Photo © FDL2013

Par Benjamin Solly

Parfois décriée pour son côté barnum, la Fête des Lumières, qui ancre ses racines dans la dévotion des Lyonnais à la Vierge, présente pour son édition 2013 (6 au 9 dec) un visage résolument tourné vers son symbolisme originel.

« Lorsque je suis arrivé à Lyon, j’ai reçu plusieurs lettres me disant que cette fête avait perdu son âme. » Dans nos colonnes l’année dernière, le cardinal Barbarin se faisait l’écho du sentiment de certains lyonnais à l’évocation de la Fête des Lumières. «  Moi, pourtant, j’étais ébloui par tout ce que je voyais », confiait alors, dans un contre-pied savoureux, le Primat des Gaules. Dans une ville comme Lyon, où le temporel et le spirituel cohabitent dans une relation multiséculaire, la Fête des Lumières a parfois fait fi de ses origines pour devenir un événement tourné vers l’art contemporain. L’édition de 2004, qui a valu a l’adjointe verte Pascale Bonniel-Chalier sa délégation, marquait le point d’orgue de ce dévoiement.

Ne nous y trompons pas, la Fête des Lumières n’a pas vocation à reproduire les mystères d’antan. Elle marque avant tout le savoir-faire lyonnais des concepteurs de lumière. Lyon est précurseur en la matière, avec le Plan Lumière de 1990 et la création en 2002 de LUCI (Lighting Urban Community International), réseau qui compte aujourd’hui 64 villes-membres et 36 partenaires associés. Bien sur, le « branding » de l’événement en fait parfois un objet évènementiel décontenançant pour ceux qui préfèrent les lumignons aux LED. Incontournable, il permet la prise en charge de plus de 50% du financement de la Fête. Et quand la technique se met au service du sens pour le plaisir des sens, les lyonnais et les millions de visiteurs qui déambulent dans la ville pour l’occasion y trouvent leur compte.

Cela semble être le cas cette année. Présentée par l’adjoint à la culture Georges Képénékian depuis l’Institut Lumière, mercredi 23 octobre, l’édition 2013 se déroulera du 6 au 9 décembre.  Un parcours, même s’il n’est pas présenté comme tel, a particulièrement retenu notre attention. Il s’étend de la place Bellecour jusqu’au square Bernard Frangin à la Croix-Rousse. Un anti-calvaire cathartique avec ses étapes, comme autant de chapelles tout au long de la déambulation. Ce cheminement, quasi-initiatique, n’est pas sans rappeler l’ascension « dantesque » du poète florentin dans « La Divine Comédie. »

De Bellecour à la Croix-Rousse, un parcours introspectif et initiatique

Tout commence près de la statue de Louis XIV où « Pierrot le Feu », une marionnette géante, soufflera dans le tumulte ses projections et ses effets pyrotechniques. Le feu est au cœur du projet. L’élément rappelle allégoriquement l’Enfer. Pour s’en extirper, le visiteur devra remonter jusqu’à la place des Jacobins. Il découvrira alors « Show case », immense cube recouvrant la fontaine dont chacune des faces est un miroir reflétant les jeux des lumières alentours. Pourquoi cette Kaaba occulte-t-elle l’élément architectural central de la place ? Cette invitation à une déambulation circulaire autour de l’immense cube est-elle un symbole de pénitence ?  Ces deux premières étapes résonnent comme un voyage introspectif.

Arrivé place de la République, l’éclat se fait plus dense. Ce « Cheminement de Lumière », qui remonte jusqu’aux Cordeliers, déploie ses arches scintillantes, comme autant de (demi) cercles concentriques qui tracent la route jusqu’au septentrion. Ici, la lumière reprend ses droits. Le cheminement du visiteur est plus apaisé. Place de la Bourse, comme une balise, la lumière de « La Sérénade » transformera les arbres en immenses bouquets de fleurs. Un signe laissé par le concepteur au visiteur, par Béatrice à Dante, pour lui signifier que son chemin chaotique entamé place Bellecour sera désormais couvert de roses ? Si seulement…

En arrivant dans la cour de l’Hôtel de Ville, le visiteur fait face au Paradis Perdu. De Dante à Milton, le chemin est court ! Des projections sur les façades intérieures reproduiront ce qui peut s’apparenter au jardin d’Eden. Mais l’intitulé de l’oeuvre est sans détour. « Lost Paradise. » La quête doit reprendre pour le visiteur qui franchira alors la montée de la Grande Côte dans une continuité édénique avec l’Hôtel de Ville, autour de l’œuvre « Un Printemps en Hiver. » L’allégorie de l’ascension, physique et spirituelle, est prégnante et trouve sa finalité square Bernard Frangin avec « Ombrascope. » L’ouvrage paraît modeste  Les sculptures qui hantent l’obscurité du square révèlent alors leur visage selon l’inclinaison des lampes torches que le visiteur est invité à braquer sur elle. Une forme de révélation de la vérité par la Lumière qui clôt ce parcours introspectif et initiatique, débuté quelques kilomètres plus bas.

