Texte : Morgan Couturier – Bien que contesté, le projet écologiste de Tramway express de l’Ouest Lyonnais (TEOL) a reçu le feu vert du commissaire enquêteur mais les victimes d’expropriations – qui vivent depuis deux ans cette épée de Damoclès au-dessus de leur maisons – ne désarment pas.

Un petit pas pour le TEOL, un grand pas vers la mélancolie. C’est en tout cas ce que doivent penser tous les opposants au projet de Tramway express de l’Ouest Lyonnais porté par Bruno Bernard, président écologiste du Sytral et de la Métropole de Lyon. Dans un récent communiqué, l’autorité organisatrice des mobilités des territoires lyonnais se félicite d’avoir franchi « une étape significative » dans la réalisation du TEOL.

Le commissaire enquêteur formule plusieurs réserves

Le Sytral se réjouit en effet d’avoir reçu un avis favorable du commissaire enquêteur dans le cadre de l’enquête publique préalable à la Déclaration d’Utilité Publique. « Un jalon important qui confirme l’intérêt général du projet, son utilité publique et corrobore l’avis de l’Autorité environnementale d’avril dernier tant sur les effets bénéfiques pour les territoires desservis que sur la performance et le dimensionnement de l’infrastructure au regard des fréquentations attendues », expose le Sytral. Charge désormais à l’État et à la Préfète du Rhône de valider ou non cette ultime étape.

En attendant, le TEOL ne cesse de diviser, ce dernier impliquant de nombreuses expropriations et démolitions. En particulier sur la commune de Tassin, dont le maire reste farouchement opposé à ces travaux. « Je le rappelle avec force : la ville de Tassin la Demi-Lune s’oppose officiellement et fermement à ce tracé depuis le début. Cette position n’a jamais varié et elle est portée par de très nombreux habitants, extrêmement inquiets des impacts directs du projet sur leur cadre de vie et sur leurs propriétés », a ainsi réagi Pascal Charmot.

En cas d’alternance, le projet sera totalement remanié, promet Véronique Sarselli

Les propriétaires concernés ont placé leurs derniers espoirs entre les mains de Véronique Sarselli, la candidate LR aux prochaines élections métropolitaines ayant déjà affiché sa préférence pour le projet de Métro E. Après sa victoire contre le téléphérique écolo à Sainte Foy, elle compte bien faire respecter le point de vue de son collègue tassilunois. Face à ce constat, le Sytral se dit prêt à écouter les inquiétudes exprimées. Une posture électoraliste sûrement motivée par l’avis du commissaire enquêteur, ce dernier ayant formulé « plusieurs réserves et recommandations ».

Depuis plus de 100 ans dans la même famille, la propriété Grange est toujours menacée par les démolisseurs

« Sytral Mobilités s’engage à optimiser le projet dans les mois qui viennent afin de limiter au strict minimum les besoins d’acquisitions foncières et d’en réduire les impacts sur les espaces naturels et bâtis. Sytral Mobilités s’engage également, notamment en phase travaux, à limiter les nuisances et à accompagner les activités économiques, libérales et commerciales », écrit l’autorité tenue par les écologistes. Il n’est pas certain néanmoins qu’une telle promesse soit suffisante pour rassurer les administrés, au regard d’un projet poursuivi malgré de très nombreux avis défavorables.

« Une avancée à marche forcée, et ce depuis l’origine du projet » Pascal Charmot

« Le discours très offensif du Sytral ne doit pas masquer la réalité : nous assistons à une avancée à marche forcée, et ce depuis l’origine du projet, sans réponse concrète à nos objections fondamentales. Le passage en surface n’apporte aucune solution crédible de mobilité pour notre commune à long terme, alors qu’il entraînerait en revanche des dégradations paysagères, urbaines et foncières majeures. Aujourd’hui, la vraie question est simple : comment le Sytral et la Métropole comptent-ils obtenir l’accord des maires et des habitants ? Jusqu’à présent, nous n’avons pas été entendus », poursuit le maire de Tassin.

De quoi remettre à nouveau en question les pratiques politiques de la Métropole de Lyon, connue pour son dogmatisme depuis 2020. « Nous ne céderons pas à un projet qui nous est imposé et si le commissaire enquêteur rappelle la nécessité de notre assentiment, c’est encore une fois la preuve que les villes et les maires doivent être entendus », conclut l’édile, bien décidé comme beaucoup à ne pas rendre les armes face au passage en force des écologistes.