L’OL à l’heure des décisions difficiles

27 mai, 2008 | TRIBUNE LIBRE | 0 commentaires

champion-de-france Par Philippe Dibilio

 

Que dire de ce doublé historique de l'OL sinon bravo ! Et pourtant cette saison ne restera pas comme la plus flamboyante de l'histoire du club. Certes, il y eut les blessures de joueurs clés comme Coupet ou Cris mais on retiendra surtout le fossé qui d'entrée de jeu s'est ouvert entre l'entraîneur et le groupe et qui a rendu la saison laborieuse.

 

Seulement l'OL a des bases solides, suffisamment en tous cas pour dépasser ces épreuves et autres atermoiements et enrichir son palmarès par des titres d'exception au moment où on s'y attendait le moins. Jean-Michel Aulas, dont les nerfs ont été mis à rude épreuve cette saison, peut se sentir heureux et soulagé, pour un moment seulement. Car la vie d'une entreprise comme l'OL n'autorise pas de pause. Avec ses sept titres d'affilé (record absolu en France et dans les grands championnats européens) et son doublé, le club se voit désigné, en premier lieu par ses supporters, un seul objectif pour l'an prochain : la Champion's league. Seulement gagner la coupe aux grandes oreilles suppose une nouvelle mutation du club lyonnais. D'autant que certains joueurs de référence arrivent en fin de carrière, que d'aucuns quitteront Lyon et que,  malgré les dénégations du président, l'entraîneur actuel ne poursuivra pas la saison prochaine. C'est donc une nouvelle ossature qu'il faut construire pour 2008-2009. En matière de recrutement, l'OL a les moyens et les talents de bien faire là où les choses se gâtent c'est à propos de l'entraîneur. Les objectifs nécessairement ambitieux qui sont affichés supposent l'arrivée d'un coach d'envergure internationale. L'OL a les moyens de le recruter, seulement il n'arrivera pas seul et cela pose la question du staff actuel. Et puis un nouveau technicien de haut niveau revendiquera un vrai pouvoir sportif qu'il sera peu enclin à partager avec d'autres, y compris le président et son conseiller particulier quelque soit son talent. En fait, l'heure de la mutation est arrivée. Jean-Michel Aulas a fait de l'OL un club aux structures solides, une marque largement exploitée et une société cotée en bourse, autant de réussites accélérées par les résultats sportifs. Il aura sans doute son grand stade dans quatre ou cinq ans. Cette ascension qui doit énormément à son talent et à son travail était restée dans un giron amical sinon familial tant au niveau des techniciens que des administrateurs. L'heure des décisions plus rudes s'annoncent mais il est vrai que la Bourse et à les porteurs d'actions ne connaissent qu'un seul objectif : toujours plus, et il faut l'atteindre même si ça coûte en amitié.

 

Un modèle très lyonnais

Comme on pouvait s'y attendre l'élection cantonale partielle du Vème arrondissement de Lyon n'a pas passionné les foules. Avec 21,7% de votants (un électeur sur cinq) on atteint les sommets de l'indifférence. C'est peu dire que la signification politique des résultats comme de ceux de dimanche prochain, n'auront pas grand impact sauf peut-être dans le microcosme politique lyonnais. Au vue des scores réalisés peu de choses à retenir, la candidate UMP Joëlle Sangouard arrive en tête avec 33,19% et Thomas Rudigoz, centriste soutenu par Gérard Collomb en deuxième position avec 31,85% des voix loin devant le socialiste dissident, soutenu lui par la section locale du PS, qui réalise 8,43%. Et c'est bien là l'indication principale du scrutin, Gérard Collomb peut imposer aux militants socialistes d'un arrondissement le candidat de son choix sur sa propre ligne politique, il  a la préférence des électeurs de gauche sans effaroucher ceux du centre. En cette période de préparation du Congrès socialiste de Reims, ce résultat rapproche plus le maire de Lyon de Ségolène Royal qui assume sans complexe sa volonté d'alliance avec le Modem que de Bertrand Delanoë et ses dissertations sur le sens du mot libéralisme. En même temps, quelle signification donner à ce scrutin largement ignoré par les électeurs sinon le fait que Gérard Collomb est maître en son royaume surtout si, comme c'est probable, Thomas Rudigoz est élu dimanche. Un Gérard Collomb dont la parole nationale a du mal à s'imposer mais qui se trouve conforté dans l'ambition de gouverner Lyon, et pour longtemps, au centre. Un centre républicain, un peu moins confessionnel que celui du Vème arrondissement mais que le maire pourrait assez vite fédérer au delà des frontières d'un PS qui devient réducteur dans son offre politique. A moins que les électeurs de droite du canton se mobilisent fortement pour le deuxième tour, ce qui n'est pas gagné.

 

Au secours

J'ai lu cette semaine un billet d'un dénommé François Taillendier qui m'a beaucoup parlé. Avec talent, il nous alerte sur un danger dont je partage l'importance : la suppression des bistrots ou plutôt leur extinction. « J'en avais eu l'intuition, écrit-il, lors de la prohibition du tabac mais de nouveaux signes m'y ramènent : il se pourrait bien que ce que veulent en secret les technocrates qui nous gouvernent ce soit purement et simplement la mort du bistrot ». Voilà une sombre perspective qu'il étaye de nombreux exemples de tracasseries faites à l'exercice de ce commerce. « On voudrait gâcher l'ambiance par tous les moyens qu'on ne s'y prendrait pas autrement » ajoute-t-il. Le plus inquiétant est que sa thèse n'est pas farfelue, il l'argumente. « C'est que nous avons besoin d'efficacité, de positivité sans états d'âme ; or le bistrot est le contraire de tout cela. On y boit, on y fume (enfin on y fumait), on y joue, on y braille devant les matchs. On y perd son temps. On y rêvasse. On y discute aussi ». Voilà, en effet, qui ne correspond pas à l'excitation permanente qui fait valeur de modèle national porté par un président qui, il est vrai, ne boit que de l'eau. Et pourtant, quel fantastique exutoire que « ce lieu où on traîne sans fin par la vertu d'un verre ». A l'heure où, surtout au sommet de l'état, on rêve d'un peuple animé par une plus grande joie de vivre, au secours laissons vivre les bistrots.

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