Printemps de Pérouges. « Work in progress »

11 mars, 2015 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

© Saby Maviel

Par Jean-Alain Fonlupt

Si une hirondelle ne fait pas le printemps, le festival de Pérouges annonce lui, immanquablement, tous les plaisirs de la saison du perpétuel renouvellement. Du 31 mars au 25 juin, l’événement qui assume son éclectisme avec ferveur a choisi de donner le «La» aux multiples registres de la voix. Qu’elles chantent en solo, en duo, en groupe ou en grande formation, qu’elles visitent la variété, le blues, le folk ou le bel canto, qu’elles disent l’humour décapant d’aujourd’hui ou la douceur des ballades d’autrefois… Les voix fleurissent ici dans une profusion de jungle et des harmonies de bouquet !   

La  programmation vue par Marie Rigaud 

C’est une programmation plus «élargie» qu’a souhaité concocter Marie Rigaud Bernollin la directrice du «Printemps de Pérouges», pour cette édition. Une 19e «saison» qui démarre en fanfare avec LA formation de référence incontestée de la musique cubaine dans ce qu’elle a de plus authentique et de plus scintillant, le «Buena Vista Social Club». Révélé au grand public par le beau film de Wim Wenders, inépuisable vivier de musiciens et de chanteurs de talent – Ibrahim Ferrer ou Compay Segundo en tête – il débarque à Lyon pour un concert unique à l’Amphithéâtre de la Cité internationale, avant de se produire à l’Olympia. «Je suis particulièrement fière que ce groupe mythique fasse la soirée d’ouverture du festival» précise Marie. «Moi qui ai une tendresse particulière pour les anciens et une sincère admiration pour les artistes phares de ce style musical, je suis comblée qu’ils aient accepté de faire le détour par Lyon pour leur «Adios Tour». Surtout que parmi les 18 membres (eh oui!) du groupe, la grande Omara Portuendo (85 ans), égérie et figure emblématique de la musique cubaine, sera là sur scène ! Mon rêve secret ? Faire un bœuf avec eux ?!»

Après le «Buena Vista Social Club», c’est au tour de Didier Gustin de susciter son enthousiasme : «C’est notre chouchou, un peu aussi notre ambassadeur. L’année dernière il a créé la surprise. Il est à la croisée de tout ce qui me parle et m’intéresse, la voix bien sûr, la technicité, la performance et surtout, chose qu’on avait peut-être un peu perdu de vue, un talent de chanteur-imitateur hors pair. Cette année, comme en 2014, je lui ai commandé un spectacle sur mesure et comme il se produit à la ferme de Rapan, entre tracteur et bottes de foin, c’est à un spécial «ferme célébrités» qu’il s’attaquera… Il fait tout génialement bien… c’est un cadeau ce mec-là et un vrai talent. »

Comme nous sommes dans le registre de l’humour, Marie nous confie : «J’ai eu également un excellent feeling avec Anne Roumanoff, elle est sympa, intelligente, accessible et d’un impeccable professionnalisme… C’est une belle découverte pour moi. En spectacle, elle m’a vraiment accrochée, et je n’étais pas la seule. Dans la salle, le rire était permanent, il faut dire qu’elle a un vrai public de fans… Peut-être que c’est symbolique, mais en plus, sa petite robe rouge est très raccord avec le «Printemps de Pérouges», non ? » A vérifier au Centre International de Saint-Vulbas.

«Je suis ravie de retrouver aussi des «valeurs sûres». C’est toujours très agréable de travailler avec des artistes que le public plébiscite. Certains fidèles sont devenus au fil des collaborations de véritables amis. Comme Michel Jonasz, un vrai bon ! Je n’ai pas envie de m’en passer, je n’ai pas envie qu’il me manque… Avec l’âge et sa formidable expérience, il prend du velours dans la voix… Pourquoi se priver d’artiste comme ça…  surtout quand le génial Jean-Yves d’Angelo l’accompagne au piano… et que le spectacle investit la cour du château de Chazey. »

Autre habitué de ce rendez-vous printanier, Chico & The Gypsies. «C’est un groupe emblématique qui possède un véritable imaginaire musical, un sens inné de la vraie  musique populaire. On oublie parfois que Chico a été un des fondateurs des «Gipsy Kings», considéré aux Etats-Unis comme le plus célèbre des groupes français… Ils ont porté leurs chansons et leurs rythmes dans le monde entier… et quand les 12 guitares sonnent ensemble, on est cueilli par leur énergie et leur vitalité… Ce sont des gens pour qui j’ai de l’affection et de l’admiration.» Une formation Indémodable qui remplira sans aucun doute l’Amphithéâtre de la Cité Internationale.

Intarissable, Marie poursuit l’éloge de «ses» artistes invités, en l’occurrence, de Serge Lama qui rejoint pour la première fois le festival : «Il est, dit-elle, un monument de la chanson française. Il a semé dans notre mémoire collective des dizaines de mélodies et de tubes. Qui ne se souvient de «Je suis malade», «Les ballons rouges», «Une île», «Les petites femmes de Pigalle», «Femmes, femmes, femmes» etc. C’est d’ailleurs ses 50 ans de carrière qu’il propose d’égrener au Centre International de Saint-Vulbas. Une tournée anniversaire avec, sur scène, un bel ensemble de cordes pour un florilège amoureux, un répertoire remarquable, une voix, une présence… Un spectacle souvenirs et émotions. »

