Guy Mathiolon : les femmes de sa vie

12 avril, 2004 | LES GENS | 0 commentaires

Par Nadine Fageol – Photos de Jean Luc Mège La cinquantaine tendance féconde, de la volonté appuyée sur un sens aigu de la délégation ; le nouveau président de la CCI de Lyon est un petit patron ayant su grimper l’échelle. Ne dit-on pas que la réussite s’appuie sur un lien familial solide. Visite. Une fois n’est pas coutume, on va démarrer par la conclusion. Un homme heureux en famille, ça vous fait du chef d’entreprise épanoui qui devient un président de la Chambre de Commerce à forte valeur ajoutée d’autant plus qu’il est jeune, en forme, franchement avenant, plein d’idées et que son bon sens devrait faire merveille dans le rang des pontes gestionnaires des affaires économiques de la cité. Un grand-père catalan, fuyant le franquisme pour l’Algérie, une grand-mère sicilienne née à Tunis, ses origines en font un Européen d’avant l’heure perclus d’histoire de France. Si une partie de sa famille durant la guerre d’Algérie s’est exilée à New York, l’autre a regagné la rue Baraban. Faculté d’adaptation, faculté au bonheur, il se remémore cette année passée à vivre à vingt personnes dans 80 m2, chauffage au charbon et pas d’eau courante, comme l’une des plus belles périodes de sa vie. « C’était très drôle, mon père avait complètement baissé les bras ». À l’évidence avec l’arrivée de Guy Mathiolon souffle comme un vent d’air frais à la tête de la CCI de Lyon, grosse machinerie avec des fuites dedans même que des fois le personnel tente de se suicider tellement la mission est duraille. Il n’entend faire aucune révolution si ce n’est rendre le mastodonte utile, préférant fédérer les énergies au service des entreprises, organiser la continuité à EM Lyon, bref donner du sens et de la lisibilité en négociant avec Jean-Michel Daclin la reprise du génial slogan « Only Lyon ». Dans la famille Mathiolon, il faut encore chercher les clefs auprès de Pascale, grande dame dynamique et rieuse. Elle voulait habiter « fronte del mar », comprendre « sur les quais » alors elle a déniché la perle. L’appartement à deux pas du bâtiment de la préfecture, destiné sous la Troisième République au président de passage dans la cité. S’il a perdu une certaine verve républicaine à l’exception du splendide bureau entièrement ourlé de boiseries bibliothèques, il a gagné en revanche en intimité familiale, lumineusement coloré, parfois radicalement ludique. Ainsi le hall desservant les chambres des trois filles transformé en salle de danse doté de miroirs et barre et moult équipement de sportives touche à tout. Le couple ne s’est plus quitté, « trente ans que ça dure », après rencontre au bal de la police. Pascale ira jusqu’à vendre sa moto pour rejoindre son ingénieur en coopération à Bamako. À 25 ans, il supervise la construction d’une centrale solaire là où il était parti pour enseigner. Le destin se suscite, et la personnalité de Mathiolon toute d’efficacité pondérée ne laisse pas indifférente, surtout pas Monsieur Paccalin, patron de Serpolet qui l’embauche sur un coup de tête avec déjà dans l’idée de lui transmettre l’entreprise de travaux publics dans le giron familial depuis toujours. « Il a été d’une incroyable générosité sur le prix via un crédit vente qui m’a permis d’acheter Serpolet sur les futurs résultats ». Comprendre Mathiolon implique d’intégrer la notion de transmission, il a d’ailleurs donné une formule pour le moins mignonne à Luc Ferry, « La plupart des entreprises appartiennent à des fonds de pension ; nous, chez Serfim (nom de sa holding, NDLR) on appartient à un fond de passion ». Consolider par la continuité, la délégation, il va intégrer au capital Eric Payen, Pierre Briglia, Thierry Lirola… dix de ses collaborateurs historiques. Pour en arriver là, il a vécu dix ans de forcené, quasi insomniaque, sur le terrain à six heures et pas de vacances. « Pour réussir dans ce métier, il faut avoir la santé et être bien marié » alors il a fait à Pascale ce qu’il appelle « un bail 3/6/9 », les bons mots fusent ici en permanence. Tout d’abord Virginie, 23 ans, à l’université de la Mode, Caroline, 21 ans en médecine + 4 et Alexandra, 17 ans en terminale S. Pascale qui travaillait à l’époque dans une banque a trimbalé sa nichée, qui à la danse, qui au tennis, au ski. L’éducation par le plaisir n’est ici pas un vain mot, le futur médecin parle chinois, une autre pratique la danse orientale, question d’ouverture d’esprit. Normal, Guy qui a le cœur sportif a obtenu cinq actions de l’OL ! Ailier gauche il « joue au foot deux mi-temps et consacre la troisième au rugby » où il possède amis, l’ancien joueur Jean-Louis Reyer et Yvan Patet, et partisans. Fils spirituel de François Turcas, tribun de la CGPME, « un fédérateur, un de ceux qui ne consacre pas son énergie à défendre son pré carré ». C’est encore Didier Pesson du LOU qui l’a poussé à se présenter à la CCI. Il a cinquante ans et l’impression d’en avoir 42, « Depuis que je suis président, j’ai encore plus la forme, je grimpe les escaliers en courant. Ça me fait rire que l’on me présente comme un jeune. J’entends dire, « on a rajeuni les cadres à la CCI !» ». Il a cette élégance faite d’une certaine réserve, pas le genre à parler pour ne rien dire, mais à expliquer inlassablement, et surtout une grande simplicité d’accès. L’entretien s’installe naturellement dans la cuisine, où arrive une à une ses fillounes rieuses. Il se prête volontiers au jeu des photos avec changements vestimentaires tout en posant un œil sage sur sa volubile famille. Pascale n’en perd pas une miette, appareil numérique en main. Oubliée la grasse matinée, ce samedi à l’heure de l’apéro, Guy Mathiolon ouvre un magnum de champagne, l’assemblée gazouille. Où il fait bon s’éterniser avec des gens heureux, de poser des questions tout à trac. Pascale demande que l’on parle du « clan des 14 », Christian, Ghislaine ses frère et sœurs, Didier Buguet le parrain de l’aînée, Guy Piolat, Bruno Vial le consultant… Voilà pour le noyau dur. On revient sur sa nouvelle charge, « Il nous faut arriver à fédérer les énergies autour du développement de l’agglomération ». Et de revendiquer cette particularité de Lyon, ville humaniste en matière de développement économique. « Je suis un disciple de Saint Simon, l’importance est de faire avec passion et d’étudier comment organiser et répartir les richesses. La pme fait le lien social. » Quant à la gestion de l’aéroport Saint-Exupéry, il entend « être maître de son destin, ne rien se laisser imposer ». Il imagine écrire un livre sur la notion de patron aujourd’hui. « Pas uniquement de la présence, mais de la réflexion, stratégie et surtout de la disponibilité et donc la délégation, le partenariat, la confiance. Mon plus bel exemple reste Mr Paccalin, quand il vient à l’entreprise, c’est encore comme le patron ». Une anecdote, notre homme est passionné de nouvelles technologies, imaginez qu’il rencontre Bill Gates, nouveau fournisseur grand-lyonnais…

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