Lyon. Monseigneur Olivier de Germay dans ses nouveaux habits d’archevêque de Lyon

25 décembre, 2020 | LES GENS | 0 commentaires

Par Marc de Jouvencel

En ce jour de Noël, nous revenons sur l’intronisation de Monseigneur Olivier de Germay, nouvel archevêque de Lyon, qui a eu lieu ce dimanche 20 décembre 2020. Trois cents fidèles sont venus découvrir le primat des Gaules en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste.

Il est 15h, en ce dimanche de l’avent, à quelques jours de Noël. Debout, sur le parvis de la primatiale, un homme d’église, cheveux poivre et sel, la soixantaine, se tient les mains nouées (par le stress et l’émotion) devant les lourdes portes sculptées largement ouvertes. A ses attributs vestimentaires (calotte violette, soutane aux filets violets, croix pectorale), le non profane sait qu’il s’agit là d’un évêque. Plus précisément, de l’ancien évêque d’Ajaccio.

Il ne va pas patienter très longtemps, car du beau monde est là pour l’accueillir : 45 évêques dont les archevêques de Paris et de Marseille, de nombreux prêtres, diacres, laïcs, les membres de sa famille (dont son papa) et des représentants de l’Eglise de Corse. Reconnaissable à sa mosette brodée d’hermine, le doyen du chapitre des chanoines de la primatiale lui adresse des mots de bienvenue puis Mgr Olivier de Germay remonte l’allée centrale en bénissant les fidèles.

Dans le chœur, il est assisté par le père Jean-Sébastien Tuloup, cérémoniaire et recteur de la cathédrale. Sous le regard de Monseigneur Michel Dubost, administrateur du diocèse de Lyon depuis la démission du cardinal Philippe Barbarin, et des évêques auxiliaires, le nonce apostolique (l’ambassadeur du Saint-Siège en France) lui remet sa crosse et le conduit à la cathèdre, un magnifique siège de marbre. « C’est l’instant de la prise de possession du siège épiscopal » relate Etienne Piquet-Gauthier, directeur de la Fondation Saint-Irénée.

A l’issue de la cérémonie, Mgr Olivier de Germay a prononcé son premier discours que nous retranscrivons dans son intégralité ci-dessous. Nous lui souhaitons la bienvenue.


Première allocution de Mgr Olivier de Germay

« Merci Mgr le nonce d’être avec nous aujourd’hui, de représenter le pape François qui m’a confié cette nouvelle mission. J’ai apprécié la façon dont vous m’avez annoncé cette nomination : avec des paroles d’encouragement mais aussi en respectant ma liberté. Le pape a choisi celui auquel personne n’avait pensé ; j’y ai vu la signature de l’Esprit Saint.

Je vous salue tous frères et sœurs.

Je salue en particulier mes frères évêques venus nombreux (cela m’impressionne !). Merci de votre présence, de votre soutien fraternel. Je salue en particulier les évêques de la Province de Lyon ; nous aurons l’occasion de nous rencontrer régulièrement.

Je voudrais saluer et remercier d’une manière particulière Mgr Michel Dubost qui a assuré l’intérim pendant 18 mois. Il a fait un beau travail de pacification, d’apaisement. Merci, cher Michel, d’avoir été pour moi un frère ainé ; merci pour ce passage de témoin.

Je salue les membres de la délégation Corse ! Ils ont franchi la mer pour venir jusqu’en Gaule ! Merci pour tout ce que j’ai reçu en Corse !

Je salue ma famille ; ils sont venus nombreux… il a fallu limiter, sinon ils auraient rempli la moitié de la cathédrale ! Merci à mes parents de m’avoir transmis le trésor de la foi.

Merci aussi à mes amis venus parfois de loin, en particulier Toulouse, mon diocèse d’origine.

Je salue fraternellement les représentants des autres Eglises chrétiennes présentes à Lyon. J’aurai bien entendu le désir de m’inscrire dans la longue tradition d’œcuménisme qui existe ici.

Je salue les membres de la communauté juive (j’ai rencontré avant la messe le grand rabbin de Lyon). Je salue également les représentants des communautés musulmanes présentes dans le diocèse.