Sans se soucier de chronologie et de dates, Marie Rigaud Bernollin passe aux nouveaux venus et dans le désordre convoque : Fréro Delavega, duo révélé sous les projecteurs résolument médiatiques de « The Voice. » « Notre rôle est aussi celui de révélateur et de tremplin. Les «Fréro» chantent bien, sont séduisants, leurs chansons dessinent un univers de fraîcheur et de légèreté, ils ont donc toute leur place dans un festival qui se réfère aux ambiances printanières… » Nous les écouterons avec bonheur au Centre International de Saint-Vulbas» – Anaïs « l’atypique, qui compose et chante comme bon lui semble, chahutant les rythmes, triturant sa voix, modelant les mots… Elle joue, s’amuse, sort des codes avec une liberté de ton qui bouscule et séduit,  révélant un univers bien personnel qui devrait joliment s’intégrer à celui très champêtre de la ferme de Rapan »Yves Jamait, l’auteur-compositeur passionné des mots qui disent l’amour, les virées entre potes, la vie des gens simples, la solitude aussi.   Interprète impliqué et généreux de chansons tendres, poétiques et réalistes, il ne passera pas «par hasard», contrairement à ce qu’il confie dans l’un de ses titres, du côté du Château de Chazey – L’orchestre symphonique Interpreti Veneziani « officie tous les soirs de l’année dans une église de la cité vénitienne où je l’ai découvert. Il y propose une interprétation virtuose des 4 saisons de Vivaldi que nous entendrons à l’église forteresse de Pérouges, dans un programme augmenté d’œuvres baroques dont une signée Marin Marais »… Dans le même lieu propice à la résonance et la juste propagation de la voix, les Polyphonies Corses déploieront toute la richesse et les accents envoûtants de leurs chants A Cappella – Les irlandais de «Irish Night» célébreront les rythmes celtiques dans un spectacle style «River Dance» imaginé tout exprès pour le «Printemps» et le cadre bucolique de la Ferme de Rapan – «Bel Canto» viendra, dans un répertoire éponyme, souligner la qualité du dîner musical préparé et dégusté au restaurant Caro de Lyon. L’alliance mets et voix a souvent donné de mirifiques délices gastronomiques : le tournedos Rossini, la pêche Melba… Pourquoi ne pas inventer une recette célébrant le festival ? – Ambiance culinaire et musicale que l’on pourra retrouver dans la cour du château de Chazey au cours d’un «Banquet Médiéval» composé de plats anciens et musiques d’époque interprétées par la troupe lyonnaise «Les Troubadours du Roi», deux garçons et une fille qui, entre chansons à boire et refrains populaires, feront revivre les bonheurs ripailleurs et «courtois».

Enfin, last but not least, notre grande organisatrice des festivités, j’ai nommé Marie Rigaud herself, poursuivra, dans une ambiance cabaret, son exploration du répertoire de la chanson qui balance avec un épisode 3 de sa saga des «Cocorico Swing» justement intitulé «Sexy Songs». Piquante et mutine comme à son habitude, sur la petite scène du Théâtre sous le Caillou de Pascal Coulan, elle titillera avec humour et complicité le subtil érotisme de quelques textes impayables. Forcément charmant !

Affiche printemps
Des concerts dans des lieux d’exception

Ce 19e rendez-vous se devait d’être le prélude à l’apothéose de la 20e édition et donner un alléchant avant-goût d’une programmation anniversaire que l’on nous annonce  exceptionnelle. Le pari est réussi ! 2015 ouvre la voie à toutes les tessitures et tous les rythmes et se paye même le luxe de développer et d’enrichir son parcours de lieux de spectacle pour le moins originaux, en investissant deux sites industriels de la plaine de l’Ain particulièrement impressionnants : les locaux en activité du fabricant de pré-murs en béton Spurgin-Leonhart et l’Atelier industriel des cimenteries Vicat. Préparez vos casques de chantier et vos gilets fluo, c’est dans une ambiance «work in progress» entre machines géantes et bobines grand format que s’élèveront à hauteur de plates-formes et de passerelles les chants a cappella des «Naturally 7». Un «plateau expérimental» pour ce groupe considéré comme l’un des meilleurs de la planète dans son registre, invité à partager «arenas» et autres scènes gigantesques avec les plus grands (la tournée mondiale du chanteur jazz Michael Bublé par exemple). Avec eux, les couleurs du R’n’B et les tempi marqués du beatboxing, la subtilité et la puissance de la performance vocale vont résonner comme rarement dans cet univers de béton et d’acier. Et le public, bluffé, en reste systématiquement… sans voix ! Dans les volumes plus intimistes des ateliers Vicat, sous le grand lustre accroché au palan, le public installé autour du piano à queue et des chanteurs de l’ensemble Bel Canto, écoutera religieusement les plaintes déchirantes de «Traviata», les coloratures et autres envolées poignantes des plus beaux airs d’opéra et se recueillera dans l’intensité tragique des passions amoureuses. Le chant lyrique pourra livrer ici tout l’éventail de son amplitude… Hors ces deux environnements inédits, le Printemps de Pérouges investira pour la première fois la cour du château de Chazey-sur-Ain, et, au gré de sa programmation, d’autres lieux insolites et remarquables comme la Ferme de Rapan et l’église forteresse de Pérouges, confirmera son attachement à des salles prestigieuses comme l’Amphithéâtre de la Cité Internationale de Lyon et le Centre International de Saint-Vulbas et s’installera également dans l’intimité du petit théâtre croix-roussien «Sous le Caillou» ou l’élégante salle/bibliothèque du restaurant «Caro de Lyon».

Retrouvez toute la programmation et réservez en lignes vos places sur www.festival-perouges.com

 

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