Texte : Philippe Lecoq – Yannick Abraham a eu un coup de cœur, on le comprend si bien : tout ce bois vieilli plaqué sur les murs, jusqu’au bar qui semble dater de la création – 1902 – du Café du Rhône.
Ses merveilles de miroirs aux bordures ouvragées et puis ces cinq tableaux de céramiques peintes représentants le Lyon du siècle dernier, des aqueducs de Chaponost jusqu’au Parc de la Tête d’Or en passant par le pont de la Guille ; le sol de vieux carreaux passés de mode, et les banquettes qui font face à des chaises en bois version Mathusalem…
L’endroit est classé depuis 2003 « Patrimoine du XXe siècle » – bonne idée – grâce au respect de chacun de ses propriétaires. Yannick, donc, ancien des Négos et de la Brasserie Georges dirigée à l’époque par Jacky Gallmann, est tombé sous le charme, a quitté il y a un peu plus d’un an Millery où il tenait Le Clos, pour venir s’installer là, en bordure du Rhône, face à l’Hôtel-Dieu et, un peu plus loin derrière, à Fourvière.
Authentique, son bistrot de trois salles et une soixantaine de couverts ne désemplit pas.
On y vient en habitués ou comme au musée, respirer un instant des effluves et des images de ce passé qu’on enjolive de souvenirs perdus. Américains et Chinois, eux, y viennent goûter un morceau de France, envoyés par les hôtels qui ont noté la pépite dans le registre de leur conciergerie.
Mais Yannick Abraham n’est pas gardien de musée, et c’est bien un bistrot d’aujourd’hui dans une peau d’hier qu’il gouverne. Avec l’excellent chef Nicolas Dubain, connu dans son « Affaire de goût », qui travaille avec talent les lyonnaiseries – quenelle de brochet et andouillette à la fraise de veau – et les plats bistrots – tartares, pâté en croûte et œufs mimosa – sans oublier de s’encanailler dans son registre plus personnel quand le marché lui en donne l’opportunité.
En salle, vous trouverez aux côtés de Yannick l’étonnant Romarin Dépreux, encore un transfuge de la Georges – 18 ans à Perrache – qui sait ce qu’un service réclame comme attention et rigueur. Le trio du Café du Rhône sait donc de quoi il retourne, on peut se permettre de vous engager à garer votre carrosse au parking de la Fosse aux Ours avant de remonter le quai Augagneur sur quelques pas jusqu’au 23.
Attention, petite devanture, petite terrasse sur trottoir l’été. Ne manquez pas l’entrée…
Café du Rhône
23, quai Augagneur – Lyon 3
Tél. 04.78.95.44.13
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