Robert Batailly. « En mars, je voterai Gérard Collomb ! »

5 décembre, 2013 | POLITIQUE | 0 commentaires

Robert et Irène Batailly, les sages de la rue Feuillat – Photos © Fabrice Schiff

Propos recueillis par Benjamin Solly et Marc Polisson

Figure du radicalisme et de la franc-maçonnerie, personnalité haute en couleurs, Robert Batailly est connu pour son franc-parler. Nous sommes allés le retrouver dans sa maison de la rue Feuillat où il réside avec son épouse Irène depuis 1959. L’ancien maire UDF du 8ème évoque sans langue de bois les prochaines élections municipales et les affaires lyonnaises.

Robert, comment allez-vous ?
Je vais très bien. Je me prépare d’ailleurs à faire une liste aux municipales (rires).

Amputé en 2008, vous portez désormais une prothèse. Avez-vous adopté votre nouvelle compagne ?
C’est ma sixième prothèse. J’espère la dernière. Je lutte contre ce que l’on appelle « les membres fantômes. » Ce sont des fourmis qui dévorent les membres que vous n’avez plus. Par exemple, si je regarde une scène de crime à la télévision, les fourmis me reprennent. C’est assez fatigant. C’est un inconfort à la fois psychologique et physique. Ce n’est pas une souffrance terrible mais un embêtement permanent. Je prenais du Ryvotryl pour calmer cet effet secondaire. Le produit est désormais interdit. Je suis en période de sevrage.

Votre vie est désormais consacrée à la mémoire des personnalités que vous avez côtoyées. Robert Batailly n’a-t-il le regard accroché qu’à son rétroviseur ?
J’essaie de combattre des propos tenu par André Mure, qui disait que Batailly était « l’homme des cimetières ». Dès que l’on honore quelqu’un, on sait que Batailly est au rendez-vous (rires). En tant que radical, je suis Herriotiste. J’ai hérité de la présidence des Amis d’Edouard Herriot à la mort de Napoléon Bullukian et celle des Amis de Pradel au décès du Pr. Marion. Il m’a confié le maillet (rires). J’en ai une autre en gestation, les Amis de Raymond Barre, dont je ne prendrai pas la présidence pour faire mentir André Mure. A 80 ans, si on veut honorer la mémoire de Raymond Barre, faut-il être en état de pouvoir parler de lui en toutes occasions. Avec l’accord d’Anne-Marie Comparini qui a été consultée, nous prendrons un jeune qui a connu Raymond Barre.

Son ancien directeur de cabinet ?
Pas tout à fait. Mais il s’agira de quelqu’un de très proche de lui. Raymond Barre est venu dans ma « cave » 17 fois. Avec Irène, nous n’avons pas eu les moyens de construire un troisième étage, alors j’ai creusé un sous-sol. Il tient 50 personnes assises. Raymond Barre venait souvent pour faire des rencontres politico-conviviales. Le maître de séant niveau convivialité n’était autre que Bobosse, qui venait avec des paniers de victuailles et quelques amis du Beaujolais qui apportaient des bonnes bouteilles. Notamment du Chiroubles. J’ai été un spécialiste du Chiroubles pendant de longues années. Mon père a fait Verdun avec un vigneron de Chiroubles qui s’appelait Durand.

batailly 5Raymond Barre a-t-il trouvé un successeur ?
Il y a beaucoup de personnes pleines de bonne volonté, mais qui n’ont certainement pas le souci de rendre pratique ce qu’ils disent. Il y aurait peut-être Rocard animé de ce même sentiment, autour de cette question : « est-ce possible à réaliser ? »

Il vous a accordé en 2005 la nationalité sénégalaise. Quel regard portez-vous sur la fin de règne mouvementée du président Abdulaye Wade au Sénégal ?
C’est déplorable. De Gaulle a dit que la vieillesse était un naufrage. Je ne sais pas si c’est tout à fait vrai pour Abdulaye Wade. L’amour de la famille l’a poussé à couvrir toutes les malversations que l’on impute à son fils. Il y avait un clan Wade qui s’est développé à l’ombre du président. Wade n’était pas aveugle, mais il a été trompé sur la réalité de ce clan. Je crois qu’Abdulaye Wade mourra en exil.

