Une « région d’avance » avec un train de retard

10 mars, 2010 | DERNIERE MINUTE | 9 commentaires

01 Photos © Fabrice Schiff

 

Par Ghislain Gerin

 

Jean-Jack Queyranne et Robert Badinter tenaient lundi 8 mars son meeting en vue des élections régionales du 14 mars prochain. Au programme : « une région d'avance ». A en juger l'organisation de la soirée, la région à plutôt pris « un train de retard ».

 

02 Transbordeur, 18h, froid glacial à l'extérieur, les portent sont encore fermées. Devant, un vieil homme, attend dans le vent. La sécurité hésite à le laisser entrer au chaud. L'accueil est chaleureux… 18h et quelques minutes plus tard, les portes si bien gardées par les chiens de faïence s'ouvrent enfin. Deux, trois marches enfilées, et voici donc la salle de meeting du candidat socialiste pour la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne. L'espace est cosy : lumières tamisées, ballons de baudruches multicolores et fond sonore mode nouvelle scène française. « Moi je mens passionnément… Au marchand, à Monsieur l'agent… Je mens tellement, c'en est gênant… », première musique lancée, la couleur est annoncée… Pin's de soutien au col, sourire aux lèvres, louanges en bouche, les militants commencent leur bal dans une ambiance bonne franquette. Les dernières affiches Queyranne sont placardées dans la salle. On est en avance ? Non, traditionnel retard des socialistes dans leur organisation probablement. Où sont les vedettes ? Elles se font attendre, elles devraient déjà être là… Les yeux balayent la salle du regard, chacun scrute leur arrivée, mais non… rien. Personne à droite, normal pour l'occasion… Personne à gauche, plus étonnant pour des socialistes aux égox si fort qui aiment habituellement tant se montrer, quitte à se marcher dessus. Pour une « région d'avance », l'organisation de ce meeting a surtout un « train de retard ».

 

03 Et finalement, les voilà. Les grandes figures rhônalpines du Parti Socialiste font leur apparition. Tout arrive à point à qui sait attendre, qu'on se le dise. Najat Belkacem ouvre le défilé, accompagnée d'Hervé Saulignac (directeur de campagne) et de Michel Grégoire (tête de liste dans la Drôme). Mais la guest-star de la soirée c'est l'illustre Robert Badinter, invité d'honneur de ce meeting. Etriqué dans son costume, il attend son ami Jean-Jack Queyranne… Et il en aurait bien besoin pour venir à sa rescousse face à ce banc de journalistes qui le suit comme un appât jeté à l'eau. Interviews, poses photos, interviews, poses photos, un verre d'eau… Ouf ! Zoro arrive, on le voit s'avancer au loin. Grand, beau et fort, Jean-Jack pointe le bout de ses lunettes. Robert retrouve le sourire, une nouvelle séance photo s'impose. Clichés, clichés… Mais quand il s'agit de répondre aux questions, l'avocat, l'essayiste, l'universitaire, le ministre Badinter (car il est tout cela à la fois), est moins loquace. A croire qu'il est finalement plus facile de s'écouter lancer de grands monologues philosophiques et moralistes, que de répondre en toute franchise à des questions qui intéressent le commun des mortels. « Je laisse Monsieur Queyranne défendre son programme… moi ça ne m'intéresse pas ». Hum… Alors pourquoi est-il là ? « C'est juste par amitié que je suis ici ». Il fait partie du comité de soutien, ça on le savait, mais visiblement plus par amitié que par conviction… Mais il avoue quand même avoir un « lien fort avec la région ». « J'étais au Lycée Ampère, et je venais souvent skier dans les Alpes. Puis j'ai surtout connu la région dans ces heures les plus sombres sous l'occupation ». Une présence donc affective pour ce meeting régional auprès de ses frères socialistes. Mais Jean-Jack n'est pas venu seul. Il est au bras de sa belle : Elisabeth Queyranne. Rayonnante et souriante.  Son calme contraste avec la nervosité de son époux, et ça fait du bien. Un peu de douceur dans ce monde de brute. Elle n'a pas démérité comme l'illustre sa première place au TOP 50 des femmes les plus influentes de Lyon. « Je l'ai appris par une amie sur Face Book il y a peu, c'est une grande surprise ». D'autant plus que cela est peut-être de bon augure pour les élections qui arrivent, « On l'espère, oui ! ».