Vous avez peut-être remarqué, frères et sœurs, l’absence des élus et autorités civiles ou militaires. J’aurai l’occasion de les rencontrer et de les saluer le 15 janvier à l’occasion des vœux de l’archevêque. Je profite de l’occasion pour remercier les services de l’État pour la restauration en cours de cette belle primatiale.

Je remercie également les journalistes ; ils sont nombreux parmi nous. Merci d’avoir accepté de ne pas m’interviewer aujourd’hui pour me permettre de vivre pleinement cette journée. Je ne suis pas forcément un pro des médias… mais c’est promis, je serai plus disponible pour vous dans les semaines qui viennent !

Je vous salue tout particulièrement frères et sœurs de l’Église catholique qui est à Lyon, que vous soyez de l’agglomération lyonnaise, du Rhône ou du Roannais. Je salue les catéchumènes et tous les fidèles baptisés ; en particulier vous qui êtes engagés au service de l’Eglise en tant que bénévoles ou salariés, vous les consacrés, les séminaristes, les diacres, les prêtres que j’ai hâte de rencontrer personnellement. Un salut fraternel à mes frères évêques auxiliaires : Mgr Patrick le Gal et Mgr Emmanuel Gobilliard.

En ce 1er jour de mon épiscopat parmi vous, je voudrais honorer l’histoire si ancienne et si riche de ce diocèse. Je m’incline devant la mémoire des saints martyrs (sainte Blandine, saint Pothin, saint Irénée et tant d’autres). J’honore la mémoire de tous les saints et saintes de Dieu, connus ou inconnus, qui ont marqué, jalonné, façonné l’histoire de ce diocèse.

Mais je voudrais aussi saluer la vitalité et le dynamisme de cette Église aujourd’hui (je devrais dire notre Église). Et je rends grâces à Dieu pour tous ces engagements qui sont les vôtres au service de la mission.

Ceux qui sont au service des pauvres et de toutes les personnes dans l’épreuve (personnes sans domicile fixe, personnes malades, détenus, en situation de handicap, etc.) Ceux qui s’engagent dans la société au service du bien commun ; en particulier pour la sauvegarde de l’environnement.

Ceux qui sont au service de l’intelligence de la foi, de la formation, de l’éducation des jeunes… ; au service de l’initiation chrétienne et de la croissance dans la foi ; ceux qui ont à cœur d’annoncer explicitement le Christ Sauveur.

Je note aussi le rayonnement international du diocèse. On pense au jumelage avec le diocèse de Mossoul.

J’ai reçu un mot de l’archevêque chaldéen de Mossoul, Mgr Michaeel. Nous sommes aussi en communion avec le cardinal Sako, patriarche de l’Eglise catholique chaldéenne et avec tous les chrétiens d’Orient. Il y a le jumelage avec le diocèse d’Antelias au Liban. Je salue la présence de son vicaire général, le P. Roukoz Barrak. Également le diocèse de Koupela dont l’évêque, Mgr Gabriel Savadogo est parmi nous.

Mon arrivée à Lyon marque une étape pour le diocèse. J’aurai l’occasion d’annoncer dans les mois qui viennent des changements parmi mes proches collaborateurs. En attendant, j’annonce qu’à sa demande le P. Yves Baumgarten est déchargé de sa mission de vicaire général. Je pense être le porte-parole de tous en le remerciant pour l’énorme travail qu’il a accompli pendant toutes ces années. Je nomme Mgr Emmanuel Gobilliard vicaire général modérateur de la curie, et je reconduis le P. Eric Mourterde comme vicaire général, avec des missions redéfinies.

Nos missions personnelles évoluent, mais la mission de l’Église demeure ; et cette mission est belle ! N’en doutons jamais !

Nous sommes envoyés dans ce monde, aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, dans ce monde que nous devons aimer comme il est, avec ses qualités et ses contradictions ; dans ce monde qui semble parfois déboussolé, angoissé ; où se mêle le meilleur et le pire, de belles expériences de solidarité et des grandes injustices ; ce monde qui aspire à une vie plus harmonieuse, plus respectueuse de l’environnement ; ce monde qui cherche le bonheur mais qui a du mal à trouver le chemin de la paix.

Dans ce contexte, nous sommes envoyés pour dire à nos frères et sœurs en humanité : Ta vie n’est pas absurde ; elle a un sens parce que tu es désiré et aimé de toute éternité.

