Lyon. Après avoir senti le vent du boulet, le P’tit Zinc remet une tournée

10 octobre, 2025 | Actualités Gastronomiques | 0 commentaires

Texte : Morgan Couturier – Menacé de fermeture après un contrôle fiscal pointant un manque à gagner de 120 000€, le restaurant Au P’tit Zinc a finalement obtenu son placement en redressement judiciaire. L’établissement du quai Pierre-Scize n’est pas encore sorti d’affaire, mais il peut aborder l’avenir avec un peu plus de sérénité. Sans renier sa propre nature.

C’est un réflexe presque humain et logiquement solidaire : à voir Laurent Merle proposer un café en guise d’accueil, on se surprend à vouloir refuser, craignant le pire pour ce restaurateur épinglé pour son trop-plein de générosité. Puisque le fisc l’accuse depuis 2018, d’avoir offert trop de verres ou trop arrosé ses clients, nombreux sont les visiteurs à partager la même réflexion.

D’autant que beaucoup d’entre eux sont revenus pour lui. Pour gonfler sa trésorerie en ces temps de crise ou simplement pour se remémorer les souvenirs de dîners tardifs, appréciés sur les banquettes de la maison créée en 1992. Alors pas question d’aggraver la situation, alors que son appel de détresse a connu un incroyable retentissement médiatique.

Grâce à cette mobilisation, Au P’tit Zinc a regagné quelques points de vie. Exit « l’épée de Damoclès » qui trônait au-dessus de sa tête, le restaurant a obtenu du tribunal de commerce, un placement en redressement judiciaire, ce mardi 7 octobre 2025. Un terme toujours inquiétant, mais bien moins funeste que la liquidation à laquelle l’établissement semblait voué.

« Il y a un soulagement de se dire qu’on me laisse continuer et prouver ma bonne foi »

« Quand j’ai reçu l’assignation au tribunal, c’était un choc. Ils ont considéré que c’était un manque à gagner. La punition était quand même forte. Là, il y a un soulagement de se dire que l’on va me laisser continuer à travailler et pouvoir prouver ma bonne foi. Attention toutefois, on a gagné une bataille, mais pas la guerre », insiste d’ailleurs Laurent Merle, touché par la solidarité des Lyonnais à l’égard de son établissement.

Il faut dire que le restaurateur formé par la légende Joseph Pianzola – « Jojo » pour les intimes – en a vu passer à sa table. Il a vu les parents, puis les enfants, séduits comme beaucoup par la possibilité de venir manger « dans un endroit un peu traditionnel », jusqu’à 2 heures du matin. Le tout, accompagné d’une incontestable ambiance festive.En plus de trois décennies, les clients y ont pris goût. Au P’tit Zinc s’est démarqué ainsi.

À plus forte raison ces dernières années (le fisc s’est appuyé sur les chiffres de 2015 à 2018, ndlr), où la réputation du restaurant lui a permis de remplir les tables, en dépit de l’évolution de la concurrence et des aménagements de voirie décidés par les écologistes. « C’est vrai que pour refidéliser les clients, on a repris un peu plus le côté festif et on a peut-être été un peu plus généreux », témoigne le propriétaire.

 

« Il y aura toujours une petite délicatesse du patron »

« Il est encore à l’ancienne », justifie son équipe, le restaurateur ayant toujours préféré le contact humain et la satisfaction du consommateur. Et ce, souvent, au détriment de quelques clics sur la caisse enregistreuse ou de son enrichissement personnel. « C’est une façon de travailler festive. Avant, il y avait une autre tolérance. Aujourd’hui, ça ne rentre pas dans les cases mathématiques de la fiscalité », regrette-t-il.

Même son de cloche du côté de l’UMIH du Rhône, où Thierry Fontaine connait de longue date, la philosophie de la maison. Le patron de l’Union des métiers de la restauration le sait, de par son emplacement, Au P’tit Zinc a toujours eu besoin de se démarquer. À sa façon et avec un indéniable entrain festif. « Ce n’est pas comme s’il était rue de la Ré », souligne ce dernier.

Laurent entouré de son équipe en…. 2002

Alors que faire ? Se renier ? Une hypothèse inconcevable pour Laurent Merle, bien que celui-ci se sache en « période probatoire ». « Il y aura toujours une petite délicatesse du patron. Le côté festif, on essaye de le conserver », déclare-t-il malicieusement. Bien entendu, ses péripéties judiciaires l’incitent désormais à respecter au pied de la lettre, le seuil imposé.

Mais après avoir avalé leurs tagliatelles aux morilles ou leur émincé de volaille au Saint Félicien, les clients pourraient encore bénéficier de gestes généreux. « On pourra peut-être offrir un petit rhum arrangé », glisse l’intéressé. Une manière de prouver que le restaurant, très impacté par les travaux écolos, n’est pas mort.

Toujours vivant, rassurez-vous, toujours la banane, toujours debout.

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/morgan" target="_self">Morgan Couturier</a>

Morgan Couturier

Le journaliste de Lyon People, c’est bien lui ! En quête de scoops, toute info est la bienvenue !

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