Pour une fois que la presse nationale s'intéresse à Rhône-Alpes, c'est pour la taxer de gaspilleuse ! Zut, alors !

Par Marc Polisson

Le président PS du conseil régional de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne, a tenté d'apaiser les critiques mercredi à Lyon lors de la pose de la première pierre du futur siège du Conseil régional, dont le coût suscite la polémique à droite et dans la presse nationale.

Le coût de construction du futur siège régional, qui sera occupé à l'été 2010, est établi à 123,8 millions d'euros. "Il n'y a pas eu de dérive", s'est défendu M. Queyranne lors de son discours inaugural sur le site de la Confluence, immense chantier de réhabilitation urbaine dans le sud de la presqu'île lyonnaise. "Comme je l'avais indiqué dès l'origine, la charge nette pour notre institution sera de l'ordre de 20 millions d'euros une fois intégrée la revente des terrains actuels et les économies réalisées sur les locations et les charges des multiples locaux", a-t-il ajouté devant un parterre de personnalités emmenées par le maire de Lyon.

Une opinion loin d'être partagée par le magazine Capital qui épingle l'institution dans son dossier « gaspillages publics » (édition de juin 2008) et par le président du groupe UMP : "Nous ne voyons pas la nécessité de quitter le siège de Charbonnières, rénové il y a quelques années", a déclaré Jean-Claude Carle qui estime "de l'ordre de 200 millions d'euros" le coût de "ce palais de région". "C'est l'équivalent de la construction de dix lycées", a-t-il relevé.

La moue dubitative de Denis Broliquier exprime le même sentiment. Long de 128 m et large de 75 m, le futur siège du Conseil régional, actuellement installé à Charbonnières, s'étendra sur 46.000 m2 sur le site de la Confluence. "La Confluence (…) bénéficie de sa situation au cœur de l'agglomération lyonnaise, à proximité des citoyens et des centres de décision", a déclaré M. Queyranne, accompagné de l'architecte du projet, le célèbre Christian de Portzamparc.

Voilà pour le fond du dossier. Sur la forme, tout avait été fait pour retenir l'attention des galopins que nous sommes. A l'entrée du chantier (un trou béant adossé au Marché gare), ces messieurs cravatés (tout spécialement Yves et Jeunesse) ont pu admirer les jupes « ras la touffe » d'hôtesses d'un nouveau genre… Du côté des RP, cette opération constituait la première sortie publique d'Isabelle Salomon, depuis sa nomination. Et tout ce qui était de son ressort s'est bien passé.

L'incident – pas grave mais très symbolique – s'est déroulé au moment de la pose de la première pierre. Habituellement, ces messieurs se contentent de manier la truelle au dessus d'un parpaing, vite fait, bien fait. Cette fois-ci, il s'agissait de graver leurs noms à l'aide d'un pochoir, mais malgré la force herculéenne de Gégé + JJQ, impossible d'y parvenir pour cause de sécheresse avancée du matériau. Le président de la Région a eu du mal à dissimuler son énervement.

Mauvais présage en effet que ce pochoir récalcitrant ! « A l'instar d'un baptême de navire, c'est comme si la bouteille de champagne ne s'était pas cassée contre la coque ! » assurait un confrère cravaté dont le journal navigue en eaux troubles depuis plusieurs mois. Alors après celui du Musée des Confluences, allons-nous assister à la dérive d'un nouveau chantier ? Enfin une bonne nouvelle pour Gérard Angel qui s'en lèche les babines à l'avance…