Texte : Marco Polisson – Consternation et stupeur pour les amoureux de Chanaz, la perle voisine du lac du Bourget, en Savoie. La CNR est dans le collimateur des habitants.

Il y a quelques semaines, une grande majorité de nos lecteurs ont (re)découvert le charmant village de Chanaz, présenté dans le cadre de notre série estivale « Escapade à une heure de Lyon » en partenariat avec la page Facebook « Lac du Bourget Art de vivre ».

Dans son article, la journaliste Margaux Nourry a dressé l’inventaire patrimonial de cette petite cité de caractère – et de ses pépites, dont la Maison de Boigne – sans se douter qu’un projet écologiste de centrale photovoltaïque menaçait son environnement protégé, en face d’un site Natura 2000.

Bien que localisé dans l’Ain, ce projet nous intéresse et nous interpelle à plusieurs titres.

D’une part parce que la centrale photovoltaïque dont il est question et Solarhona, la société qui l’installe, sont des émanations directes de la Compagnie Nationale du Rhône, une société historiquement lyonnaise dont le siège est situé derrière le tunnel de la Croix-Rousse, côté Saône.

Les centaines de panneaux seront disposés sur l’île, à droite du fleuve. Un paysage radieux pour habitants de la pointe, en face

D’autre part, car Chanaz abrite une importante communauté lyonnaise aussi dissipée que diversifiée qui comprend notamment un vendeur de barques (en plastique), le yacht d’un patron de presse, un brocanteur patibulaire (mais presque) et le roi de l’évènementiel, fan de paella… pas vraiment du genre cyclopathes.

Chaque week-end que Dieu fait, ces quinquas se pressent de fuir Lyon, devenu infernal à vivre.

Et s’ils ont décidé de décamper face à la folie écologiste, ce n’est pas pour se retrouver confrontés dans leur petit coin de paradis aux mêmes inepties démagogiques. Qui se caractérisent ici par l’implantation de plusieurs centaines de panneaux photovoltaïques sur un site protégé, en face de leur village (en partie classé) sur la commune de Lavours (01).

Sur la berge opposée du Rhône, cette installation ne hérisse pas seulement les Chanaziens de cœur mais aussi les Chanaziens de souche réunis au sein de l’Association de Défense du Cadre de Vie de Chanaz, domiciliée 118, rue de la Passerelle. Tous font front commun contre cette centrale qui va défigurer un site naturel où la biodiversité est (encore) reine.

L’enfer vert est toujours pavé de bonnes intentions

« Ce projet répond à des objectifs gouvernementaux et nous en sommes conscients, seulement la proximité de Chanaz et l’emplacement choisi impactent directement le village et le travail de protection entamés depuis plusieurs années » estiment les défenseurs du cadre de vie de Chanaz et de l’environnement du fleuve.

La CNR a débuté la construction de ce parc expérimental sur la commune de Caderousse (Vaucluse), avec mise en service prévue en septembre 2025. Lavours et Chanaz vont-elles être confrontées à la même monstruosité ?

Leur combat est à rapprocher de celui des amoureux de la nature face au lobby éolien qui instrumentalise l’opinion publique sous couvert d’écologie. Il est désormais reconnu que leurs éoliennes ont un impact négatif sur la biodiversité, sont à l’origine de nuisances sonores, ne sont pas recyclables et défigurent le paysage.… Ceux de Lavours et de Chanaz seront-ils préservés ?

Tout dépendra de la mobilisation car, pour le moment, les politiques font les carpes.

Dans un long article consacré au projet, Le Dauphiné Libéré souligne en effet la prudence de sioux des deux maires concernés. Celui de Chanaz, un vieux routier nommé Yves Husson, « ne souhaite pas s’exprimer outre mesure » alors que sa commune va être impactée de plein fouet. Quant à celle de Lavours, Chantal Casanovas, une retraitée élue en 2020, elle est aux abonnés absents selon notre confrère Sylvain Georges.

Et on les comprend : ce projet hautement inflammable sera sans nul doute le sujet numéro 1 de la prochaine campagne municipale. Et pourrait bien électrocuter électoralement les candidats les plus tièdes. A suivre…