On vous a vu à l’enterrement d’Hélie Denoix de Saint-Marc…
Je suis venu saluer l’homme. Hélie de Saint-Marc a été résistant, il a été déporté à Buchenwald. C’est quelque chose qui parle. Je tenais également à honorer le putschiste. Non pas parce que je considérais qu’il n’était pas républicain. Au contraire, il l’était profondément. Il disait en permanence, à l’évocation du putsch, qu’il estimait avoir fait quelque chose de grave en se retournant contre l’Etat républicain, et qu’il méritait douze balles dans la peau dans les fossés d’Ivry ou de Vincennes. Il l’a fait par respect pour l’engagement qu’il avait pris à la demande du Général De Gaulle mais qui n’a pas été tenu par ce dernier. Quand vous avez, dans un bal « tragique » du dimanche, une centaine de morts et que vous savez que forcément il y en aura d’autres, lorsque vous attrapez un chef fellagha, vous essayez de le faire parler. Il y a probablement des sévices qui ont été commis, qui sont évidemment regrettables voire condamnables. Mais en donnant l’ordre de taper sur les doigts des harkis qui s’accrochaient aux camions de l’armée, le commandement a provoqué des atrocités certaines. Car dans les 24 heures suivantes, les harkis étaient massacrés. Saint-Marc a été condamné, engeôlé. Il a été gracié et rétabli dans ses prérogatives militaires. C’est une très bonne chose que Sarkozy lui ait remis la dignité de Grand Croix de la Légion d’Honneur. En tant que modeste président des médaillés de la Légion d’Honneur du 3e arrondissement, c’était mon devoir d’être aux obsèques.

Batailly 3Quelle relation aviez-vous avec Hélie de Saint-Marc ?
Chaque fois que je l’ai rencontré, il m’interpellait en me disant : « Je sais ce que vous êtes, vous, vous êtes un radical et franc-maçon.  J’ai fait des choses qui ne sont pas une bonne référence pour la république que vous défendez. Mais comprenez-moi, je l’ai fait pour sauver ma conscience. Peut-être que vous n’êtes pas croyant, mais je l’ai fait pour sauver mon âme également.»

Avez-vous été résistant ?
En 1940, j’avais 6 ans. Je n’ai pas fait de résistance. Je me souviens de deux vieux Allemands, qui avaient plus de 60 ans, et qui occupaient Bourg-de-Thizy. On allait les embêter en mettant des cartons de métier Jacquard fixés avec une épingle à linge dans les rayons de notre bicyclette. En pédalant, cela reproduisait le bruit de la mitraillette. En réponse, ces deux Allemands nous tiraient dessus avec leur pipe.

Le corps consulaire lyonnais croît de manière exponentielle. Vous qui êtes consul émérite du Sénégal, qu’en pensez-vous ?
C’est une bonne chose. Lyon est une réelle capitale à vocation internationale qui abrite les représentants de multiples pays. Les consuls qui n’ont jamais mis les pieds dans les pays qu’ils représentent, ce n’est pas forcément une tare. A condition qu’ils se soient occupés de la communauté qu’ils représentent dans la région lyonnaise. Quand j’ai été nommé consul honoraire du Sénégal, j’avais été trois fois avec mon épouse à la foire de Dakar car nous représentions une affaire dont les patrons étaient très impliqués dans le développement de leur affaire au Sénégal. En tant que maire du 8e, j’ai eu le plaisir de recevoir de manière débridée un capitaine des Eaux et Forêts. Il nous a invités à visiter le parc du Niokolo-Koba. J’ai ensuite été nommé consul. Entre temps, dans le cadre de mes fonctions à l’OPAC, je me suis beaucoup occupé de Sénégalais. Nous recevions à la maison avec ma femme de nombreuses familles sénégalaises.

Comptez-vous célébrer les 30 ans de la disparition de votre ami et mentor Napoléon Bullukian, qui nous a quittés le 12 avril 1984 ?
J’ai noté cette date sur mon agenda. Mais je sais que le président de la Fondation Bullukian devrait faire un évènement.  Il m’invite deux fois par an au Sofitel pour évoquer Napoléon Bullukian.

