Maire… euh… c’est l’anagramme…euh… d’aimer

7 mars, 2008 | LES GENS | 0 commentaires

gerard-stvincent Gérard Collomb dans son local de campagne. Non, il n'a pas été opéré de la cataracte…

 

Par Bertrand de Saint Vincent

 

Sur les plans que distribue l'office du tourisme, une silhouette de lion arbore des lunettes noires. En cette veille de combat électoral, Gérard Collomb est à l'image du fauve qui symbolise sa ville : d'une nonchalance souveraine. Il avance d'un pas feutré. Nul besoin de rugir: Tous les sondages disent que ses sujets le respectent et envisagent avec sérénité sa réélection.

 

Pour n'effrayer personne, le maire a installé ses locaux de campagne dans un modeste appartement de la rue de la république. Décor minimaliste. Pas de grandes affiches, ça sert à quoi ? Tout le monde le connait. Bien que né à Chalon, il s'est engagé dans la politique locale depuis qu'il a l'âge de voter. Son programme ? « Aimer Lyon 2008 ».

Le slogan a le mérite de la simplicité. Comme Collomb est socialiste, il a remplacé les zéros par un cœur ; semé du rose fuchsia un peu partout : sur les écharpes de ses colistiers, les tableaux accrochés au mur. Dans les locaux du rez-de-chaussée, où les électeurs viennent pratiquer le speed-dating, il y en a un qui représente des chaussons de danseuse et un autre, des macarons. C'est joli, mais on frôle l'overdose: « Vous savez, explique-t-il, euh… maire… euh… c'est l'anagramme…euh… d'aimer ».

Ce sexagénaire au regard fin porte un costume de velours, telle une patte, en pince pour les anagrammes – « Velo'v, Only Lyon »- et s'exprime d'une voix trainante, monocorde. Quand il commence une phrase, on ne sait jamais jusqu'ou il va l'étirer. Peut-être jusqu'à ce que son interlocuteur s'y égare.

Ses discours sont…euh… de longs…euh… fleuves…euh… tranquilles. Ça tombe bien : ils s'écoulent entre Rhône et Saône, dans un paysage politique qui n'apprécie guère les débordements.

Mais sous ses allures patelines, cet agrégé de lettres classiques, fin connaisseur de Mallarmé, est capable de distribuer les coups de griffe : « On vous l'a dit ? ». Il sourit, protecteur: « J'aime me nourrir d'une certaine vision intellectuelle, mais avec une application pratique. Je déteste l'à peu-près, l'improvisation ». L'un de ses amis confirme: « C'est un compétiteur né. Et quand il a tranché, il considère comme une trahison tout point de vue opposé ».

Avec le temps, les rugissements se sont assourdis. Le maire promène sur son territoire une bonhommie de vieux renard. Les sondages le caressent dans le sens du poil, certains centristes également. Pourquoi s'en faire ? : « On joue sur l'affectivité. Ambiance chaleureuse, assez sympa, détendue ». Rien à redire.

Ses opposants, surtout le principal d'entre eux, Dominique Perben, aimerait bien le voir sortir de sa réserve. Il les dédaigne: « Ils rêvent de me voir monter sur le ring. Mais ce n'est pas moi qui vais donner des coups, c'est clair. On ne sait jamais, je pourrai me faire mettre K.O. par inadvertance.»

Le maire joue les flemmards. Plus paresseux qu'un lion, il somnole dans son coin. Tout mouvement brusque l'effraie. Il a même eu la flemme d'aller voir Ségolène Royal en visite à Villeurbanne ; c'est dire s'il est prudent.

 

Retrouvez tous les matins dans Le Figaro le bloc-notes lyonnais de Bertrand de Saint Vincent

 

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