La mort n’est pas l’horizon ultime de ton existence, tu es fait pour la vie et l’amour en plénitude, tu es fait pour Dieu. Le mal dont nous faisons tous l’expérience (dans le monde, chez les autres et aussi en nous-mêmes) ; ce mal qui nous fait parfois souffrir, n’aura pas le dernier mot. Car la vie s’est manifestée ; car il existe un mystère de miséricorde. Et désormais l’amour est possible, la justice est possible ; il existe un chemin qui conduit à la paix. Et ce chemin à un nom : Jésus-Christ.

Frères et sœurs, notre mission est magnifique ! n’ayons pas peur ; n’ayons pas honte d’être chrétiens. Ce que nous avons à annoncer et à transmettre est un trésor. Parfois nous l’oublions parce que ce trésor est contenu dans un vase d’argile. Et nous sommes ce vase d’argile, fragiles et parfois fissurés. L’Église est ce vase d’argile ; mais elle est sainte ; non pas parce que nous serions tous saints (ça se saurait), mais parce qu’elle est le lieu où la sainteté de Dieu se communique au monde.

L’expérience de notre péché n’enlève rien au trésor que nous annonçons mais, il faut bien le reconnaitre, ce péché est un frein à l’évangélisation. Il prend des formes différentes ; il se manifeste en particulier dans la division.

C’est pourquoi, frères et sœurs, je voudrais vous dire aujourd’hui : Aimons-nous les uns les autres ; et d’abord au sein de notre Église diocésaine.

Aimons-nous les uns les autres. Je sais bien, ce n’est pas facile ; nous sommes tellement différents par nos histoires, nos tempéraments, nos façons de faire… Mais avec la grâce de Dieu, c’est possible. Aimons-nous les uns les autres. Ne faisons pas de nos différences des occasions de discorde.  Et si nous nous sommes blessés, prenons avec courage un chemin de réconciliation, et demandons-nous pardon.

Je sais bien que ce que l’on a appelé « les affaires » a blessé, abimé l’unité de notre diocèse. L’affaire Prenat est devenue l’affaire Barbarin ; il y a eu les pour et les contre. A peu près tous, cependant, sont d’accord pour reconnaitre le dynamisme, la créativité, l’impulsion missionnaire que l’on doit au cardinal.  Personnellement, je rends grâces à Dieu de pouvoir bénéficier de ce dynamisme. Et aujourd’hui j’ai une pensée pour le cardinal Barbarin qui doit avoir le cœur serré.

Mais ne me demandez pas de prendre parti dans ce conflit qui a été destructeur. Tout cela appartient au passé.

Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la nécessité de poursuivre un chemin de paix et de réconciliation. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la souffrance des victimes ; nous ne pouvons pas l’ignorer. En tant que membres du Corps du Christ, cette souffrance nous atteint tous, et en ce jour solennel, je m’incline devant elle. Avec mes proches collaborateurs, nous poursuivrons le travail de mémoire, de reconnaissance, d’accompagnement et bien sûr de prévention qui a été engagé.

Frères et sœurs, malgré ce contexte difficile, notre mission est magnifique ! Nous avons un service à rendre à la société ; c’est le plus grand, le plus beau des services. Mais nous devons nous en acquitter humblement. Avec audace et assurance, mais humblement.
Nous le ferons ensemble, avec la grâce de Dieu.

Vous avez peut-être lu des choses me concernant ces derniers temps, des paroles élogieuses et d’autres moins respectueuses. N’accordez pas trop d’importance à tout cela ; méfiez-vous des étiquettes. Je ne suis pas le Messie ; je ne suis ni un héros ni un facho ; un homme tout simplement, avec ses qualités et ses défauts, comme vous ; un homme qui a été saisi par le Christ et qui brûle du désir de manifester l’amour de Dieu pour le monde.

En arrivant ici, il y a quelques jours, j’ai célébré la messe sur le tombeau de saint Irénée, puis je suis allé à Fourvière, et là, j’ai dit à Marie :

Vierge Marie, Notre-Dame de Fourvière, je te confie ce diocèse et tous ces habitants. Veille sur eux, veille sur nous, prend nous par la main ; apprends-nous à nous laisser guider comme toi par l’Esprit Saint. Et, comme toi, nous pourrons voir les merveilles de Dieu et chanter magnificat. »

Mgr Olivier de Germay
Archevêque de Lyon

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Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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