Lyon, les magiciens de la lumière. Portrait d’Etienne Guiol

4 janvier, 2023 | BUSINESS NEWS | 0 commentaires

Texte : Philippe Lecoq – Etienne Guiol fait partie de ces personnages avec lesquels on a envie de passer du temps. Grand, fin, avenant, souriant, il possède cet art de la conversation qui rend le temps plus court qu’il ne l’est, et qui laisse penser en fin de rendez-vous qu’on est plus riche en savoirs, en appréhension des sujets abordés, voire plus riche tout court.

Mais du temps il n’en a pas. Inutile d’essayer de le joindre sur son portable, c’est comme s’il n’en possédait pas. Co-Gérant avec son complice Arnaud Potier de BK Digital Art Company, il est victime du succès de la petite boîte créée à Lyon il y a une dizaine d’années avec deux copains de l’école Émile Cohl. BK ? « BK, c’est plusieurs studios, uniquement de la création de contenu vidéo, pour trois domaines d’activité : le spectacle vivant dont l’opéra ; l’événementiel, notamment de luxe, et la projection monumentale ».

Le siège est à Lyon, un bureau a été ouvert à Paris où Etienne vit depuis deux ans, et il y a deux entités à l’étranger : une en Chine, et l’autre à Dubaï depuis un an. Au palmarès de BK, l’animation en 2013 de la « Fresque des Lyonnais » avec Gilbert Coudène, en parallèle aux festivités du 8 décembre ».

« C’était la première projection monumentale qu’on réalisait. Résultat, un succès fou. La rue n’était pas fermée, il a fallu la bloquer. Du délire ! Alors là on s’est dit… Il y a un truc, un truc qui plait. La spécificité de notre travail était que nous venions du dessin, de l’animation, avec une culture de l’image qui était différente de ce que les autres, issus du graphisme par exemple, proposaient…

Nous sommes arrivés avec une proposition d’esthétique un peu différente, et avec le passé de Gilbert à Cité Création, un attachement très fort au territoire. L’alliance des deux a fonctionné ».

« La Scala de Milan a été un moment très fort »

 Alors la même équipe candidate à la Fête des Lumières de l’année suivante pour la place des Terreaux. « Avec l’incroyable défi que représente une projection sur deux monuments à angle droit. Nous avons travaillé sur des toiles imprimées, des maquettes de cinq mètres avec, dès la conception, une notion d’espace, de mise en espace de l’image. C’est un autre support que l’écran, il y a l’idée de volume ».

900 000 spectateurs, une couverture médiatique internationale, le prix Trophée Lumières, et là « le téléphone a commencé à vraiment sonner ». « La Scala de Milan, aussi a été un moment très fort pour nous. Riccardo Chailly, directeur musical et le scénographe Christian Fenouillat – qui vient de nous quitter – m’ont appelé pour l’opéra Giovanna d’Arco de Verdi. Un événement mondial, world wide, retransmis sur des écrans géants dans la ville, dans des cinémas et à la télévision ».

Étienne et Arnaud sont fous d’opéra. C’est un peu leur chasse gardée chez BK. « C’est pour moi de l’art total, je suis passionné, il y a des émotions que je n’ai ressenties que dans les salles d’opéra, des expériences artistiques exceptionnelles. Mon premier opéra c’était à Como en Italie pour « Le vaisseau fantôme » de Wagner ».

Et dans le luxe ? « Le premier appel est venu de la direction d’Hermès. Hermès avait demandé à une grande chorégraphe américaine, Lucinda Childs, de créer un ballet pour lequel j’ai réalisé la vidéo. Une expérience qui m’a permis de travailler avec le décorateur Bruno de Lavenère, un Lyonnais. L’œuvre « Nine Dresses » a été jouée à Pékin. Fabuleux ! Le luxe, ce sont des artisans, exigeants. Nous sommes des artisans. Et le luxe est très créatif. Ils ont des idées et les concrétisent ».

Aujourd’hui BK compte 32 CDI et entre huit à quinze appels d’offre chaque mois.

Avec les indépendants, le studio peut monter à 120 personnes en capacité sur la création d’images. « Je défends l’idée de rester un studio de création d’images, et pour rester créatif, il ne faut pas industrialiser le processus. La taille des équipes doit rester au niveau d’une famille, cela doit rester des histoires de copains et non devenir des lignes de production comme dans le jeu vidéo… La création c’est beaucoup de discussions. C’est fécond et sain ».

La Cathédrale de Chartres

Comme Étienne n’a plus de temps et qu’il tient à en libérer pour ses deux et bientôt trois enfants, il délègue. « Je ne veux pas être sur tout, tout le temps. Les gens que nous embauchons peuvent être meilleurs que nous, je n’ai pas de problème avec ça, je n’ai pas d’égo, je suis au contraire très heureux quand quelqu’un de chez nous réalise un projet génial sans mon aide ».

Famille, artisan, copains, les mots-clefs de l’univers d’Étienne Guiol sonnent sans doute juste aux oreilles du jeune homme qu’il était à Chartres alors qu’il se préparait au métier de maître verrier. « J’avais les clefs de la cathédrale, je faisais mes aquarelles, souvent dans les parties hautes après le lycée, des moments un peu magiques, mes dessins, au lever du soleil… »

Le dessin justement, une nécessité, un viatique. « Notre modèle de création est basé sur le dessin… Et faire bouger le dessin m’a beaucoup plu ». A nous aussi sa façon de faire bouger le dessin a beaucoup plu.

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Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
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