La tournée de Gégé en Asie. Les dessous de la négo’ entre KT et le Grand Lyon

20 juillet, 2013 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

Photo © BS

De notre envoyé spécial Benjamin Solly

La communauté urbaine et l’opérateur coréen de télécommunications ont signé une lettre d’intention dans le cadre du futur réaménagement de la Part-Dieu. Une avancée à pas feutrés, entre défiance mutuelle et ambition commune.

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Après la très folklorique rencontre avec le maire de Séoul dans la matinée, la délégation du Grand Lyon a été reçue très officiellement par le groupe KT (anciennement Korea Telecom) dans son siège de Gwangwhamoon à Séoul, vendredi 19 juillet 2013. L’opérateur coréen, spécialiste des technologies innovantes, pourrait bien s’impliquer dans le projet Part-Dieu. La lettre d’intention, signée conjointement par Gérard Collomb et le PDG de KT Hong-Jin Kim, n’engage à rien et n’a pas valeur d’accord contractuel. Mais le document trace la voie d’une future collaboration entre l’acteur privé et la collectivité publique dans le cadre de l’aménagement de la future Part-Dieu, envisagé à travers le prisme de la « ville intelligente. »

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Entre les deux entités, les discussions ont été ouvertes il y a près d’un an. Identifiée par l’ADERLY comme partenaire potentiel, les premiers contacts ont été noués avec la vice-présidente à l’Innovation et aux Nouvelles Technologies du Grand Lyon, Karine Dognin-Sauze. Tout ce petit monde s’est revu en octobre 2012, lors du salon Robot World à Séoul, où le Grand Lyon tenait le pavillon français. « Nous étions alors également en contact avec SK innovations », explique Dognin-Sauze. Une partie d’échec où chacune des parties avance ses pions avec une prudence de Sioux, quand il s’agit de gros sous. Après plusieurs entrevues, cette première prise de contact a débouché vendredi sur la réception officielle du Grand Lyon par l’opérateur, à grand renfort de bluff et de défiance.

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« J’ai visité Lyon il y a une trentaine d’années, j’ai trouvé que c’était une ville ‘vieille.’ » Le propos liminaire du PDG de KT marque bien l’état d’esprit singulier de la rencontre. Chacun joue alors sa partition, slides à l’appui. Dans la salle, la climatisation quasi-inexistante épuise les corps. Tout cela tient-il d’une mise en scène volontaire pour éprouver la résistance psychologique, mais également physique ? « Le moment a été éprouvant », confirme le président de la CCI Philippe Grillot. Olivier Bernardeau, le directeur de la communication de l’OL, n’a pas eu le droit à la moindre attention lorsqu’il est allé remettre le dossier institutionnel du club à Hong-Jin-Kim. Car KT donne également dans l’aménagement en technologies innovantes de grands ouvrages sportifs, comme le Suwon Baseball Stadium en Corée. Connecteront-ils le futur Stade des Lumières ?

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« Comment définissez-vous le succès », interroge même le Senior Vice President of Global & Enterprise Group Global Business Unit de KT, Junsik Bahk – surnommé Le Snake par le pool innovation du Grand Lyon pour son côté retors. «  Quand Lyon, dans 30 ou 40 ans, continuera à être une ville qui compte », répond tout de go Gérard Collomb. On se croirait presque à un grand oral. « C’est franchement une question de manuel de Sup de Co’ 1e année », s’amuse Teddy Breyton, conseiller technique au cabinet du président du Grand Lyon. Si l’offensive n’a pas viré à l’offense, elle peut s’expliquer par la déception de KT à l’égard des réticences du Grand Lyon à aller plus vite sur ce dossier. « Le NEDO, impliqué sur la Confluence, est une agence publique, KT est un groupe privé. On ne veut pas d’un modèle préconçu où, pour eux, les investissements sont moindres et les bénéfices maximum », explique Benoit Quignon.

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Le DG du Grand Lyon estime que « dans ce type dossiers, il faut une grande exigence technique en marquant chaque avancée par un document d’étape. » Quand KT voulait conclure un mémorandum d’entente, le Grand Lyon s’est contenté d’une lettre d’intention. Le soir même, Junsik Bahk, les représentant de la communauté urbaine rejoint par les membres de « Gares et Connexions » se sont retrouvés pour aller plus loin. Cette dernière née des branches de SNCF, emmenée en Corée par sa présidente Rachel Picard et le directeur des Affaires publiques de la SNCF Fabrice Morenon, a pour tâche est de rénover et développer les 3 000 gares ferroviaires du réseau.  «  Quand le Senior Vice President a vu le marché que Gares et Connexions représentait, il a immédiatement appelé ses collaborateurs qui ont débarqués dans les dix minutes », explique Karine Dognin-Sauze, qui envisage cette collaboration dans un consortium plus large entre les trois entités. Tous devraient d’ailleurs se revoir courant septembre.

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Dans cette configuration, qui n’est pour le moment qu’une piste, « Gares & Connexions » pourrait prendre la main sur  l’aménagement de la gare de la Part-Dieu en technologies innovantes. Panneaux interactifs, projections murales, services aux publics via des outils innovants. Le rêve de la « ville intelligente » sauce Gégé. De son côté, le Grand Lyon se chargerait des espaces publics attenants, sur le même modèle, comme la place de Francfort. « Cela permet aussi de montrer aux groupes nationaux, comme Orange, qu’il y a d’autres acteurs qui savent aussi faire le job », pique Collomb. Dans cette vision du futur urbain de la Part-Dieu, le Grand Lyon ne devra pas manquer le rendez-vous avec les acteurs lyonnais de l’innovation, les start-up en particulier, qui s’estiment parfois mis à l’écart des projets portés par la collectivité. Le bonheur est parfois au coin de la rue.

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