Par Morgan Couturier

Programmée pour devenir un « espace agréable » pour les enfants, la rue Saint Michel subit actuellement de lourds travaux d’aménagements. Outre la poussière et les nuisances sonores, c’est surtout la nature de ces ouvrages qui interpelle les riverains.

« Tu es né poussière et tu redeviendras poussière ». Ces derniers jours, les riverains de la rue Saint Michel, dans le 7^e arrondissement de Lyon, ont beau prier la fin du vacarme au pied de leurs immeubles, ces derniers semblent voués au même châtiment qu’Adam et Eve. Depuis plus d’une semaine, leur jardin d’Eden prend en effet, des airs de purgatoire, tant la rue en question se drape d’un imposant nuage de poussière, conséquence directe du sablage du béton.

« La poussière reste dans les appartements. Ma terrasse est devenue toute blanche », se plaint ainsi un habitant, soutenu sur la toile par quelques voisins, certains parlant même de « zone de guerre ». En cause, toutes les façades blanchies par cet étonnant chantier donc, dont les nuisances se font entendre très tôt le matin et sur plusieurs allées aux alentours. Un réveil sympathique et une pollution visuelle que regrettent les riverains, visiblement privés de tout avertissement.

Bonjour, les travaux le samedi matin à partir de 7h30 ont également été approuvé par les personnes concertées ? pic.twitter.com/zWbDBBXbnH

— Portal Blandine (@BlandinePortal) August 14, 2021

Beaucoup de bruits pour rien ?

Sur ce point, la maire écologiste Fanny Dubot et la mairie du 7^e se targuent pourtant d’avoir présenté la nature des travaux autant que son calendrier prévisionnel, à l’issue d’un « dernier comité de pilotage » organisé le 16 juin dernier. Bien sûr, si les mauvaises langues évoqueront une nouvelle concertation fictive des élus écologistes, la conclusion demeure la même : les ouvrages actuels doivent mener dès la rentrée, à « une rue aux enfants ». En d’autres termes, « un espace agréable imaginé spécifiquement pour les enfants » de l’école maternelle Gilbert Dru, où une « végétalisation dense » sera couplée à « différents espaces de jeux permettant de profiter pleinement des abords de l’école de façon sécurisée ».

Les travaux effectués en 2020 effacés au profit de nouveaux ouvrages

« Ils veulent apaiser les écoles, mais au final, ce ne sont que des nuisances pour les riverains. Cette rue, elle était déjà d’une paisibilité incroyable. Ils feraient mieux de redonner l’opportunité aux enfants de visiter les jardins environnants », glisse un riverain, pointant au passage des espaces verts devenus malfamés. Plus encore, ce dernier, appuyé par l’association citoyenne La Guillotière en colère, déplore le coût d’un tel projet (voir le plan ci-dessus), dessiné sur papier par des enfants de maternelle et repris conjointement par la Métropole, la mairie centrale et les élus du 7^e arrondissement.

La rue Saint Michel à la rentrée 2020.

Le motif de son courroux ? Des travaux déjà orchestrés pour la rentrée 2020, pour laquelle les écologistes avaient alors choisi de barrer la rue, de refaire les trottoirs et d’apposer des barrières en métal. Trois semaines de dur labeur, finalement réduites à néant, au profit d’un nouvel espace plus végétal et ludique. En somme, de l’argent public gaspillé et des économies parties en fumée. Au sens propre, comme au sens littéral. Reste qu’aujourd’hui, les deux ont du mal à passer.