 

04 19h30, le début du meeting est proche. Il est temps. Les bruits de couloirs sont unanimes, « les sondages sont excellents ». L'ambiance confidences pour confidences est bien lancée. Cette convivialité rappel un peu l'auberge espagnole, avec toujours en fond cette musique « Moi je mens passionnément…Au marchand, à Monsieur l'agent…Je mens tellement, c'en est gênant… ». Tout le monde est assis, salle plongée dans le noir… Najat joue le rôle de présentatrice et de chauffeuse de salle, avec un succès mitigé. Et voici Schwarzenegger qui vient faire son show, alias Gérard Collomb. Décontracté et plus en forme que jamais, il semble vitaminé à bloc. Sur scène, il chauffe la salle. Il se lance dans un discours sans notes, plein de conviction et de force, une boule d'énergie, doigt levé et sourcils froncés. Il signe et persiste en faisant des grands gestes, comme si la traduction en langage des sourds et muets à ces côtés ne suffisait pas. Fougueux, il joue presqu'une pièce de théâtre à lui seul. Et dans son discours Gérard lâche le morceau : «  Nous allons faire un score exceptionnel, Jean-Jack Queyranne sera réélu, on le sait. » La gauche lyonnaise ne rougit pas de ses prétentions électorales. « Sans lui, l'avenir serait très difficile ». C'est bien noté, pour Gégé c'est Queyranne sinon rien, avis lancé à la gauche divergente…

 

05 Notre somnifère le voilà, Robert Badinter entre en piste à son tour. Non, plus justement, la berceuse humaniste est au micro… Un discours (ou plutôt une conférence) de 24 minutes mais qui s'éternisera bien plus, beaucoup plus… voire trop. Sarkozy est comparé à Louis XIV, la salle applaudit… Monsieur Badinter met l'accent sur les questions de la liberté, de l'identité nationale et regrette que, pour la droite, la sécurité soit devenue « la déesse électorale de notre temps ». Il n'oublie pas non plus de dénoncer « l'éclat de la société bling bling ». Pendant ce temps, la salle commence à agiter silencieusement les drapeaux PS, signe qu'il faut peut-être laisser la place à Jean-Jack. Un S.O.S. en quelque sorte pour le faire taire. C'est maintenant à Queyranne de jouir de ce public qui lui est tout acquis. Il peut sourire aisément, on le comprend. « Une région d'avance », promesse est faite devant tous pour briguer ce nouveau mandat qu'il convoite. Son comité de soutien est bien rangé derrière lui. Pour Christian de Salins, premier adjoint de la mairie de 5ème, « la région Rhône-Alpes est à part, c'est la région de demain. Je ne citerai pas d'autre nom de région mais nous sommes bien devant. Avec Queyranne c'est la continuité de nos avancées ». Et ce n'est pas Ariane Mnouchkine, fondatrice du théâtre du Soleil, qui dira le contraire sur son ami Jean-Jack, avec qui elle pose tout sourire. La soirée se clôture enfin et en musique avec Le Quatuor Debussy, Les Gourmets et bien entendu Carmen Maria Vega, auteur de cette chanson répétitive pendant ce meeting: « Moi je mens passionnément…Au marchand, à Monsieur l'agent…Je mens tellement, c'en est gênant… ». Seuls les plus coquins d'entre vous y verront voir un message…

 

 

 

 

9 Commentaires

  1. @lyon people

    votre article est FOU. ce n’est pas du journalisme. pas besoin d’argumenter, il suffit de lire.

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  2. Villeurbanne

    Collomb parle sans note ? et c’est quoi sur la photo ? relisez vos articles monsieur le journaliste.

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  3. Caro

    C’était un super meeting plein d’énergie et de convictions partagées. Votre article est lamentable à tous points de vue.

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  4. Lyon1er

    de la daube, du persiflage et un manque de respect patent pour mr Badinter. vraiment trop facile.

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  5. Robin des bois

    La sécurité est purement électoraliste ? Une vue des bobos qui vivent dans les beaux quartiers (bien sécurisés). Les pauvres en banlieue aimeraient plus de sécurité, plus de police et plus de caméras contre ces racailles assistées (rmi) qui brûlent les voitures des courageux qui se lévent avant 12h pour travailler…

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  6. jane

    Etonnée de ne pas avoir vu de compte rendu du meeting de Caluire?Partial? Decevant….

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  7. Jolagraf

    Enfin quelqu’un qui ose parler correctement de la politique, cette science détenue par les élites qui ne comprennent de toute façon rien à la vrai vie.

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  8. @ lyonpeople

    Lyonpeople devrait relire les papiers de ses stagiaires de l’EFAP, dont celui ci- dessus. L’attaque bête de Badinter est un manque de classe criant.

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  9. adrien

    M. Badinter est homme très bien qui a fait de très bonnes choses, mais doit-on pour autant ne jamais l’attaquer? La presse est libre. L’esprit critique des nouvelles générations balaye les convenances poussièreureuses…

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