Dans la valise d’Aline Perier

7 janvier, 2009 | LES GENS | 0 commentaires

aline_perrier1 Photos © Saby Maviel

 

Par Agnès Guillaume

 

Il le faut le goût, les goûts, de l'autre, des autres pour photographier depuis bientôt vingt-cinq ans des personnes et personnalités, des paysages sauvages, des intérieurs douillets, des objets et des plats gourmets. Aline Perier voyage aux quatre coins du monde et de l'hexagone. Un reporter-coquette qui a des manies et ficelles bien aguerries.

 

aline2 Aline Perier, photographe indépendante s'apprête à s'envoler pour la Chine. Destination Pékin pour préparer une exposition sur la gastronomie. Ce pays, notre voyageuse expérimentée ne le connaît pas. « Je voyage depuis mes dix-huit ans et j'en ai cinquante-cinq. J'ai visité quatre-vingt-dix pays. Pour certains, j'y ai vécu assez longtemps comme l'Australie. » Il y a aussi l'Alaska, treize voyages dont des séjours de trois mois, en hiver. Elle nous livre, émue, une première anecdote. « En général, je pars en autonomie, descends des rivières en canoë. Je me souviens d'un jour où j'ai établi mon campement au nord du cercle polaire. Je plante ma tente dans un endroit sympa. On est début septembre. Il fait 25 degrés. Au petit matin, je découvre vingt centimètres de neige. J'ai encore en tête ce silence particulier qu'apporte la neige avec elle. Et puis une lumière incroyable ! Le souvenir fou de se coucher avec un paysage d'automne et de se lever avec un paysage d'hiver ». Et puis il y a le ou les Déserts. « J'ai tellement aimé que j'y retourne régulièrement (au moins vingt fois, Sahara, Sahel..). J'ai des attaches très fortes avec des guides et Touaregs ». Pour ce départ, Aline a choisi sa valise à roulettes en semi-rigide Samsonite. « J'ai différents modèles exclusivement de couleur noire et il est temps que cela cesse. J'en ai assez de m'user les yeux à la chercher. Je veux des couleurs flashy, version rayon de soleil qui arrive sur le tapis roulant et pouvoir me dire après l'avoir récupérée : Yahaa. (NDR : onomatopée des cow-boys en Australie pour se donner du cœur au ventre). On est tout de suite immergé dans le vif du sujet avec la corbeille à bidules. Seront du voyage le sèche-cheveux et l'adaptateur. « Je ne prends pas le fer à repasser, mais c'est exceptionnel car je loge chez mon contact. Bien sûr on a accès à ce service dans presque tous les grands hôtels, mais il y a des matins où je ne sais pas encore la tenue que je vais choisir le soir. Quant au sèche-cheveux, c'est un indispensable. On n'est jamais à l'abri d'une soirée, d'un dîner, d'un imprévu lors d'une étape. Et je déteste le cliché de la routarde qui marine dans son jus ». Aline Perier procède par étape, presque mécaniquement. « J'ai la liste en tête. En revanche pour mon sac photo, j'écris noir sur blanc. Au studio (bureau), il faudra faire vite et je ne peux pas me permettre un oubli. Aujourd'hui, je pars avec des ribambelles de cartes mémoires. Exit les pellicules et les sacs en plomb pour les protéger. On a vraiment gagné en facilité même si je n'ai jamais eu de casse. Au Nouveau-Mexique, j'ai cogné mon objectif et déformé la baïonnette. Je l'ai redressé avec une pierre et j'ai terminé mon travail sans anicroche avec l'aide de Nikon et certainement un coup de pouce de la chance !».

 

aline3 Les tenues sont savamment rangées sur le lit par catégorie, pulls, chemisiers, pantalons, jupes… On remarque un grand châle noir. « Il est de tous les voyages depuis trente ans. C'est un basic en dentelle, sans mode, que j'accommode à toutes les sauces. Avec les années, j'ai appris l'art du minimum fonctionnel. Beaucoup de noir. Des tenues qui s'inter-changent. Des pièces qui fonctionnent autant dans le décontracté que l'habillé. Une touche de féminité grâce à la coiffure, au maquillage et à de petits accessoires type sac à main ». Sur ce, elle prépare une boîte à bijoux où prendront place trois ou quatre paires de boucles d'oreilles. Vient l'étape cruciale où Aline emballe tout dans des sacs en plastique. « Je compose ma valise à la façon Christo » dit-elle en souriant. « Je dois la maternité de cette manie à une amie avec qui j'ai voyagé dans mes jeunes années. Encore une histoire de désert ! Liliana était toujours impeccable tandis que moi je ressemblais de plus en plus à rien… Un matin où je la questionnais, elle m'a montré son sac à dos. Tout était minutieusement rangé dans des sacs. Pas de poussière ou eau, pas de bouloche, pas de chiffonnage quand on cherche « le truc » tout au fond etc… » En nana très coquette, notre photographe s'attaque à la trousse de toilette. « J'emporte toujours de l'eau de toilette. Pour éviter le côté sauvage, merveilleux seulement sur les photos magazine, je prends toujours un fond de teint, un blush, de la poudre à paupière et du ricil ». Pour sa peau, elle reconnaît être gâtée par la nature mais peaufine ce cadeau. « J'ai toujours une crème hydratante. Je ne mets pas plus de vingt euros et je change souvent. Et j'utilise le démaquillant Créaline H20 ». Même combat pour les cheveux. « Je fonctionne au shampoing quotidien et sinon je porte un foulard. J'ai horreur du cheveu gras et terne qui colle. Le voyage, oui, mais pas la sale tête qui l'accompagne ». On reste dans les boîtes et pochettes. « Pour l'avion, je prévois des échantillons de crème hydratante, le masque, des somnifères légers et les bouchons d'oreilles impérativement ». Pas d'ordinateur mais les livres de deux copines. « Avec Corine, on est partie en Mongolie faire un reportage sur les femmes chamanes pour Cosmopolitan ». Et de poursuivre  « Je me souviens d'un voyage dans le désert ou j'ai fait du stop sur une piste pour rallier une oasis à la ville la plus proche. Je me suis installée avec mon chapeau et un livre en attendant. J'avais de l'eau et des vivres pour trois jours et aucune angoisse. Quand le soir est tombé, j'allais installer mon campement quand un Touareg est sorti de nulle part pour me proposer de venir avec lui. Je ne l'avais ni vu ni entendu arriver. Leurs tentes étaient montées à 300 mètres. Ils m'ont dorloté. Le lendemain un camion des travaux publics m'a prise à son bord. Quelle rencontre fabuleuse ! ». Aujourd'hui, notre globe-trotter rêve de partir en Sibérie et en Patagonie. « J'aime les territoires extrêmes pour le côté sauvage et la lumière presque irréelle qui me fait dire : je n'en crois pas mes yeux ».

 

Aline Perier, photographe indépendante depuis 1984 (presse magazine, publicité, édition gastro et déco, architecture, exposition).

www.alineperier.com

Actualité : sortie de son dernier livre aux éditions Borée « Chalets intérieurs et extérieurs » sur les Alpes Françaises.

 

 

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