Texte : Marco Polisson – Après plus de deux ans de procédures judiciaires, le maire de Caluire et Cuire est contraint de rendre les armes et de présenter sa démission.
A ceux qui ont suivi de loin cette affaire rocambolesque, rappelons qu’après dénonciation de l’association politique Anticor, Philippe Cochet a été condamné en décembre 2024 à un an de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire pour « détournements de fonds publics » pour avoir salarié son épouse en tant qu’attachée parlementaire.
Il saisit le Conseil d’État pour contester sa peine d’inéligibilité
Épaulé par Maître Petit, l’ancien député et ex-chef de file de l’opposition au Grand Lyon a toujours clamé son innocence. Il a décidé de faire appel de ce jugement et de conserver son écharpe de maire de Caluire et Cuire. Ce que lui refuse la préfète du Rhône qui a pondu un arrêté le 9 janvier 2025 pour le contraindre à démissionner.
Loin de se laisser impressionner, Philippe Cochet a décidé d’attaquer cet arrêté dans un référé auprès du tribunal administratif de Lyon. Il a assorti ce nouveau recours d’une question prioritaire de constitutionnalité auprès du conseil constitutionnel au mois de mars, dont la réponse ne lui a pas été favorable.
Un contexte de chasse aux sorcières judiciaire
Déterminé à conserver son écharpe de maire, en dépit de l’exécution provisoire (comprendre : immédiate), Philippe Cochet s’est donc tourné vers le Conseil d’Etat en ultime recours. Douchant ainsi les espoirs des écolos socialistes de Caluire qui avaient fêté, à grands coup de gobelets de mousseux bio, la chute du maire LR.
Philippe Cochet lors du lancement du spécial Caluire de Lyon People en juin 2019
Dans un contexte délétère de répression politico-judiciaire marqué de l’empreinte du Syndicat de la magistrature (extrême gauche) avec notamment le bracelet électronique de Nicolas Sarkozy et la peine d’inégibilité prononcée – elle aussi avec exécution provisoire – contre Marine Le Pen, la décision du conseil d’état ne surprendra personne.
Sa sentence est tombée ce mercredi 16 juillet 2025. Les juges ont suivi la jurisprudence récente du député de Mayotte, en rejetant sa requête. Philippe Cochet est donc contraint de démissionner. Dans les 15 jours qui viennent, un conseil municipal extraordinaire sera convoqué pour élire le nouveau maire, issu des rangs de la majorité sortante.
Un bâtisseur respectueux du patrimoine
De ses trois mandats, on retiendra surtout le nouveau regard porté sur Caluire et Cuire qui, après des décennies d’errance urbanistique, s’est forgée une nouvelle identité. Avec pour grands axes : sécuriser sa ville, embellir le cadre de vie des Caluirards (avec une rarissime Fleur d’Or en récompense), rénover le fort de Montessuy et sauver l’immense plateau maraicher qui jouxte Caluire et Rillieux.
La sécurité des habitants et commerçants est également à mettre à son actif avec la création d’un centre de supervision urbain, le déploiement de la vidéo protection et l’armement des policiers municipaux. Quand on voit la déshérence des cités de Vénissieux, Vaulx en Velin ou Villeurbanne, il n’y a pas photo.
Son empreinte à Caluire et Cuire
A ajouter à son copieux bilan, la rénovation de la piscine Isabelle Jouffroy, la construction du skate park, la démolition et la reconstruction du quartier HLM de Montessuy, côté sainte Bernadette, le nouveau pôle éducatif du Vernay, le cinéma, et bien entendu, la grande ferme urbaine de la terre des lièvres confiée à Bastien Joint.
Le château de Montchoisy avant sa démolition – Archives Histoire et Patrimoine de Caluire
Mais aussi la volonté de préserver les derniers joyaux architecturaux de sa commune mis en valeur dans notre collector de 300 pages, alors même que ses prédécesseurs avaient signé des dizaines de permis de démolir anéantissant à tout jamais les mémoires des familles ayant résidé aux châteaux Bellevue, Montchoisy, La Tour… désormais rasés.
Une résistance de tous les jours
Caluire, ville de Jean Moulin et capitale de la Résistance. En 1945 comme en 2025. En premier lieu, résistance contre les écologistes, depuis 2020, et leurs projets fumeux, comme celui de bétonner la voie verte pour en faire une autoroute à vélos, ce qui constitue un flagrant délit d’escrologie.
Contre la préfète du Rhône qui lui a retiré la compétence des permis de construire pour n’avoir pas suffisamment bétonné sa commune avec des HLM avec en leitmotiv l’application zélée de la loi SRU votée sous François Hollande. Et qui dans le même temps, entend faire appliquer la loi sur la non-artificialisation des sols. Ce pays marche vraiment sur la tête…
Et enfin résistance contre son premier cercle – on n’est jamais trahi que par les siens – la vacuité et la médiocrité de certains membres de son conseil municipal qui ont transformé la majorité en un panier de crabes digne du conseil du 6ème arrondissement de Lyon depuis le retrait provisoire du maire Pascal Blache.
Hors considérations politiciennes et judiciaires (tronquées), Philippe Cochet restera pour ses habitants, un grand maire de Caluire. Il va désormais se consacrer au procès en appel.
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