batailly 2Vous étiez un de ses plus proches amis, à telle enseigne que vous avez été choisi avec Joannès Ambre pour être son exécuteur testamentaire. Mais Napoléon Bullukian a caviardé votre nom au dernier moment. Que s’est-il passé ?
Deux éléments sont consignés dans un rapport de la Gendarmerie Nationale. M. Delorme, notaire de son état, pourrait le confirmer. Les choses se sont passées d’une manière bizarroïde. L’affaire est sérieuse. Napoléon Bullukian est arrêté par les douaniers d’Annemasse avec une somme importante en liquidités. Il devait reprendre deux affaires : une de construction de chalets et une autre de construction de tours mécaniques à Viuz-en-Sallaz, dont j’ai ici deux cartons d’actions qui ne valent rien mais qu’il m’a données en souvenir. Il est poursuivi pour infraction au contrôle des changes. Il doit passer au tribunal d’Annemasse mais tombe malade et attrape un cancer de la vessie. Joannès Ambre qui le défend, ne l’informe pas de cette procédure en cours. Joannès Ambre écrit ainsi à Dubernard en lui disant qu’il doit représenter Bullukian au Tribunal de Grande Instance d’Annemasse. Pour ce faire, il doit avoir de sa main une attestation signée. Comme Joannès Ambre savait que je passais tous les jours le voir, il a donné l’instruction au Pr. Dubernard de me remettre l’attestation que je puisse la transmettre à Joannès Ambre. Dubernard fait l’attestation et la remet sur la table de nuit de Bullukian à l’attention d’Irène, mon épouse. Napoléon a alors une visite d’une marchande de chaussures arménienne qu’il connaissait, une intrigante dont j’ai oublié le nom. Elle a vu la lettre et a trouvé bizarre que le Pr. Dubernard  écrive à l’attention d’Irène Batailly. Elle a alerté Napoléon Bullukian. Dans la nuit, Napoléon a ouvert la lettre à l’aide d’une serviette chaude. Il découvre alors le contenu de l’attestation qu’il présente le lendemain à sa visiteuse quotidienne.

Comment réagit-elle ?
« Il veulent te faire passer pour fou pour faire refaire ton testament », lui dit-elle. Napoléon écrit alors à Maître Delorme et lui demande de lui rapporter son testament. Il raye le nom de Robert Batailly et le remet sous pli cacheté. Il remet ce nouveau testament à Me Delorme et il me fait la gueule. Il appelle Joannès Ambre en lui disant : « Robert m’a fait une saloperie ! »  Joannès Ambre me téléphone. Nous nous voyons quelques jours plus tard.  Nous somme sur le chemin de l’hôpital Edouard Herriot pour aller voir Napoléon. Il me demande d’arrêter ma voiture et me demande si j’ai fait le con avec Napoléon. Je ne comprends pas. Il me demande alors si j’ai interagi avec Me Delorme au sujet du testament. Je lui dis que non. Nous nous retrouvons ensuite dans la chambre de Napoléon, qui embrasse Joannès mais qui me serre la main. Napoléon sort alors la lettre. Joannès lui explique qu’il a demandé à Germaine, la femme de Napoléon, de faire rédiger cette attestation pour qu’il puisse le représenter au tribunal.

Napoléon Bullukian se rend-il compte de sa méprise ?
Napoléon se rend compte que cette lettre n’a en rien été rédigée pour faire modifier son testament. Je me jette alors dans ses bras. Napoléon se met à pleurer et me demande pardon. Il voulait faire le nécessaire pour me remettre comme exécuteur testamentaire, mais comme il souhaitait faire le musée Bullukian dans le 8e, il ne voulait pas que je sois à la fois juge et partie. J’avais pourtant assisté avec le bâtonnier Perrault, avec Joannès Ambre et  avec le Pr. Marion à la rédaction de son testament et tout le monde savait que j’étais son exécuteur testamentaire. Lors de l’ouverture de son testament, après sa mort, un grand silence plombe l’ambiance dans l’étude de Me Delorme. Il m’a demandé de rester à la lecture, quitte à en prendre la responsabilité. Son neveu Georges Bullukian n’était pas couché sur le testament. Quinze ans se passent. Je suis convoqué par la gendarmerie de Limonest. Une plainte avait été déposée contre moi par Georges Bullukian, qui estimait  que j’étais à l’origine de son éviction testamentaire car il pensait que j’avais tenté d’en modifier le contenu.

Vous n’avez jamais caché votre appartenance à la Franc-Maçonnerie. Que pensez-vous des dérives affairistes dans certaines loges, qui font parfois les gros titres de la presse ?
Dans toute association, y compris maçonnique, il y a des purs et des impurs. Des difficultés dans leur vie profane peuvent les mettre en difficulté. Ils essaient alors de se servir malhonnêtement de la franc-maçonnerie pour tenter de remonter la pente. Il y a des gens qui deviennent malhonnêtes pour sauver le train de vie de leur famille ou leur carte de visite et qui entrainent leurs frères dans des opérations de solidarité. Franc-maçon ou non, il y a une quantité d’associations qui peuvent déplorer le comportement répréhensible de certains de leurs membres.

batailly 4Gérard Collomb a placé certains frères à des postes clés. Lyon est-elle tenue par les francs-maçons comme on l’entend régulièrement ?
Il n’y a pas plus de francs-maçons à des postes de responsabilité sous Gérard Collomb qu’il y en avait du temps de Pradel. Ce dernier avait quatre conseillers SFIO qui étaient de la maison. Ce n’est pas trahir un secret, ils sont morts tous les quatre. Vous aviez également Joannès Ambre, Vasquez, Vittet qui ont également disparu… La vraie question est de savoir quelle serait leur influence, sur la délivrance, par exemple, d’un permis de construire… Que vous soyez franc-maçon ou pas, il y a de telles dispositions et des tels dispositifs sur le droit du sol, que cela ne servirait pas à grand-chose.

