Ce n’est plus un secret, la magie opère aussi en cuisine. Alléché par la tendance du trompe-l’œil, très appréciée de ses confrères, le chef du Sofitel Bellecour s’est amusé, le temps d’une soirée, à jouer avec le goût et les couleurs. Un repas déroutant et savoureux.
« Saurez-vous percer mon jardin », invitait-il sur cette carte, qu’il avait écrite à l’envers, de manière taquine, pour initier ce jeu gourmand qu’il avait nourri avec ses convives. Alors le miroir, soigneusement apposé sur les tables, a révélé les vérités, comme il en a l’habitude, pour dévoiler un délicieux menu, en trompe-l’œil. Une facétie gastronomique, à laquelle a succombé le chef Christian Lherm, après en avoir admiré le succès auprès de ses confrères. « Je voulais me diversifier et trouver un autre public », glissait-il en amont du service. Puis il a laissé opérer la magie, jouant de délicate manière avec les saveurs, les intitulés, le fond et la forme.
Le temps d’une soirée, aux 3 Dômes, les tomates se sont alors muées en carpaccio de bœuf, les frites en bœuf de Salers et les citrouilles se sont transformées en Saint-Jacques, dans une réinterprétation gourmande de Cendrillon. Et chacun y trouvait son plaisir, en se soumettant aux supputations de son palet. « Ce soir, on ne va rien expliquer, vous allez découvrir », glissaient les serveurs. Succès total, dans un dernier écho à ces paroles de Georges Braque : « écrire n’est pas décrire. Peindre n’est pas dépeindre. La vraisemblance n’est que trompe-l’œil ». MC
Mercredi 17 octobre 2018
0 commentaires