Par Morgan Couturier et Marc Polisson
Victimes collatérales de l’attentat de Marseille, le préfet de Région Henri-Michel Comet et son secrétaire général, Xavier Inglebert ont été démis de leur fonction par Gérard Collomb. Une profonde émotion a imprégné leur pot de départ, jeudi 19 octobre 2017 sur le coup de midi.
Il a balayé d’un revers de la main les termes « injustice », « brutalité » et « risque du métier », rangés au chapitre d’une « analyse sommaire », pour mieux conserver l’humilité qu’est la sienne. Après avoir redit sa compassion pour les deux victimes du terroriste islamiste, et faisant fi des rancœurs personnelles, finalement trahies par quelques sanglots, Henri-Michel Comet a quitté ses fonctions avec la sympathie et l’empathie qu’on lui connait, perceptibles dès les premiers jours de son mandat, en mars dernier. Très vite intégré, au point de préparer un ultime buffet typiquement lyonnais, l’ex-préfet de Région a pu mesurer son degré de popularité entre Rhône et Saône, plus de 500 personnes ayant entrepris de lui rendre un dernier hommage.
Silence total durant son allocution, « chose suffisant rare pour être souligné » dixit la reine des cocktails Caroline Dufour, Henri-Michel Comet a rendu son tablier sous une impressionnante salve d’applaudissements. « Je ne représenterai plus jamais l’Etat, mon uniforme pourra aller au feu », s’est-il lâché, (voir vidéo) devant un parterre d’élus, composé essentiellement de représentants de la droite métropolitaine. L’ancienne secrétaire d’Etat à la santé Nora Berra, l’ex président de la Région Jean-Jack Queyranne, le maire de Caluire Philippe Cochet, son homologue de Saint-Priest Gilles Gascon, l’ancien député Georges Fenech, au même titre que les représentants du patronat, Thierry de la Tour d’Artaise, Laurent Fiard + Jean-Louis Joly (MEDEF) et François Turcas (CPME), et de nombreux représentants d’associations humanitaires (Habitat et Humanisme, Petits Frères des Pauvres, Notre Dame des Sans Abri) lui ont apporté leur soutien.
En parlant de soutiens, David Kimelfeld et Georges Képénékian se sont fait remarquer par leur absence. A la décharge du nouveau maire de Lyon, il faut signaler qu’il avait convié depuis plusieurs semaines tous les maires d’arrondissement à déjeuner avec lui au même moment dans les salons de l’Hôtel de Ville en compagnie de son directeur de cabinet et du directeur général des services. Manquait à l’appel le maire du 3ème… que nous n’avons pas croisé à la préfecture.

« Les boucs émissaires sont une facilité » pointe Henri Michel Comet au bord des larmes.
Seuls trois adjoints au maire de Lyon Richard Brumm (premier adjoint), Jean-Yves Sécheresse (sécurité) et Jean-Dominique Durand (patrimoine) eurent le courage d’assister à ces poignants adieux. « L’Etat n’est pas un monstre froid, il est humain, c’est-à-dire qu’il est attentif à la situation de ses concitoyens, qu’il est imparfait, en évolution permanente », a-t-il décrit, précisant qu’il n’y avait « ni amertume ni mélancolie, ni nostalgie. C’est seulement la fin d’une aventure ». Avant de s’effondrer : « J’ai été boursier de cette République ». Demis de ses fonctions à 60 ans, Henri-Michel Comet se replie dès aujourd’hui en Mayenne le cœur blessé.
Plus contenu mais tout aussi ému, son homologue Xavier Inglebert a souhaité s’exprimer « en tant que préfet et en tant qu’homme », abordant les jours à venir comme « un challenge ». « Ce départ s’inscrit dans un contexte particulier. Je suis arrivé au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, je vous quitte au lendemain d’un autre attentat », a-t-il regretté, sans que son nom n’ait été cité une seule fois dans l’affaire. « En France, personne n’est inintégrable », a-t-il rappelé, en guise de dernière invective à Gérard Collomb, dont l’installation de familles roms à Saint Genis les Ollières ne lui a jamais été pardonnée. En politique comme sur la place Beauvau, la vengeance est un plat qui se mange glacé.
Jeudi 19 octobre 2017
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