Philippe Barbarin et Benoit XVI lors de l’audience réservée aux consuls. Photo © Fabrice Schiff

Par Benjamin Solly

L’archevêque de Lyon, qui a rejoint le Vatican dimanche 3 mars 2013 pour préparer l’élection du futur pape, a accordé lundi matin quelques mots aux journalistes français présents sur place.

Sur fond de polémique, les lourdes portes du Vatican se sont entrouvertes sur les turbulences qui secouent le Saint-Siège. La presse italienne a publié en 2012 les notes internes du Vatican qui retranscrive ce malaise. L’affaire, rapidement rebaptisée Vatileaks, met en lumière des dysfonctionnements au sein de la Curie, qui représente l’ensemble des institutions qui assistent le souverain pontife à la tête du ministère de Rome.  Et prend une nouvelle dimension à quelques jours de l’élection d’un nouveau pape.

L’ancien secrétaire d’État au Vatican Tarcisio Bertone, n°2 du pape dont les fonctions ont pris fin avec la renonciation de Benoit XVI, était particulièrement visé, se voyant reprocher son autoritarisme et son incompétence. Il faut dire que Bertone est un atypique, non-issu du sérail de l’école des nonces qui forment les Ambassadeurs du pape. De quoi susciter des jalousies en interne.

L’organigramme du Vatican, avant la renonciation de Benoit XVI – Document Direct Matin

Autre remous, l’existence d’un prétendu lobby gay au cœur du Vatican qui pourrait influencer le prochain conclave des 208 cardinaux-électeurs qui doit élire le 266e pape de l’Eglise. Par voie de communiqué le 23 février, la Secrétairerie d’État du Saint-Siège a déploré la divulgation de  « nouvelles souvent non vérifiées, ou non vérifiables, voire fausses, qui portent un grave dommage aux personnes et aux institutions. »

Les soupçons de pédophile concourent également à un peu plus pourrir l’ambiance du Vatican. L’ancien primat d’Écosse démissionnaire, Keith O’Brien, a admis dimanche avoir eu des « comportements déplacés » à l’égard de jeunes prêtres.

Des polémiques bien terrestres et temporelles, très éloignées de la portée spirituelle de l’Église, et qui parasitent aujourd’hui la mise en place du futur conclave. Mais tous les cardinaux ne tournent pas le dos à ces problématiques bien réelles.

« Nous voulons avoir connaissance de ce qui se vit au Vatican, dans l’ensemble de l’organisation centrale de l’Église qui a été un peu chahutée ces temps derniers », a déclaré le Primat des Gaules Philippe Barbarin, cité par Europe 1,en sortant de la première session des congrégations générales lundi. Le cardinal archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois est sur la même veine, assurant que  « le nouveau pape aura nécessairement à affronter les problèmes dans la Curie ».

Les congrégations générales des cardinaux, qui préparent la mise en place du conclave et dessinent vraisemblablement le portrait du futur pape, doivent se dérouler jusqu’à la mi-mars. Se tiendra ensuite le conclave qui élira le nouveau pape. Selon toute vraisemblance, l’Église catholique aura un nouveau pape pour la fête des Rameaux, commémorant l’entrée de Jésus à Jérusalem, dimanche 24 mars prochain.