Ma
drôle de semaine
Semaine
du 19 juin 2000
Lu
avec intérêt le dernier Lyon Mag, toujours aussi intéressant,
même si le coup de la couverture Tapie paraît quelque peu
racoleur. Le fait qu'un journaliste de l'estimable mensuel ait réalisé
enfin son rêve d'enfant : interviewer la coqueluche des médias, ne
justifie pas ces pages louangeuses, sinon pour vendre du papier. De quoi
heurter l'éthique de Brunet-Lecomte, pourtant chatouilleux sur les
principes.
Hormis
ce péché véniel, il y a plein de trucs intéressants à lire dans le
dernier numéro dont le mini supplément sur le 2ème
arrondissement. Avec, s'il vous plaît, une interview de Max Schoendorf.
Pour
ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'un peintre expressionniste
lyonnais (sic), communiste intransigeant dans les années 60 et
notoirement embourgeoisé depuis 20 ans, même s'il ne renie rien de ses
idéologies. Il a d'ailleurs été élu dans le 2ème
arrondissement aux dernières Municipales, après une campagne surréaliste
dans laquelle il se réclamait de la Commune et de Marx.
Bref,
un homme d'avenir.
Notre
peintre, au demeurant talentueux, même s'il n'est pas le génie qu'il
croit être, s'est laissé aller à répéter les sempiternels clichés
sur les "bourgeois d'Ainay". "Un quartier où il ne se
passe rien... peuplé de gens du passé, de gens convenus se reproduisant
à l'identique..."
Ceux
qui connaissent le quartier d'Ainay savent bien qu'on ne trouve plus là
que quelques représentants de bourgeois coincés. Tout au plus une
centaine de familles.
La
grande majorité des habitants est composée de petits commerçants du
quartier, de retraités, de fonctionnaires, de quelques bourgeois de
gauche (publicitaires, journalistes....), de marginaux et de couches
sociales extrêmement modestes (il n'est qu'à lire les statistiques dans
ce même mini supplément). Si vous demandez à la plupart d'entre eux où
se trouve Saint-Martin d'Ainay, ils vous regarderont avec de grands yeux
étonnés, sans rien comprendre à votre question.
Comment
expliquer à notre brillant artiste qu'il ne sort pas assez de son atelier
et de ses schémas mentaux atrophiés ?
Comment
lui expliquer que, lui-même tout de noir vêtu, comme sa caste de
cultureux et de théâtreux uniformisés et subventionnés à la fois,
comment lui dire que lui et les siens sont mille fois plus conformistes
que les bourgeois dont ils parlent et qui n'existent plus aujourd'hui
qu'au registre des fossiles ou des souvenirs ?
Reçu
des invitations de Charles Millon et de Marc Fraysse, l'un
pour un raout je ne sais où, le dernier ayant choisi un improbable
tord-boyaux des bords de Saône. Il est vrai qu'il faut un sacré estomac
pour suivre Marc Fraysse qui, à force de luttes intestines, se retrouve
tel le ténia, bien solitaire. Notre démagogue lyonnais trouvera-t-il
encore quelques naïfs pour l'écouter ? On peut le craindre quand on voit
les sondages concernant Chirac. A croire que nous aimons être pris
pour des gogos.
Au
fait, où ces braves gens (je veux dire Millon et Fraysse) ont-ils dégoté
mon adresse ? Me voilà dans un fichier bien compromettant si Gérard
Collomb prend la mairie...
Parti
en long week-end de Pentecôte du côté de Sidi Ben Saïd où l'on
rencontre tout le people tunisien et où l'on croise dans les palaces 5 étoiles
tout le Sentier (celui qui n'est pas à St-Trop ou à La Baule), un
Sentier aux signes extérieurs de richesse envahissants, qui n'en finit
pas de comparer les prix de revient des pantalons fabriqués au Bengladesh
ou en Tunisie (qui devient chère !) en toute bonne conscience. Ne vous
risquez pas à leur dire que leurs discours tonitruants ont quelque chose
d'odieux, quelque chose qui ressemble à de l'exploitation de la pauvreté.
Les plus doux ne comprendront rien à votre remarque, les plus impulsifs
vous casseront la figure.
Bon,
je m'emporte, je m'emporte, mais ce n'est pas de ça dont je voulais vous
parler.
J'ai
eu la chance de me retrouver à Satolas en pleine animation saint-exupérienne
(pour ceux qui ne suivent pas, l'aéroport va prendre le nom du père du
Petit Prince). Eh bien, ma chère, ça vaut le coup d'y aller (pour info,
le bar du Terminal 1 est toujours aussi crado et les toboggans tombent
toujours en panne) !
L'incontournable
Carole Dufour, qui a inévitablement gagné l'appel d'offres, a eu
une super idée : "Faire faire des dessins par des enfants sur le
thème de Saint-Exupéry". Si, si ! Ça c'est une idée
qu'elle est originale ! Et puis, on a suspendu tous les dessins au
plafond. Si, si ! Ça a une de ces allures ! On se croirait à la fête
de fin d'année de l'école privée d'Anfreville-la-campagne.
Si
tout le reste des manifestations prévues est à l'avenant, je veux être
le premier à féliciter, pour son audace, le Président Malher
(toujours aussi merveilleux, toujours aussi novateur, toujours aussi
ambitieux) qui a choisi avec sa clairvoyance habituelle les meilleurs des
différents projets qui lui avaient été soumis.
A
se demander si le Président de la Chambre de Commerce n'habiterait pas le
2ème arrondissement et si Max Schoendorf ne viserait pas ce
type de notables convenus d'ailleurs.
Auquel
cas Max, toutes mes excuses. Même s'il en reste très peu, il serait bel
et bon que ces "bourgeois" soient privés le plus vite possible
de tout pouvoir. De l'air ! De l'air !
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