Sylvie Tellier : « On peut être une femme de conviction sans être une femme de conflit »

4 mars, 2023 | LES GENS | 0 commentaires

Propos recueillis par Alexandra Carraz-Ceselli – Chaque mois, Alexandra Carraz-Ceselli, Fondatrice de L’Equipe des Lyonnes, un réseau de plus de 1800 membres qui encouragent les femmes à prendre leur place dans le débat public, vous propose de partir à la découverte d’une lyonnaise au parcours remarquable, au cours d’un « Café des Lyonnes ».

Ce mois-ci, rencontre avec l’une des Lyonnaises les plus connues des Français ! On ne présente plus Sylvie Tellier, ancienne Miss Lyon et Miss France, qui a dirigé la société Miss France (elle en est aujourd’hui la Présidente d’Honneur), avant de créer sa propre structure pour conduire d’autres projets. Une interview loin des clichés adossés aux concours de beauté, où l’on découvre une jeune femme accomplie, entrepreneuse, qui fourmille de projets et a envie de donner de la visibilité à des causes qui ont du sens. A l’occasion de l’édition 2023 de la Journée internationale des droits des Femmes, Sylvie Tellier est la marraine du Festival Les Lumineuses qui se tient à Lyon du 4 au 9 mars 2023.

ACC : Pensez-vous être une femme engagée ?
ST : Oui, je me considère comme une femme engagée, même si j’aimerais l’être encore davantage. Pour moi, il s’agit d’une femme qui donne de son temps, pour une cause et pour les autres. J’ai créé il y a 7 ans l’association « Les Bonnes Fées » qui ouvre des maisons dans les centres de cancérologie pour offrir des soins de thérapies complémentaires, très utiles dans le cadre de la lutte contre le cancer. Nous en avons déjà financé 4, dont une à Lyon, au centre Léon Bérard. C’est important car l’engagement donne du sens à ce que l’on fait. C’est peut-être aussi une question d’âge, car on a peut-être envie de donner un peu plus et également de donner un peu de fond à nos actions. J’avais vraiment besoin de cela, surtout en étant issue d’un concours de beauté -j’ai eu beaucoup de chance dans la vie, j’ai été élue par les Français- je voulais utiliser la notoriété que l’on m’a offerte, au profit de quelque chose d’utile. Le concours Miss France a lui aussi une véritable utilité, car cela permet à des jeunes femmes de prendre la parole, de changer de vie, c’est un vrai tremplin dans leur vie professionnelle, mais je trouvais aussi important de mettre cette notoriété au service d’une association, ou d’une cause.

Vous avez été plongée dans un univers de femmes au cours de votre carrière professionnelle. Trouvez-vous que les femmes sont suffisamment engagées dans le débat public ?
On rentre dans un vaste sujet, celui de la parité, dans les salaires, les entreprises, le débat public… Je trouve que les femmes sont de plus en plus présentes. J’ai le sentiment que les femmes sont plus engagées que les hommes, parce que l’on aime s’engager et que l’on a cette volonté d’aider, de transmettre.

Petit retour en arrière, que rêviez-vous de faire quand vous étiez petite ?
Toute petite, je voulais être hôtesse de l’air, puis ensuite avocate, car je me sentais investie d’une mission, celle de défendre la veuve et l’orphelin. J’ai commencé mes études de droit à Nantes, avant de me spécialiser en droit des affaires et de la fiscalité des sociétés et donc d’arriver à Lyon, jusqu’à commencer l’IEJ (Institut d’Etudes Judiciaires de Lyon). Et puis la vie en a décidé autrement, puisque je me suis présentée à Miss Lyon et j’ai été élue.

Comment vous est venue l’envie de vous présenter ?
Je regardais Miss France depuis que j’étais toute petite, et je trouvais cela assez ludique. Donc avant de m’engager dans cette carrière juridique, j’ai eu envie de participer à Miss France pour faire comme une année de césure en quelque sorte. Je n’avais jamais voyagé, jamais fréquenté un hôtel de luxe, et le côté “princesse des temps modernes” m’attirait pas mal, sans imaginer un jour que je serai élue Miss France. Et puis, un alignement de planètes, nous sommes le 8 décembre 2001, soir de la Fête des Lumières, et Gérard Collomb, qui venait d’être élu, m’envoie un fax à l’hôtel des Miss à Mulhouse dans lequel il écrit “c’est la Fête des Lumières, j’espère que Lyon brillera jusqu’à Mulhouse”. Quand je me retrouve parmi les 12 finalistes et que Jean-Pierre Foucault me tend le micro, je parle de la Fête des Lumières, de mes études de droit à Lyon et de l’importance de pouvoir prendre la parole devant des millions de téléspectateurs, et j’ai été élue par les Français. Ce jour-là, ma vie a changé.

