque sera tout aussi valable. Dès lors, malgré 28 maigres années au compteur, sa guide spirituelle ne mit pas longtemps à l’envoyer jouer au cœur du Golfe. Depuis, la femme la plus étoilée du monde a visé juste. Cette « première expérience d’expatriation » est un succès, aussi réussie que ses berlingots au Comté ou son Saint-Pierre rôti au binchotan.
Et même si Anne-Sophie Pic conserve un œil et un mot sur le contenu de la carte, Justine Ravetti a trouvé la lumière. Et cette reconnaissance qui en fait « une future grande », aux yeux du guide Gault & Millau. Un titre acquis en cette année 2025, dont le trophée, fait de boîtes de caviar, incarne un certain prestige. Il ne peut être loupé. Les visiteurs ne l’ont pas manqué.
Résultat : après des débuts timides, les tables se remplissent et les plats fourmillent depuis le début de l’année. Boostée par les « oui chef » glissés par son chéri à son oreille, Justine Ravetti a trouvé son eldorado. Pour cela, le couple est prêt à tout donner. Et ce, jusqu’à loger à deux pas de leur terrain de jeu, dans le quartier de Meydan.
« On est impliqué à fond », disent-ils, alors que Dubaï leur apporte « la même vie qu’en France, mais avec une meilleure qualité de vie ». « C’est très ouvert, peut-être même plus qu’en France. Tout le monde cohabite sans heurts. Je trouve ça extraordinaire », valide sa moitié. Le duo, lui-même, en est l’étendard. En effet, sitôt les casseroles lavées et les assiettes rangées, le couple se plaît à entretenir l’hospitalité locale.
Dans un ultime sourire, les hôtes aident ainsi à digérer un menu où l’excellence s’amuse à rehausser son niveau à chaque présentation d’un nouveau plat. Au point de faire dire que le déplacement vaut bien le détour. Même pour 6 heures et demie d’avion. Il faut dire que le coup de cœur est total pour cet as de la cuisine. Une véritable dame de cœur, au pays de la Dame de Pic.
Ses adresses :
- Le restaurant Row on 45
- Le beach club Sal au bord de la plage et au pied du Burj Al Arab
- Dinner by Heston Bluementhal au sein de l’Atlantis The Royal
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