Vernissage chavirant pour Juliette Récamier

1 avril, 2009 | DERNIERE MINUTE | 1 commentaire

 

01 Veillée funèbre en souvenir de Juliette Récamier – Photo © Fabrice Schiff

 

Par Alain Vollerin 

 

Musée des Beaux-arts de Lyon, un soir de pluie. Courbés sous le poids d'un silence atavique, des couples de vieillards accablés par des décennies de tradition du secret et du retrait défilaient dans ces corridors pédagogiques un peu ennuyeux dont les scénographes et les commissaires d'exposition ont aujourd'hui la maîtrise.

 

02 Après avoir accompli un tour irréprochable, ces fils et petits-fils de fabricants ou de marchands de soie partaient avant que commencent les discours officiels. Là, Georges Képénékian prendrait la parole. Mais quand ? Le temps passait, comme il le fit longtemps sur la belle Juliette. Heureusement, Edouard Herriot lui rendit l'hommage qu'elle méritait. Point de Képé. L'entendre ne pouvait pas les retenir plus longtemps. Le maire était à Ouagadougou. Il y a de quoi rire, ou faire une chanson : « Gégé était à Ouagadougou, Ouagadougou, Ouagadougou. Gégé était à Ouagadougou, Gadougou, dougou, Ouaaaaaaaaaa ! »… Etaient-ils, ces vénérables (il y avait aussi dans cette assemblée des francs-maçons. Comment pouvait-il en être autrement ?) surpris de cet hommage rendu par une municipalité socialiste à l'une des dernières figures de l'Ancien Régime ? Que ne ferait-on pour gagner quelques voix, au nom de l'Humanisme ? Parmi cette foule tentant de se réconcilier avec son passé, j'ai reconnu quelques figures réputées : le peintre Jacques Truphémus de retour de Paris où vient de s'achever son exposition à la galerie Claude Bernard. Nous vîmes là des paysages bouchés et mous. Il était en discussion devant une toile attribuée à Mme Vigée Le Brun avec Jean-Jacques Lerrant, le journaliste en retraite du journal le Progrès qui acheva sa carrière à la Direction des Théâtres au Ministère de la Culture et Marie-Thérèse Bourrat dont la famille de régisseurs rigides laisse dans l'esprit d'anciennes familles du quartier du Tonkin un pénible souvenir. Plus loin, René Gachet, ancien directeur de la Drac était assis, l'air épuisé ; François Bremens, notaire et amateur d'art, frère du fameux commissaire priseur; Jacques Claveranne, président de la Fondation Bullukian; Pierre Moulinier qui fut adjoint à l'urbanisme, un des plus éclairés, avec son épouse; Yves Manet, président de la Société Lyonnaise de Banque récupérée par le CIC, collectionneur singulier; avec son époux Simone Blazy, conservatrice en chef du Musée de Gadagne, heureuse au cœur de cet itinéraire où l'Histoire joue de ses remous et de ses tumultes; Michel Chomarat qui se prend pour Nostradamus, il a raison, comme lui, il vit de ses chimères.

 

03 Un peu plus loin, André Soulier complotait avec Yves-Marie Ulrich, maire d'Ecully et Richard Brumm, adjoint claudiquant aux Finances tandis que Gilles Vesco frayait – avec une brune amazone – en direction des photographes et des sunlights officiels. En partant, j'ai croisé Sylvie Carlier, la pétillante animatrice du Musée Paul Dini ; Alain Bideau, déraisonnable épicurien ainsi que le nouveau directeur de l'Hôtel de la Cour des Loges, Franck Scieffere devisant avec Hervé Thibault, ancien élève de l'Ecole des beaux-arts de Lyon, peintre et décorateur qui n'avait rien apprécié de l'exposition. Il est vrai que les meubles et le substrat de vaisselle armoriée font un peu dépôt après visite d'huissier, et il y en avait dans l'assemblée ainsi que des avocats et des juges. Cette exposition renforce mon point de vue qui est : qu'avec, et après Paris, Lyon est l'une des rares villes de France à témoigner de sa présence tout au long de l'écriture de l'Histoire de l'art. Je n'ai pas boudé mon plaisir devant les bustes réalisés par Chinard, par David d'Angers, par Canova, par Ballanche dont un descendant figura dans le groupe des Nouveaux avec Marc Aynard, Jean-Albert Carlotti, René Chancrin, Jean Couty, etc; devant les peintures de François Gérard, de François Louis Dejuine, de Vigée Le Brun, du baron Gros, devant les études d'Ingres et, jusqu'à la sublime présence de Juliette Récamier (1777-1849) sur son lit de mort, léguée à la postérité par le crayon expressif du romantique Achille Devéria, si bien représenté, comme toute cette école au Musée Fabre de Montpellier. Vous verrez aussi une sculpture parodique de René Magritte qui surprend et déconcerte les visiteurs. La présence de Dominique Dumas et de Gérard Bruyère dans la réalisation, valide le haut intérêt du catalogue, publié chez Hazan, hélas imprimé, chez Mame, sur un papier médiocre et qui contient un texte de Marc Fumaroli  (42€ – interdit aux pauvres – Qu'en pense not'Gégé ? Et, alors, la culture pour tous ?). Il nous faut encore saluer le commissaire de l'exposition, Stéphane Paccoud, conservateur des peintures et sculptures du XIXe et ses assistants pour l'occasion : Gérard Bruyère, Jehanne Lazaj, Sophie Picot-Bocquillon, Salima Hellal, Coline Valdenaire, et n'omettons pas, Sylvie Ramond, conservateur en chef que nous félicitons pour cette initiative chargée de ressenti pour les Lyonnais et les Lyonnaises qui se presseront bientôt pour honorer la belle et délicate Juliette, muse et mécène, souvent malheureuse et incomprise.

 

04

 

Jusqu'au 29 juin 2009

« Juliette Récamier – muse et mécène »

Musée des Beaux-Arts de Lyon

20, place des Terreaux – Lyon 1er

Tous les jours sauf mardi et jours fériés

De 10 h à 18 h – vendredi de 10h30 à 18 h.

www.mba-lyon.fr

 

 

 

 

 

1 Commentaire

  1. obs

    Il s’amuse bien Alain, mais pour une fois, ça finit plutôt bien…

    Réponse

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