Les incontournables au rendez-vous

A ne pas louper également, la cathédrale Saint-Jean qui, avec « Rencontres », brillera de mille feux. Un monolithe, placé au centre de la place Saint-Jean diffusera à 360° ses rayons vers les différentes polarités de la ville. Tout proche, les quais de Saône se pareront d’un orange sépia avec la basilique en chef du « Grand Orchestre de Fourvière. » Du palais aux 24 colonnes jusqu’à l’édifice religieux, l’ensemble rejouera le thème d’ouverture de Lawrence d’Arabie, composé par le Lyonnais Maurice Jarre. Point d’orgue également de cette édition 2013, la place des Terreaux accueillera « Le Prince des Lumières », qui partira sur les traces du trésor dérobé par les avaleurs de lumière. Une grande fresque poétique à découvrir sur les façades de l’Hôtel de Ville et du palais Saint-Pierre. Au total, 70 sites sont mis en lumière à l’occasion de la Fête des Lumières.

Le diaporama de la Fête des Lumières 2013, c’est maintenant

1. « Waterlight Graffiti ». Centre Commercial Confluence (2e)

2. « Le Village dans le ciel ». Berges du Rhône – Pont Morand (6e)

3. « 40 Hexaèdres ». Amphithéâtre des 3 Gaules (1e)

4. « Agorama ». Place Abbé Pierre – La Duchère (9e)

5. « Rencontres ». Cathédrale et place Saint-Jean (5e)

6. « Ceci n’est pas une ampoule #2 ». Musée des Moulages (3e)

7. « Chinese corner ». Parc de la Tête d’Or (6e)

8. « Dress Code ». Gare Saint-Paul (5e)

9. « Festicolor ». Place Pradel (1e)

10. « Flammes ». Darse de la Confluence (2e)

11. « Cheminement de Lumière ». Entre Bellecour et Cordeliers (2e)

12. « Grid ». Hôtel de Région Montrochet (2e)

13. « Biomérieux ». Place Docteurs Charles et Christophe Mérieux (7e)

14. « Dessine-moi…des Lumières ». Mur des Lyonnais (1e)

15. « L’abîme ». Place Gailleton (2e)

16. « La Marguerite ». Quai Jean Moulin – Place Pradel (1e)

17. « Le Coeur à l’ouvrage ». Terrasses du centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc (7e)

18. »Le Grand Orchestre de Fourvière ». Vue depuis les quais de Saône (2e)

19. « Le Prince des Lumières ». Place des Terreaux (1e)

20. »Les Anges gardiens ». Place Saint-Nizier (2e)

21. « Les Crayons de Couleurs ». Rhône – En amont de la passerelle du collège Pont Morand (6e)

22. « Lost paradise » by JC de Castelbajac. Cour intérieure de l’Hôtel de Ville (1e)

23. « Luminon ». Place Colbert (1e)

24. « Magic Forest 2.0 ». Square Descours (6e)

25. Mairie du 7e

26. « Mon chou ou l’extraordinaire potager ». Jardin Gouzoud-Testud (4e)

27. « Ombrascope ». Square Bernard Frangin (4e)

28. « On est des p’tits monstres, pas des lumières ». Rue Sergent Blandan et école Robert Doisneau (1e)

29. « Pierrot le Feu ». Place Bellecour

30. Mise en lumière du Pont de la Mulatière

31.

32. « Samanéa Saman ». Place Valmy (9e)

33. « Serenade » by Chantal Thomass. Place de la Bourse (2e)

34. « Show Case ». Place des Jacobins (2e)

35. Scénographie de l’intérieur du tunnel mode doux de la Croix-Rousse by Skertzo

36. « Un printemps en hiver ». Montée de la Grande Côte (1e)

37. Robinet des Lumière Ephémère – Entrée du tunnel mode doux de la Croix-Rousse