Comment évolue-t-on dans ce milieu des médias nationaux dans lequel vous vous retrouvez projetée à seulement 24 ans ?
C’est très difficile de se faire sa place. Je me retrouve également parachutée à 29 ans, Directrice générale d’une société dans laquelle j’ai été élue moi-même quelques années auparavant. En étant une femme, blonde, d’1,72 mètres… comment on s’en sort ? On essaie d’expliquer qu’avant tout, on a des idées, on s’entoure, on construit une équipe, on manage, on fait des erreurs, on apprend, et on se met dans un rôle de leader. J’avais envie d’avancer, j’avais des idées et l’envie de les défendre. Et comme tout le monde, comme pour toute femme en entreprise, on rentre chez soi, on pleure un peu de temps en temps parce que ce n’est pas facile, mais surtout on ne le montre pas, et on avance.

Cela a été plus difficile en étant une femme dans ce milieu ?
Clairement, c’est plus difficile, surtout dans ces milieux de production, d’audiovisuel où il y a peu de femmes, et où celles qui s’y trouvent sont souvent cataloguées comme étant des femmes de caractère, mais avec un côté négatif ; on est toujours des “femmes de poigne”, “difficiles”, alors que nous ne sommes pas plus difficiles qu’un homme, on a besoin de s’affirmer et on dit non. Une femme qui dit non est automatiquement une femme désagréable, alors qu’un homme qui dit non, est un homme de conviction et de pouvoir. C’est cela qui est compliqué. J’ai travaillé avec beaucoup de présidentes femmes, qui avaient souvent mauvaise presse dans le milieu de la production, mais pour ma part, je les admire, car ce n’est pas évident, elles managent des équipes, défendent des budgets. On peut être une femme de caractère, de conviction sans être femme de conflit. On confond trop souvent les deux notions.

« Il n’y a pas grand-chose qui m’arrête, ni me décourage ! »

Vous n’avez jamais douté dans votre parcours ?
Présentez-moi des femmes de 40 ans qui sont chefs d’entreprise et qui n’ont pas le syndrome de l’imposteur ! Nous l’avons toutes ! Surtout en sortant d’un concours de beauté (rires). Heureusement, la résilience est mon deuxième prénom. Il n’y a pas grand-chose qui m’arrête, ni me décourage !

Quels conseils donneriez-vous aux femmes ?
En ce qui me concerne, je ne me mets aucune limite. Je fais ce que j’ai envie de faire, et les convictions que j’ai, je les assume. Et je continuerai à dire non, à le défendre, et sans doute à avoir cette réputation de femme de caractère. Je crois qu’il faut l’assumer et vivre avec. J’encourage souvent les femmes à entreprendre, même avec trois enfants, car on peut tout faire. Alors certes, on ne fait pas tout bien, mais tout s’organise. Nos carrières de femmes peuvent évoluer en fonction de nos besoins de mères et de ceux de nos enfants. On trouve toujours du temps ! Si vous avez envie de faire quelque chose, il faut oser. Si vous avez des convictions, allez taper aux portes, n’attendez pas.

Si vous aviez une baguette magique, quelle mesure prendriez-vous pour permettre aux femmes d’être plus engagées dans la société ?
Je ferais reconnaître le métier de mère comme un métier justement. On n’a pas toutes envie d’entreprendre. En ce qui me concerne, j’adore élever mes enfants, mais je ne suis pas faite pour rester à la maison ; j’ai envie de créer. En revanche, je croise beaucoup de femmes qui ont envie de se consacrer entièrement à leur rôle de maman. Pourquoi ne pas reconnaître ce statut de maman ? D’autres pays savent le faire. On devrait avoir la possibilité de le faire.

> Retrouvez cet entretien dans son intégralité sur la chaîne YOU TUBE

BONUS

Journée internationale du droit des femmes
A l’occasion de la journée du 8 mars 2023, L’Équipe des Lyonnes a décidé de se mobiliser pour engager les femmes à contribuer davantage au débat public et à se faire entendre. Outre le dévoilement de son Livre Blanc annuel, et une conférence sur les femmes face à l’exercice du pouvoir en partenariat avec le Barreau de Lyon, l’association souhaite également organiser un temps fort et médiatique de solidarité avec les femmes iraniennes et contribuer ainsi à sensibiliser le grand public à la situation des femmes en Iran.
08.03.23 à 18h00 au Barreau de Lyon
Café-Débat des Lyonnes – « Les femmes et l’exercice du pouvoir : une nouvelle gouvernance possible ? »
suivi du dévoilement du Livre Blanc des Lyonnes
📍 https://my.weezevent.com/lequipe-des-lyonnes

Festival Les Lumineuses
L’Équipe des Lyonnes s’associe à la démarche des Lumineuses à Lyon pour inscrire ses événements à l’intérieur d’une grande semaine des réseaux féminins lyonnais, du 4 au 9 mars qui met en lumière le potentiel féminin. Sylvie Tellier est la marraine des #Lumineuses2023.
📍 Le programme complet en cliquant ici

 

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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