Vous évoquez l’exemple des permis de construire. La construction de l’Hôtel Métropole et les nouvelles extensions attenantes à Lyon Plage refont parler à Lyon…
Mon cher ami, Lyon Plage et son bassin de natation avaient été décrétés zone non-constructible il y a 25 ans. Une famille bien en place l’a racheté et à obtenu d’un adjoint à l’urbanisme que l’on modifie le plan d’occupation des sols. C’est ainsi qu’a été construit l’Hôtel Métropole et que certains élus se sont retrouvés propriétaires de logements de plusieurs centaines de m2 rue Chazay à la Croix-Rousse.

Cette situation était connue de tous ou uniquement des initiés ?
Tout le monde savait. Pierre Mérindol a écrit des livres ravageurs sur les affaires lyonnaises. Mais pas sur celle-là. Il était invité gratuitement au Métropole…

Même Pierre Mérindol aurait été corrompu ?
Mon cher ami, le bénéficiaire de ce permis de construire litigieux vient de faire grâce à la science médiatique locale de belles pages, car il a remporté brillamment le grand prix des Tropéziens de Lyon, place des Lices à St-Tropez. Personne n’a dit dans la presse que ce vainqueur, qui a battu Mr Aulas, a déposé ce permis de construire litigieux.

La justice pourra-t-elle aller jusqu’au bout dans cette affaire et démolir les résidences construites à côté de l’Hôtel Métropole ?
C’est fort possible. Mais quand la justice a étudié ce permis de construire, avant que les grues ne s’installent, pourquoi n’avoir pas tiré la sonnette d’alarme ?

batailly 7Le temps des affaires épargne-t-il désormais le personnel politique à Lyon ?
Le personnel politique a changé en qualité et en autonomie d’initiative. Nous avons un réel patron à la tête de la Ville de Lyon, un homme à poigne qui fait tellement bien son boulot que je ne vois pas quels reproches on pourrait lui faire sur une quelconque organisation parallèle de son cabinet.

Mettre la Ville sous coupe réglée, comme du temps de Botton et Noir, est-ce envisageable aujourd’hui ?
Cela me semble impossible. Chat échaudé craint l’eau froide ! Pourquoi vouloir réduire à néant sa propre situation en mettant le doigt dans des affaires douteuses ? Quand on sait que Michel Noir a été un bon maire, qu’il aurait eu vocation à être candidat à la présidence de la République… Il a été mis, un peu par sa faute, au banc de la société car il a laissé faire son gendre alors qu’il aurait du lui botter les fesses. Botton était le mari de l’une de ses filles, hâbleur, homme d’autorité. Il est d’ailleurs venu m’engueuler deux ou trois fois à la mairie du 8e lorsque mes équipes recollaient sur les affiches de Michel Noir ma binette (rires).

Vous avez été élu sans discontinuer pendant 36 ans. Quel regard portez-vous sur les élections municipales qui approchent ?
Cela pourrait me passionner. Mais je pense qu’aujourd’hui, Gérard Collomb est imbattable. Cela ne veut pas dire que dans six ans, cela sera toujours vrai.

Quelles sont les chances de Michel Havard en 2014 ?
Aucune. Même si Michel Havard peut-être considéré comme un pur-sang. En mars 2014, le pur-sang ne pourra rien faire face au bon percheron qu’est Gérard Collomb.

Qui aura votre bulletin de vote en mars 2014 ?
Ce sont des secrets qu’on souhaite garder. Mais je voterai Gérard Collomb. Quand nous avons fait nos noces d’or, je suis allé voir Gérard Collomb. Je lui ai demandé de me remarier à la maire du 8e. J’avais pris comme témoin Michel Mercier. Collomb m’appelle en me disant que le PS a fixé samedi matin un conseil national. Je vous épargne les noms d’oiseaux accompagnant cette initiative. Collomb ne pouvait de fait pas me remarier, mais m’a demandé où nous serions en début d’après-midi. A 14h10, Collomb m’appelle pour me dire qu’il arrive rue Feuillat. Il est arrivé à 14h30. Il est resté jusqu’à 19h, au bordeaux ! Combien auraient fait ça ? L’année prochaine, si Dieu me prête vie, nous allons fêter nos noces de diamant. Je referai alors la même chose en mairie du 8e.

C’est un coup dur pour votre famille politique, vous en êtes conscient ?
A 80 ans, ce n’est pas ma voix qui va porter.

 

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Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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