Saint-Bernard de la Croix-Rousse. Le combat des Lyonnais pour sauver leur église

18 novembre, 2016 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

Photo © Fabrice Schiff

Par Baudouin Wisselmann

Le sort de l’église Saint Bernard de Croix-Rousse est sujet à polémique depuis plus de 15 ans. À l’heure où sa transformation en immeuble de bureaux semble être scellée, des catholiques se mobilisent pour que l’édifice conserve sa vocation initiale.

Le premier chapitre de ce triste feuilleton s’est écrit en janvier 2003 quand Le Progrès annonce la destruction de l’édifice. L’absence d’entretien et une fréquentation en baisse avaient entrainé sa désacralisation en 1999. Son parvis et son clocher n’ayant jamais été bâtis faute de financement, des experts ont alors opportunément pointé une menace pour l’équilibre de la bâtisse, mais sans que cela ne soit ensuite avéré scientifiquement. Peu importe, le prétexte à la démolition est trouvé. A l’initiative de Nicole Hugon sa présidente, l’association des Amis du Bon Pasteur et de Saint Bernard s’attelle à sauver l’église coûte que coûte entamant une procédure judiciaire contre le permis de démolir signé par Gérard Collomb. Devant le tribunal, un architecte spécialiste des monuments historique et de restauration d’église confirmera qu’aucun effondrement ne menace l’édifice de manière imminente. La très prestigieuse Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF) qui figure parmi les premières associations de défense du patrimoine, en phase avec de nombreux sénateurs, parvient à convaincre Gérard Collomb de l’intérêt patrimonial de cette église abritant de très beaux vitraux de Lucien Bégule. Le maire de Lyon finit par renoncer à ses projets de parking, et débloque une subvention de 380 000 euros pour consolider la façade. Car la bâtisse souffre d’un déséquilibre causé par le percement en 1889 du funiculaire reliant la place Croix-Paquet à la place de la Croix-Rousse. Ces travaux vinrent fragiliser les sous-sols déjà percés de galeries souterraines créant un phénomène d’affaissement vers la place Colbert.

Le respect des Canuts

Une fois le sauvetage acquis, l’association redouble d’énergie en vue du second objectif : rendre à l’église Saint Bernard sa vocation cultuelle originelle, et honorer la mémoire des Canuts qui, de leur obole, ont financé sa construction. Des demandes de rachat, d’acquisition (car propriété de la ville), de bail emphytéotique sont alors formulées par la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Une communauté catholique traditionaliste forte de 500 familles qui, depuis plus 40 ans, accueille ses fidèles dans des locaux privés aménagés en chapelle (hier une chocolaterie désaffectée, aujourd’hui une ancienne salle de billard, cours Charlemagne). Depuis dix ans, les Amis de Saint Bernard font le siège du maire et de ses adjoints sans résultat. Et pour cause. En juin dernier, Nicole Hugon apprend qu’un bail emphytéotique est sur le point d’être signé avec le promoteur Carré d’Or *. L’opération immobilière vise à transformer l’église en immeuble de bureaux et à la doter d’une terrasse végétalisée. Mais les travaux sont dantesques, et avant tout aménagement intérieur, un parvis doit être construit pour stopper l’affaissement. Cette seule opération est estimée à 7 millions d’euros ! Qui va les prendre en charge ? « Nous ne voulons pas revivre le triste épisode de l’église Sainte Rita à Paris. Nous avons de plus en plus le sentiment inquiétant d’un Etat qui abandonne le patrimoine et l’identité du pays. » souligne Nicole Hugon qui a lancé une pétition sur le site mesopinions.com pour impliquer les Lyonnais dans son combat. Elle a déjà recueilli plus de 2700 signatures.

http://www.mesopinions.com/petition/social/signez-mairie-lyon-rende-glise-saint/24617

*C’est ce même promoteur qui porte le projet de « container » sur le toit du 19 quai Augagneur (Lyon People de juillet 2016, page 12)

 

Manifestation samedi 19 novembre 2016 de 14h30 à 17h
Place Colbert – Lyon 1er

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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